Épisode 32 – First Kiss
L’alarme de mon réveil retentit, soudainement. De ce fait, j’ouvre mes paupières malgré l’assaut de lumière étant presque aveuglant. C’est à cet instant que je découvre, à mon plus grand étonnement, que ma tête est appuyée contre le torse de Wayne. Oh mon dieu. Je me redresse délicatement en remarquant qu’il est toujours endormi. Je prends soin d’éteindre mon réveil, toujours autant choqué de le voir ici, dans mon lit. Je n’avais pas réalisé l’importance de sa présence à mes côtés, hier soir. Mince, alors ! Je viens de dormir avec Wayne Perkins. Et pour être honnête, c’était plutôt plaisant… Ah ! Je dois arrêter avec ces pensées inadéquates.
Je sors du lit en évitant de faire un quelconque geste brusque, afin d’éviter de le réveiller. Je ne peux pas m’empêcher de scruter chaque détail de son visage. Il est égalable à un ange tombé du ciel. Un ange diabolique – par ailleurs. C’est vraiment flippant de regarder quelqu’un pendant son sommeil. Je dois arrêter, et maintenant ! Par la suite, je me dirige dans la salle de bains pour me laver les dents, lisser mes cheveux et nettoyer mon visage pour pouvoir me maquiller. Me voilà pratiquement prête ! Il ne me reste plus qu’à enfiler des vêtements présentables et de préparer mes affaires de cours puisque je n’ai pas eu le temps de le faire, la veille.
Je me dirige dans ma chambre, constatant que Wayne ne s’est toujours pas réveillé. Désormais, je ne peux voir que son dos dénudé.
Si je ne le réveille pas, il va certainement arriver en retard pour les cours. J’hésite. Que dois-je faire ? Et puis, zut. De toute manière, il n’a pas d’affaire de cours. Donc, dans tous les cas, il arrivera en retard. Je m’oriente vers mon placard à vêtements et saisis un jean noir semblable à un leggings, ainsi qu’un tee-shirt blanc et une veste rouge bordeaux. Je vais à nouveau dans la salle de bains pour enfiler mes vêtements, et m’avance jusqu’à ma chambre. Wayne est désormais réveillé. Il est assis sur le rebord du lit, les cheveux en bataille. Ce look négligé lui va à merveille.
— Tu commences les cours à quelle heure ? J’interroge tout en plaçant mes cahiers de cours dans mon sac.
— Huit heures, j’crois. Répondit-il en se levant pour enfiler son tee-shirt suivi de sa veste.
Quelle tête en l’air ! Il n’est même pas sûr de son emploi du temps. Je porte mon cartable sur mon dos et enfouis mon portable dans la poche de mon jean.
— Il est 7:30, j’te rappelle. J’annonce en saisissant mes clefs se tenant sur ma table de chevet. Et puis, comment tu vas faire sans tes affaires de cours ? Pendant ce temps, il met ses cheveux en ordre.
— Oh, ça. Je vais rentrer chez moi pour les prendre. Répondit-il en s’orientant vers moi. Je viendrais en cours vers dix heures, ou plus tard.
J’acquiesce. Alors que je m’apprête à franchir un pas hors de la chambre, Wayne m’interrompit en me prenant le bras. Sourcils froncés, je me tourne vers lui, intriguée par son geste. La distance entre nous n’est pas correcte. Par conséquent, je recule d’un pas. Ma réaction provoque l’apparition d’un sourire mesquin sur ses fines lèvres. Mon pouls s’affole à une vitesse affolante. C’est dans ces moments-là que j’aimerais pouvoir lire dans ses pensées. Qu’est-ce qu’il fait ? Il place délicatement ses mains sur mon visage.
— Tu…
Et là, il pose ces lèvres humides sur les miennes. Ce n’est pas un effleurement, cette fois-ci. Je rêve. Ceci ne peut pas être réel. Non. C’est impossible. Je suis perchée dans un état demeurant entre la confusion et la joie. Mes émotions sont mitigées, opposées, contradictoires. Je n’arrive pas à y croire. Ce contact provoque des milliers de frissons se propageant dans tout le long de corps. Un sentiment agréable me submerge. Cette douceur irréprochable est invraisemblable. Je suis réticente au début, mais finis par succomber à cause de la tentation. Nos langues s’effleurent dans un rythme endiablé. Un baiser doux. Tout simplement, exquis. À bout de souffle, nos visages s’éloignent. Je suis restée sidérée. Il vient de m’embrasser. Lui. Wayne Perkins.
— Je n’avais pas l’occasion de le faire, samedi dernier. Dit-il, d’un ton amusé.
Il va me rendre folle, c’est sûr. Alors qu’il rit, j’ai l’impression d’être paralysée. Je n’ai toujours pas réalisé l’ampleur de la situation. Merde, alors. J’ai embrassé Wayne ! Celui dont je suis censée fuir, et qui est redouté par tous. Je suis sous le choc. C’est plutôt compréhensible puisque ça a été mon premier baiser.
— Dépêche-toi d’y aller. Tu vas arriver en retard, Early.
Son éternel sourire enjôleur honore son visage. Merde. Je pense que je tombe peu à peu pour lui… Bien que je sois consciente que les conséquences seront irréversibles, je n’arrive pas à y remédier. Je sais pertinemment que Wayne est dangereux. Et pourtant, je ne peux pas m’empêcher de le trouver diablement séduisant. Mon attirance à son égard est si irrationnelle et paradoxale. Impossible que je puisse m’en détacher. Il n’existe plus échappatoire. Je suis tout simplement, piégée.
✽✽✽
Cette semaine a été riche en rebondissements. Et c’est peu de le dire. Tout d’abord, Levi et Tyler se sont retrouvés partenaires lors d’un exposé en histoire. Par conséquent, la communication entre eux a été obligatoire. Ce qui par ailleurs, est un très bon point. De plus, mon amitié avec Levi s’est renforcée. Je lui dis tout, vice-versa. C’est ainsi que j’ai su qu’elle avait un penchant pour Tyler. Mais, bon. Ça, je m’en doutais donc, ça n’a pas vraiment été un choc. Pour ce qui concerne les gars, je les adore ! Par contre, je ne leur dirais jamais en face. Ceci pourrait flatter leurs égos surdimensionnés. Ils sont tellement narcissiques. J’oubliais : Phoenix a avoué être gay tandis qu’Ian et Jayce ont décidé de nous présenter leurs petites amies – d’ailleurs, elles sont très sympathiques. Bref.
Depuis que l’altercation avec Brendon, celui-ci n’ose même plus me regarder. Et, c’est bien mieux ainsi. Malgré tout, Wayne vient tous les soirs dans ma demeure pour soi-disant : assurer ma sécurité. Au moins, comme ça, Brendon ne risque pas de venir me rendre visite. C’est rassurant. Puis, vient le tour du sujet tant redouté : The Wanted. Personne ne se doute que ce soit moi – hormis Levi, bien évidemment. Tout se passe à merveille. En dépit de Heather, étant toujours suspectée. Heureusement pour elle, d’autres filles ont été soupçonnées d’être The Wanted dont Ashlyn, une jolie rousse, correspondant à l’une des admiratrices de Wayne.
— Early, tu viens ? Interroge Levi en rangeant ces affaires de cours dans son sac.
Je me lève de ma chaise et place mon sac sur le dos. La sonnerie venait de retentir, signalant ainsi la fin des cours de la semaine. Je vais pouvoir me reposer devant mon feuilleton préféré, avec un bol de pop-corn entre les mains. Je salue les gars, et m’oriente vers la sortie, accompagnée de Levi.
— Tu n’as toujours pas rendu visite à ton père ? Demande-t-elle, intriguée.
— À quoi bon. Il ne veut pas m’écouter quand je lui dis que j’ai des chances de mourir, et persiste sans arrêt à rester ici. Je ne suis pas d’humeur à le voir après m’être fait jeter de sa chambre par un infirmier… Je le verrais à sa sortie d’hôpital, de toute façon. Je réponds avant de souffler profondément.
— Je vois… Quand va-t-il pouvoir partir de l’hôpital ?
— Dans une ou deux semaines. Je me souviens juste qu’il avait plusieurs côtes brisées et qu’il risquait de rester un moment. J’affirme, désormais à quelque pas de ma voiture.
— Ah d’accord. Dit-elle. Bon, on se voit à lundi ! Fais attention à toi.
C’est sûr ces mots que nos chemins se séparent. J’entre dans ma voiture avant de démarrer le moteur. Comme d’habitude. Quand tout à coup, quelqu’un se redresse sur la banquette arrière. J’ai failli faire une crise cardiaque ! Je crie et appuie immédiatement sur la pédale de frein afin de me retourner. C’est Heather.
— Putain, ne refais plus jamais ça ! Je hurle en mettant ma main sur ma poitrine, mon cœur bat extrêmement vite.
— J’ai besoin de ton aide, Early.
Heather semble effrayer. Je continue ma route jusqu’à ma maison, tout en restant attentif à ses paroles. Que se passe-t-il ?
— Je t’écoute. Ma voix est calme contrairement à la sienne.
Sa respiration est haletante.
— Une personne me suit. J-J’ignore qui c’est… Il est toujours là. Dit-elle en sanglotant, manifestement terrorisée. Aide-moi, je t’en prie.
— Tout d’abord, respire calmement. On va venir chez moi, d’accord ? Je propose en regardant brièvement sur le rétroviseur. Elle acquiesce.
Arrivée à destination, je sors du véhicule afin de m’orienter vers la porte d’entrée. J’ouvre à l’aide d’une clé, et fais signe à Heather d’approcher. Celle-ci prend le temps de regarder de gauche à droite, telle une paranoïaque. Son état est plutôt inquiétant. Elle devrait se reposer. Peut-être que ça diminuerait son anxiété, qui sait ?
— Je vais te chercher un verre d’eau, n’hésite pas à t’installer sur le canapé. Fais comme chez toi. Je déclare avant de m’orienter dans la cuisine.
Je saisis un verre afin de pouvoir de verser de l’eau à l’intérieur. J’espère que ceci pourra la calmer bien que je doute que boire de l’eau puisse effacer ses problèmes. Peu importe. C’est l’intention qui compte, n’est-ce pas ? Je reviens dans le salon remarquant que Heather regarde attentivement une photo, sourire aux lèvres.
— Ta mère est très jolie. Dit-elle en me montrant la photo.
Je n’ai jamais vu cette image, auparavant. Elle a été prise après ma naissance. Ma mère est sur son lit d’hôpital, et me tient dans ses bras. Malgré ses cernes, étant un signe de fatigue, elle est radieuse. Son apparence est fidèle aux descriptions de mon père. Mais, quelque chose ne va pas. Ma mère est censée être morte lors de ma naissance. Or, dans cette photo, je suis âgée de plusieurs semaines. C’est à moment-là que je réalise que mon père m’a menti. Elle n’est pas morte en me donnant la vie. Donc, il se pourrait qu’elle soit toujours en vivant. Mon intuition me dit qu’elle est là, à UnderGlade. Ceci pourrait être la raison pour lequel mon père souhaite tant rester dans cette ville. Le verre glisse de mes mains et fini par tomber sur le sol, l’objet se brise en plusieurs morceaux tandis que je reste figer face à cette révélation : ma mère est peut-être encore en vie. Bordel de merde.
Par simple intuition, je décide de tourner la photographie constatant la présence d’écrits : photo prise par Keidge Woods. Qui est-ce ? Heather approche sa tête vers moi afin de lire cette phrase qui m’est énigmatique.
— J’ai déjà entendu parler de ce Keidge ! Il est réputé pour faire tous les soirs, des courses de voitures illégales dans le quatrième arrondissement d’UnderGlade. A-t-elle rétorqué, visiblement sûre d’elle.
— Dans ce cas, on ira là-bas, ce soir.
Je compte bien trouver ce mystérieux Keidge pour obtenir les réponses de quelques questions étant restées en suspens depuis tant d’années.