Épisode 31 – Agression inattendue
Il marche dangereusement à mon égard, tandis que je suis pétrifiée de peur. Ma respiration s’arrête brusquement lorsque j’aperçois le visage de l’inconnu. C’est le choc. Je n’arrive pas à y croire. Ceci ne peut pas être réel, c’est impossible. Que fait Brendon ici, dans ma chambre ? Je recule d’un pas, effrayée par ses intentions. Ce type est tout sauf bienveillant. Je dois absolument partir avant que ça ne soit trop tard. Mon corps tremble. Je n’ai jamais été autant épouvanté, auparavant. Brendon me terrifie à tel point que je ne suis plus capable de respirer régulièrement. Que va-t-il me faire ? Personne n’est là pour m’aider. Fais chier.
— Pour-pourquoi… es-tu là ? J’interroge en bégayant.
Il rit d’une manière si… malsaine. Ça ne présage rien de bon.
— J’ai appris que Wayne et toi aviez conclu à un accord. Sa voix est étonnamment calme. Or, le fait qu’il arrête ses recherches pour retrouver cette salope, pendant deux semaines : je ne suis absolument pas d’accord.
Brendon est désormais à quelque centimètre de moi. Je peux percevoir son souffle chaud s’écraser sur ma joue, par ailleurs, ce dernier sent l’alcool. Ugh. Il est ivre. La suite des événements s’annonce vraiment mal pour moi. Je recule pour l’énième fois, mais c’est à moment que je me rends compte que mon dos touche le mur. Je ne peux plus m’éloigner de lui. Il ne manquait plus que ça, bordel.
— J-Je…
À mon plus grand étonnement, il saisit fermement mon cou entre ses doigts. J’essaye de détacher son emprise, en vain. Je suis à la pointe des pieds, le souffle saccadé.
— Dis-moi quel est le nom de The Wanted, qu’on en finisse !
La colère peut se voir dans ses yeux. Il est menaçant. Étant donné les circonstances, je ne peux évidemment pas donner la réponse qu’il souhaite. Par conséquent, je hoche négativement de la tête. Et là, son regard s’assombrit. Il serre davantage ses mains autour de mon cou, manifestement furieux. Il me fait réellement mal. J’arrive à peine à respirer. Il m’étrangle, et je ne peux rien faire. Si ça continue, je vais certainement mourir. Soudain, il me lâche vulgairement, sans entreprendre la moindre délicatesse.
— Dans ce cas, je n’ai plus le choix que de jouer à la manière forte. Un sourire mesquin honore son visage pendant que je tente de reprendre une respiration approximativement normale.
Sans que je m’y attende, il me donne un coup-de-poing dans l’abdomen. Je me cambre, suite à cette attaque d’une violence alarmante. Puis, il frappe soudainement sur ma tempe. Par pur réflexe, je touche à l’aide de ma main la zone blessée. Oh mon dieu. Je saigne. Je n’eus le temps de réaliser la gravité de ses coups qu’il me donne un coup-de-poing consécutif, mais cette fois-ci, en pleine face. Le sang gicle, et son sourire s’élargit. C’est un monstre.
Ensuite, je me précipite hors de la chambre et m’oriente en grandes enjambées dans les escaliers. Je me dirige dans le salon, puis dans la salle à manger. Malheureusement pour moi, Brendon me rattrape. Nous sommes désormais dans la cuisine, aux deux extrémités d’une table. Je saisis un sac de farine se tenant à proximité de moi, et projette le contenu sur le visage de Brendon afin de brouiller sa vue. Je fouille de toute allure dans un tiroir et m’équipe du premier objet à ma portée avant de quitter la cuisine. Je passe devant la porte d’entrée, et catastrophe, celle-ci est fermée à clé. Merde, merde, merde ! Je monte à l’étage, dans le but de m’enfermer dans la salle de bains. C’est la seule solution que j’ai trouvée. Comme prévu, j’entre dans la pièce et me dépêche de fermer la porte. Mon cœur bat anormalement vite. Je m’adosse contre le mur, épuisée et constate que je tiens une cuillère en main. Quelle idiote ! J’aurais préféré avoir un couteau.
Une personne frappe violemment contre la porte. Brendon. Je me recroqueville sur moi-même en essayant d’ignorer les menaces qu’il hurle à mon insu. Je pose ma tête sur le haut de mes genoux, des larmes menacent de couler. Zut, à la fin ! Ça ne sert à rien de pleurer dans une telle situation.
— Je vais te tuer, p’tite garce !
Il percute à nouveau son corps sur la porte provoquant un bruit angoissant. Puisque cette maison n’est pas vraiment neuve, je doute que la porte reste en place indéfiniment. Ce n’est plus qu’une question de temps. C’est un cauchemar. Je veux rentrer chez moi, à Bloomsworth. Je déteste cette ville. Mon cœur rate un bond dès que Brendon heurte la porte. Il va me massacrer, c’est sûr. Et, je ne suis pas en mesure de l’en empêcher vu qu’il détient une force phénoménale. Je suis faible, ainsi qu’incapable de me défendre face à lui. Tout ce dont je sais faire est de provoquer. Il m’est impossible de battre Brendon.
— Ouvre-moi cette putain de porte ! Il crie, encore et encore.
Que dois-je faire ? Je lève la tête, remarquant que ses coups sont de plus en plus violents. Plus les minutes passent, plus il s’énerve. Donc, pour faire court, je suis foutue. Saleté d’esprit pessimiste !
— Tu vas souffrir… Marmonne-t-il, sa voix est suffisamment audible pour que je l’entende.
Il est vraiment sérieux en disant cela. C’est ça, le pire. Je reste immobile, le regard rivé sur la porte qui risque de s’ouvrir de façon imminente. Et là, étrangement, les coups se sont arrêtés. Que se passe-t-il ? Je fronce les sourcils en signe incompréhension. Je me lève, intriguée d’entendre une seconde voix. Ce n’est pas celle de Brendon. Leur ton est élevé, les deux individus se disputent. Je suis dans l’ignorance absolue. J’attends plusieurs minutes. Tout à coup, une personne toque à la porte. Hein ?
— Early ? C’est moi, Wayne.
Je passe la main dans les cheveux, complètement perdue. Je suis à la fois soulagée, et confuse. Que fait-il ici ? Je n’y comprends rien ! C’est lui qui a envoyé Brendon pour obtenir des informations, non ? Je pose mon dos contre la porte, un flot de questions me tourmentent l’esprit.
— Brendon est parti, ne t’inquiète pas… Laisse-moi entrer. Annonce-t-il d’une voix calme et posée. Je ne te ferais rien.
Il semble sincère. J’inspire profondément. Tous ces événements se sont passés si vite, je suis encore chamboulée. Que ce soit physiquement ou mentalement. J’ouvre la porte laissant découvrir Wayne, debout face à moi. Il est réellement là. Ce maudit cauchemar s’achève finalement. Rien qu’en pensant aux actions précédentes, mes larmes menacent de s’écouler. Ce n’est pas vrai, ça recommence ! Wayne encercle ses bras autour de moi. Un geste étant du moins inattendu. Je me trouve à cet instant, devant son torse. Son parfum enivrant parvient jusqu’à mes voies nasales. Un réconfortant sentiment de chaleur me submerge. Le temps semble s’être arrêté, je me sens si bien dans ses bras.
— Je suis désolé… Chuchote-t-il.
On se détache l’un de l’autre, bien que j’aurai préféré profiter davantage de ce moment. Normalement, ce serait à moi de m’excuser et pas lui. Je suis la seule fautive, ici. Son regard est rivé sur mes blessures, je passe ma main sur ma tempe en remarquant que je saigne toujours autant. Je souffle. Il ne m’a pas raté ce crétin de Brendon, maudit soit-il.
— Tu n’aurais pas un désinfectant, du coton et des pansements ? Demande-t-il.
Je devine immédiatement ses intentions. Je hoche positivement de la tête et ne tarde pas à me diriger vers le placard de la salle de bains pour y sortir un sac contenant tous les ustensiles nécessaires en cas de blessure. J’ouvre la fermeture tandis que Wayne entre dans la pièce. Il me devance en saisissant le flacon de désinfectant et une poignée de coton.
— Je gère, t’inquiète. Assois-toi quelque part. Dit-il, je me contente d’acquiescer.
Le problème, c’est que je n’ai nulle part pour m’asseoir. Lorsque Wayne finit d’imbiber le coton de désinfectant, il se tourne vers moi. Mes pupilles croisent ces iris verts. Ils sont tellement beaux. Je me noie dans la fascination, comme si sa beauté est ensorcelante. Ressaisis-toi, Early !
— Je n’ai pas de chaise pour… Je n’eus le temps de finir ma phrase qu’il me soulève afin de me déposer sur l’armoire.
Un sourire se dessine sur ses lèvres. Mon cœur, bordel. Wayne tamponne doucement le coton sur la plaie, provoquant des grimaces de ma part. Ça pique ! Par la suite, il recouvre mes blessures avec un pansement, jette le coton et range le désinfectant dans le sac.
— Ça y est. J’ai fini. Déclare-t-il.
— Merci.
On sort de la salle de bains, et déambule dans le corridor. Je m’arrête face à lui, déterminée à obtenir quelque réponse.
— Comment es-tu rentré ici, et comment as-tu su que Brendon était là, au juste ? Je demande, avec hésitation.
— Par la fenêtre. Et pour la deuxième question, honnêtement, je ne m’attendais pas à le voir ici. C’est juste une coïncidence. Il répond en mettant ses mains dans les poches de sa veste.
Attendez. Si ce n’est pas pour Brendon qu’il est venu, dans ce cas, pourquoi est-il là ? Je hausse un sourcil, surprise d’entendre une telle réponse de sa part. Ce n’est vraiment pas normal de venir chez quelqu’un, à cette heure-ci, surtout si l’on ne prévient pas à l’avance de son arrivée.
— Je voulais discuter de ce qui s’était passé lors de la fête… Continue Wayne ayant certainement deviné la raison de mon expression.
C’est donc pour ça ! Il n’a pas oublié. Mais d’un côté, il aurait pu venir le lendemain de la fête, c’est-à-dire, dimanche. Cela aurait été bien plus judicieux. Peu importe. J’imagine qu’il a d’autres choses à faire, bien plus intéressant.
— Oh, euh… On devrait en parler plus tard. Je suis vraiment épuisée. Dis-je en passant ma main dans mes cheveux tout en m’orientant dans ma chambre.
Wayne ferme la porte derrière moi. Il va sûrement passer par la fenêtre pour partir, comme la dernière fois. Habitude atypique, mais bon. Comme il le dit si bien : on n’associe jamais son nom avec la banalité. Après tout, Wayne Perkins est unique.
Je m’installe dans mon lit, et m’enfouit sous la couette. J’essaye de dissimuler mon anxiété à Wayne, pour éviter qu’il ne se doute que je suis toujours autant effrayée. Brendon pourrait débarquer à nouveau, qui sait ? À présent, je ne me sens même plus en sécurité dans ma propre maison. Dès que j’entends le moindre bruit suspect, mon cœur s’emballe. Soudain, j’aperçois Wayne retirer sa veste suivie de son tee-shirt blanc : à la vue de cette scène, mes joues deviennent écarlates. Mais, qu’est-ce qu’il fabrique celui-là ? Son torse est désormais à nu, je peux voir son sublime buste. Wow. Il ne serait pas mannequin à ses heures perdues, par hasard ? Je reste sans voix face à ce spectacle qui n’est pas désagréable à voir. Bien au contraire, à vrai dire. Cesse ces pensées inappropriées, espèce de perverse ! Wayne éteint la lumière, se place à mes côtés et se couvre à l’aide de la couette.
— Qu’est-ce que tu fiches ? J’arrive finalement à dire une phrase compréhensible.
— Bah, quoi ? Je n’aime pas dormir avec un tee-shirt. Dit-il comme si c’est tout à fait normal.
— Enfin, je veux dire… Tu ne rentres pas chez toi ?
Nos deux visages sont à quelques centimètres. C’est perturbant.
— Après ce qui vient de se passer, tu croyais vraiment que j’allais partir ? Sa voix suave est tellement envoûtante… Décidément, faut que j’arrête ça. On ne sait jamais, si l’un de mes amis décide d’avoir la même idée que Brend.
Je me sens rassurée, tout d’un coup. Je souris, bien qu’il ne me voit sûrement pas à cause de l’obscurité. Sa présence m’apaise. Il dégage des auras indescriptibles, c’est hallucinant. Je me sens bien, à ses côtés. Quand subitement, je me rappelle la raison pour laquelle Brendon est venu. Quoi qu’il puisse arriver, Wayne continuera d’enquêter sur la recherchée. Dès qu’il trouvera ma véritable identité, ce dernier va certainement se sentir trahi. Un pincement au cœur se fait ressentir. Pendant tout ce temps, je lui mens. Et tout le monde sait que Wayne déteste les menteurs.
Ma fin est proche.