Tic. Tac. Tic. Tac.

L’heure tourne, et pourtant, je ne dors pas. À force, ceci est devenu une habitude. Mes paupières sont ouvertes depuis une bonne vingtaine de minutes, et mes pensées sont constamment centrées sur mon séjour ici. Quand vais-je partir ? Il existe autant de chances de me barrer de cette résidence dans deux jours, que dans deux mois. Il m’est impossible de prédire la durée de ce programme de protection des témoins. Ugh. Je souffle longuement dès que je me rends à l’évidence que je vais partir dans longtemps. Fais chier… Les policiers de cette putain de ville sont tous des incompétents ! C’est certain qu’ils ne sont pas prêts de capturer le meurtrier avant un bon bout de temps. De ce fait, mon départ ne risque pas d’être proche… Je vais devoir me coltiner une flic, beaucoup trop joyeuse à mon goût, et sa fille, étant une fouineuse de première !

Génial… notez le sarcasme.

— Devon ? entendis-je soudainement. Tu es réveillé ?

Suite à ça, je me retourne en voyant qu’il s’agit de Pearl. Cette dernière est actuellement appuyée contre l’embrasure de la porte, vêtue d’un jean noir, d’un haut blanc et d’une veste en cuir noir. Une chemise à carreaux rouge et noir se tient sur ses hanches, et un sac de cours est situé sur son dos. Bref. Tout ça pour dire qu’elle ne porte plus son affreux pyjama.

— Qu’est-c’tu veux, putain ?

Bien que mon attitude ne le montre pas, je suis vif d’énergie. En outre, je pète la forme ! Avec une lenteur époustouflante, je me redresse, dévoilant ainsi mes abdominaux parfaitement bien dessinée. Je mets mes cheveux en bataille, sous le regard de Pearl. Malgré ses airs d’indifférence, je sais qu’elle est complètement subjuguée par mon charme sensationnel.

Écoutez, c’est simple. Je suis beau. Même Apollon est jaloux de ma beauté envoûtante ! C’est un fait, une vérité générale. Personne ne peut nier cette flagrante certitude.

— Tu pourrais m’emmener au lycée, s’il te plait ? propose-t-elle, gentiment.

Elle me fixe avec insistance, tandis que je contente de répondre :

— Non.

— Ma voiture n’est pas là ! Du coup, je vais… rétorque-t-elle en hésitant à franchir un pas dans ma chambre.

En fin de compte, elle reste au pied de la porte. Je me lève de mon lit, en remarquant qu’elle s’oblige inévitablement de ne pas succomber à la tentation de contempler mon sublime torse. Tant d’innocence, ew. Ça se voit qu’elle n’y est pas habituée.

— Démerde-toi. Tu n’avais pas qu’à me suivre hier soir.

— Mais… grogne-t-elle pendant que je passe à côté d’elle pour partir dans la salle de bains.

Arrivé près du lavabo, je ne tarde pas à me brosser les dents, et de me laver brièvement le visage. Pendant ce temps, je peux clairement voir le regard noir presque meurtrier de Pearl étant reflété sur le miroir se situant face à moi. Lorsque je finis ma routine matinale, je prends possession d’une serviette pour m’essuyer mon visage. Après ça, mes pupilles s’arrêtent sur ses putains d’yeux bleus. Bien que ça soit difficile à admettre, ceci me déstabilise légèrement.

— Arrête de me regarder, dis-je brusquement.

— Pourquoi ? Ça te rend mal à l’aise, n’est-ce pas, hein ? dit-elle, fière d’elle.

— Nan, c’est juste que tu ressembles à une psychopathe.

Et encore une fois, elle me regarde d’une manière indescriptible. C’est comme si elle venait d’inventer dans sa tête ma mort ou un truc dans l’genre. Croyez-moi, si un regard pouvait tuer, je serais mort depuis bien longtemps. Ça fait à peine un jour que l’on se connaît ; et j’ai l’impression que je suis la personne qu’elle déteste le plus au monde. Sachez que même si ça ne se voit pas, j’aime bien cette fille ! Du moins, je crois. Je ne saurais dire si cette dernière m’énerve, ou m’intrigue. C’est assez confus dans ma tête.

— Ahah, très drôle, souffle-t-elle sans grande conviction, avant de changer complètement de sujet. Allez, faut que tu m’emmènes au lycée ! J’ai pas envie d’être en retard !

— La flemme ! Demande à ta mère. Fais-moi pas chier là ! riposté-je en posant ma serviette par terre.

— Si elle était là, je ne serais pas en train de te parler, bruh ! dit-elle en roulant des yeux. (Mais, elle se prend pour qui pour rouler des yeux devant moi ? BORDEL DE MERDE ! Je suis DEVON. AAAH !) Si tu m’emmènes, je t’aiderai à fuir ce soir, continue-t-elle d’un ton convaincant.

— Je n’ai pas besoin de ton aide pour me barrer d’ici. Je peux très bien le faire seul.

— Ma mère sera de garde, alors tu n’as aucune chance de partir sans être remarqué. N’oublie pas que c’est une lieutenant de police ! informe-t-elle.

Ah, ça. Par contre, je n’y ai pas pensé. Peut-être devrais-je accepter ? Je n’en sais rien. D’habitude, je ne me résigne jamais à une aide. Tout simplement, car je préfère être seul, ainsi que dépendant de moi-même. J’hésite quelques secondes. Des débats s’installent dans mon esprit tandis que je liste les pour et les contre. Finalement, je me rallie à son soutien.

— J’accepte.

— Génial ! s’écrie-t-elle en sautillant brièvement. Dépêche-toi, on part dans dix minutes !

Moi… me dépêcher ? Laisse-moi rire. C’est avec une lenteur époustouflante que je me dirige dans ma chambre afin de m’habiller simplement. Alors que j’ai fini de me préparer, je m’assois sur le rebord de mon lit pour regarder les messages que j’ai reçus cette nuit. 5 messages, et 8 appels manqués. Tous venaient de Kendall.

Petite-amie n°1 – 20:18 | Hey ! T’es où, mon bb ?

Je pense qu’il est pertinent de dire que j’ai plusieurs copines. Mais bon, on va dire que la principale petite-amie est Kendall – parce qu’elle est bonne ; tout est dit. Bien que la deuxième, c’est-à-dire, Selena, n’est pas plus mal non-plus.

| Petite-amie n°1 – 21:03 | DEVOOOON ! Je te cherche de partout, où t’es ? 🙁

| Petite-amie n°1 – 21:32 | C’EST QUI CETTE GARCE ? POURQUOI ELLE EST MONTÉE SUR TA MOTO ? RÉPONDS-MOI !

| Petite-amie n°1 – 21:33 | JE VAIS LA TUER ! FAUT QU’ON PARLE.

| Petite-amie n°1  22:59 | Tu me manques ! On doit vraiment se voir, toi et moi. Je stresse comme une folle ! Pourquoi tu ne réponds pas à mes appels ? J’ai besoin de toi ! Tu es tout pour moi, Devon. LOVE U.

Je soupire longuement, avant de pianoter sur l’écran de mon portable.

| Moi – 8:21| Ok.

Et là, j’éteins mon cellulaire. Il est probablement inutile de le rappeler, mais je vais tout de même le faire ; ouais, je suis un connard. Ceci est plus fort que moi. C’est dans mes gênes depuis toujours ! Même mon père était un Bad Boy, d’après ma tante. Donc, j’imagine que c’est une affaire de famille. La gent masculine des Maxwell sont tous des salopards.

— DEVON ! Grouille-toi, putain ! On est en retard, hurle Pearl en montant les escaliers. Si tu n’ouvres pas cette porte, je te jure que je vais la défoncer.

— Tu n’oserais pas.

— Je vais me gêner, ouais ! fit-elle brusquement. Dans trois… deux…

D’un geste ferme, j’ouvre la porte en remarquant qu’elle se dirige droit devant moi. En fin de compte, oui. Elle était réellement sérieuse…

— UN !

C’est alors que je tombe à la renverse, encore une fois. Pourquoi faut-il toujours que l’on soit dans une position aussi bizarre ? Ça ne peut quand même pas être une coïncidence ! Cette fille craque assurément pour moi, c’est la seule raison qui m’est plausible. Ah… c’est dur la vie lorsque l’on est beau. Nous sommes souvent contraints de subir ce type de marque d’affection venant des admirateurs hystériques.

— Bon, j’vais te le dire clairement, commencé-je sérieusement. Je sais que je suis irrésistible, et tu es folle de moi. Mais, toi et moi, c’est impossible. Tu n’es pas mon genre de fille.

Ses yeux s’écarquillent immédiatement. Pauvre créature, j’ai probablement brisé son cœur. Ça doit être horrible de se faire rejeter ainsi, mais bon… C’est la vie, hein. Bien qu’elle soit physiquement plutôt jolie, sa personnalité ne me convient pas. Elle est beaucoup trop coincée comme meuf.

— Déjà, de un, ferme ta gueule ! s’énerve-t-elle. Et de deux, je ne t’aime pas ! Tu n’es pas mon genre de garçon non-plus. Je préfère les hommes virils qui ne crient pas comme une mauviette en voyant un rat.

Ne pas l’étrangler, Devon. NE PAS L’ÉTRANGLER ! 

Je roule afin de me retrouver au-dessus d’elle, dans le but d’avoir une position de supériorité. Ma mâchoire est contractée, et mes poings sont fermés ; tandis que mes yeux foudroient les siens. JE SUIS UNE HOMME VIRIL, MERDE !

— Fais attention à ce que tu dis, Pearl.

— Sinon, quoi ? riposte-t-elle en me fusillant du regard. Tu vas me tuer ? Laisse-moi rire. Ce n’est pas avec des coups de poing que tu pourras m’atteindre. Je ne suis pas aussi faible que tu ne le crois, Devon.

Soudain, une idée farfelue me vint en tête. C’est un classique des Bad Boys ; jouer avec les sentiments. C’est pire que de la torture, croyez-moi. Et c’est bien plus amusant. Je le faisais souvent dans mes années lycéennes ; de ce fait, je suis plutôt expérimenté en la matière.

— Je peux te faire du mal sans même devoir me battre contre toi, tu sais ça ? 

— Hein ?

Elle ne comprend visiblement pas mes sous-entendus. Dois-je être plus concret, dans ce cas ? J’approche lentement mon visage, tandis qu’elle m’observe avec incompréhension. C’est alors que je peux distinctement entendre les battements de son cœur s’étant accéléré. Mon souffle s’écrase sur ses joues, et nos corps s’effleurent légèrement, provoquant le stress de Pearl. Lorsqu’elle réalise ce que je m’apprête à faire, celle-ci se dégage brutalement de mon emprise pour pouvoir se lever. Pendant ce temps, je souris et me lève à mon tour.

— MAIS, T’ES COMPLÈTEMENT MALADE ! crie-t-elle.

— Tu as vraiment cru que j’allais t’embrasser, toi ? Pathétique... dis-je simplement. Si tu oses m’énerver, ne serait-ce qu’une nouvelle fois, je te détruirais.

— Comment ça ? ajoute-elle en fronçant les sourcils.

À cet instant, je m’avance dangereusement d’elle en gardant mon sourire mesquin sur les lèvres. Ma tête se penche vers son oreille afin de lui susurrer les paroles suivantes :

— Tu tomberas, Pearl. Je peux t’en faire le serment. Il suffit que tu me provoques, encore une fois, et tu seras piégée à m’aimer éperdument. Un amour à sens unique, bien évidemment, dis-je avant de continuer. Tu peux le nier autant que tu veux, je n’en ai rien à faire. Tu m’aimeras, moi, Devon. D’une manière si malsaine qu’il te détruira. Tout simplement, car, je ne te dirais jamais je t’aime… Alors, si tu veux éviter tout ça, je te conseille de ne pas me sous-estimer. Est-ce que c’est clair ?

Je recule d’un pas en remarquant que mes propos ne l’ont pas laissé indifférente. Elle me fixe intensément avant de souffler. Espérons que cette mise en garde fonctionne ! J’en ai marre d’être traité comme une personne normale.

— On peut y aller maintenant ? demande-t-elle en s’orientant vers la porte.

Bien qu’elle ne le montre pas ouvertement, je sais pertinemment que mes paroles l’ont bouleversé. Ça marche à tous les coups ! Mon sex-appeal y est pour quelque chose.

— Ouais, répondis-je.

C’est sûr des pensées plus ou moins positives que l’on se dirige vers l’extérieur de la demeure. La journée vient à peine de commencer que je pense déjà à mon combat de boxe de ce soir… ça va être génial !

✽✽✽

— Chut, elle va nous entendre ! chuchote Pearl, doucement, en faisant référence à sa mère.

— Mais, non. Elle est endormie sur le canapé du salon, même si les murs sont fins, c’est impossible qu’elle puisse savoir que je m’apprête à me barrer d’ici.

— Ouais… Tu as peut-être raison, fit-elle avant de s’asseoir sur le rebord de la fenêtre. Regarde et apprends !

C’est alors qu’elle saute pour atterrir sur les tuiles, par la suite, elle marche telle une agente secrète vers les extrémités du toit. Quand tout à coup, elle s’élance sur l’arbre, afin d’atteindre la terre ferme. Et ce, dans le plus grand des calmes. Donc. C’est à mon tour. Je me place sur les tuiles, mais par manque de bol, celles-ci sont mouillées. De ce fait, il m’est difficile de ne pas tomber. Je me mets alors accroupi pour pouvoir avancer, malgré tout, je suis aussi lent qu’un escargot. Mais, comment cette fille a fait pour ne pas se manger ces putains de tuiles dans la gueule ? C’est scientifiquement impossible de garder son équilibre sur ça ! Arrivé à proximité de l’arbre, je me lève tant bien que mal et saute sans plus attendre. Et là, pour une raison énigmatique, je suis au sol. Pearl se précipite vers moi en se retenant de rire.

— Toi, tu te tais.

— Oh, ça va ! Je n’ai encore rien dit, dit-elle pendant que je me lève.

— Même, je m’en fous.

Par la suite, je balaye les particules de saletés s’étant déposées sur mes vêtements. Saletés d’Hopkins ! J’aurai préféré partir par la porte d’entrée à la place d’exercer le plan désastreux de Pearl. Enfin, bon. Au moins, ça a marché.

— Faut qu’on y aille avant qu’elle ne découvre qu’on n’est pas là, dit Pearl en regardant les alentours.

— Comment ça « on » ? 

— Je dois récupérer ma voiture là-bas, dit-elle comme si cela était une évidence. Je ne vais pas rester si c’est ce que tu crois ! Dès que je trouve mon véhicule, je pars. Je te le promets !

J’hésite. Si je ne l’emmène pas, il va falloir que je la ramène dans son bahut tous les matins. Or, ceci n’est pas concevable ! Déjà que quand je l’ai déposé devant le portail de son école, quelques fans m’ont accosté, hors de question que ça recommence. Je n’aime pas parler à des merdeux. D’ailleurs, j’ai failli en écraser quelques-uns.

— D’accord.

Alors que l’on s’oriente vers ma moto, un raclement de gorge retentit. Face à nous se tient la lieutenante Hopkins.