CHAPITRE 27
Tout me paraît si exotique, si étrange. Le panorama est splendide, notamment grâce aux multiples éclairages ainsi qu’à la grandeur des hôtels de luxe. Ravenstein – ou plutôt, la ville du péché – est plus charismatique que je ne l’aurais cru.
C’est la première fois que je viens dans cet endroit : et manifestement, je ne suis pas le seul. Chrissy et Luke sont en pleine euphorie face à tous ces éléments touristiques. Alors que Dark et moi sommes plutôt en position d’analyse, l’exact opposé de Keegan et Elena : en effet, ces deux-là ne semblent absolument pas concentrer à cause de tous ces spots lumineux. Ils marchent joyeusement sur le trottoir, avec des étincelles dans les yeux.
Bizamment, la sensation d’être observé accapare mes pensées. Mais, tout compte fait, je décide de faire abstraction de ce détail. Et aussitôt, je soupire bruyamment, enfouit mes mains dans les poches, et suit à contrecœur le groupe de personnes étant beaucoup trop heureux à mon goût. Je déteste les auras positives qu’ils rejettent – puisqu’il est évident que je préfère rester dans le côté obscur !
— Bon, vous avez fini de sourire comme des mongoles ? lâché-je sèchement, et les quatre individus se retournent immédiatement vers moi. Vous commencez à m’énerver. Profitez de la vie en silence à la place d’étaler votre bonheur en gloussant comme des dindes.
Ça y est. J’ai craqué ! Il fallait que je dise mon ressenti, parce que clairement, je suis à deux doigts de me barrer d’ici et de me mettre à chercher Pearl par mes propres moyens – en embarquant Dark avec moi, évidemment, il pourrait m’être utile.
— Ne sois pas si grincheux, Devon ! Laisse-nous admirer les environs, c’est fantastique. Tu devrais te détendre, souffler un peu, tu en as vraiment besoin, me dit Elena en m’observant avec ce regard rempli d’inquiétude.
Je roule des yeux, et décide proposer une idée :
— On devrait se séparer. Cette ville est gigantesque, c’est impossible qu’on puisse la trouver si on reste en groupe, dis-je simplement.
Moment de réflexion. Ils sont pensifs, probablement pour analyser la fiabilité de mon plan. Est-ce une bonne méthode ? Aucune idée. Tout ce que je sais, c’est que si on continue à se balader comme des cons : on ne parviendra jamais à la retrouver.
— Devon a raison, il faut qu’on se disperse, fit Keegan et on se met en ronde.
Bien sûr que j’ai raison, bruh ! Quel imbécile celui-là.
— Dans ce cas, nous devons faire des équipes de deux personnes, signale Chrissy et tout le monde acquiesce en signe d’approbation.
Au bout de plusieurs minutes, les duos sont définitivement formés. Et franchement, j’ignore comment ça s’est passé, mais à la fin, j’ai terminé avec Luke comme équipier. MAIS, WHAT ?
Bon, on ne va pas s’le cacher, j’aurais largement préféré être en compagnie de Dark : ainsi, c’est lui qui se charge des gars de la sécurité pendant que je botte le cul à ce satané Blake : alors imaginez-vous ma déception !
Tout mon plan était déjà prêt dans ma tête.
Mais, soi-disant, pour préserver une forme d’équilibre, les gens forts au combat doivent être avec les plus faibles. Putain de merde. Par contre, le bon côté des choses, c’est que je ne vais pas me coltiner Keegan – honnêtement, j’éprouve une once de compassion pour Chrissy qui se trouve être son alliée.
Mes yeux convergent vers la gauche, et je découvre la différence surprenante entre Elena et Dark – ou Zackary, pour les plus intimes. Ces derniers sont partenaires, de ce fait, je me retiens d’éclater de rire. Si la lieutenante Hopkins savait qui est réellement son coéquipier, je doute qu’elle soit aussi gentille avec lui !
Le grand méchant combattant et la sage officière de police… WOW ! C’est vraiment hilarant dans ce point de vue-là.
BREF. Trêve de blablater. Que la chasse commence !
Plus vite on bute Blake, mieux ça sera, tout simplement. Accompagné du grand blondinet, je traverse le passage piéton et commence à examiner les panneaux tout en essayant de lister mentalement tous les lieux dans lesquels un psychopathe pourrait se trouver. Une hypothèse me traverse l’esprit : un hangar abandonné. Mais, ça serait trop simple. En sachant que Blake est imprévisible, ce type d’endroit est extrêmement banal et cliché.
Réfléchissons… ! Où pourrait-il être ? Je pense fortement qu’il s’agit d’un lieu écarté des regards parasites des passants. Donc, après plusieurs instants, j’en viens à conclure que Blake ne peut pas se situer au centre de la ville. En revanche, il serait plutôt dans un endroit insolite se tenant à Ravenstein. Mais, lequel ?
— En fin de compte, je m’étais trompé. Tu n’es pas un joueur, me lance Luke en observant attentivement les alentours.
— Quoi ?
À présent, mes sourcils sont froncés afin de dévoiler mon incompréhension face à ses mots. Il ne prend pas le temps de tourner la tête vers moi, et continue de marcher sereinement.
— Je pensais que tu allais jouer avec les sentiments de Pearl, admet-il en soupirant. Mais, en voyant tes crises d’angoisse, j’ai réalisé à quel point tu tenais à elle.
Je reste silencieux en faisant mine d’être intéressé par les énormes jets d’eau étant admirés par tout un tas d’Asiatiques : le fait que Luke puisse parler de Pearl à ce stade-là des événements me rend assez anxieux pour une raison qui m’est énigmatique.
— Tu n’es pas si mauvais, Devon Maxwell.
— Qu’est c’t’en sais ? Tu ne me connais pas.
— Peut-être, mais il se trouve que c’est Pearl qui m’avait dit ça.
— Hein ?
— Elle tient également à toi, sache-le. Alors, arrête de te comporter comme un connard avec elle, et sourit. Pearl aime beaucoup ton sourire. Par contre, ça, c’est Chrissy qui me l’a dit. Ces deux-là sont vraiment des pipelettes. Je parie qu’elles passent leur temps à raconter des bobards sur nous, ricane-t-il en persistant à regarder droit devant lui.
Je réprime un sourire, et… attendez, minute papillon. Ça ne serait pas Calvin que je vois là-bas ? Oh, shit ! Il m’a vu. Alors qu’il se met à courir, je ne tarde pas à le pourchasser en criant des insultes à son égard. Je pousse des passants, effleure la mort de justesse en traversant au beau milieu de la route, et tente de me concentrer sur ma cible. Qu’est-ce qu’il fout ici, sérieusement ? J’accélère le pas, déterminé à attraper cet enfoiré.
Et là, il se tourne afin de voir la distance qui nous sépare, et entre soudainement en collision avec un poteau. Ahah, tellement stupide !
VLAA ! Je trébuche lamentablement. Toutefois, contrairement à lui, je parviens à me relever ! Lorsque j’arrive près de ce salaud, de manière presque immédiate, je saute sur lui pour le maintenir au sol. Autour de nous, les promeneurs semblent surpris par tant de violence. De ce fait, pour éviter d’être dérangé, je tire Calvin jusqu’à une ruelle éloignée de tous, avec la volonté de le blesser. Mon poing atterrit sur son abdomen, ainsi, il ne risque pas de s’enfuir.
— Tu as trente secondes pour me dire où se trouve Blake ! Ou sinon, je te tranche la gorge, menacé-je en le poussant brusquement contre le mur en brique.
Je sors un couteau suisse de ma poche, et désigne sadiquement une lame tranchante : heureusement que j’ai acheté ça dans le magasin de souvenir !
— Je n’en sais rien, nie-t-il en levant les mains en l’air, geste de capitulation.
C’est alors que je m’approche de lui, me penche et plante brutalement le couteau dans le mur, frôlant au passage son oreille gauche. Un liquide rougeâtre apparaît, tandis que ses tremblements redoublent d’intensité. Il est effrayé. Et c’est plutôt compréhensible.
— Je compte jusqu’à trois… signalé-je.
Immédiatement, j’installe un décompte dans ma tête.
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— D’accord, d’accord ! Je vais te dire où se trouve Blake, s’exclame-t-il en fermant les yeux. Mais, je t’en prie, ne me fais pas de mal !
Un sourire satisfait honore mon visage. Je savais qu’il allait céder. Ce gars est un vrai trouillard sous ses airs de grand gaillard. Ce n’est pas étonnant que Pearl ait pu le battre ! Je retire mon arme tranchante et recule d’un pas. Calvin souffle de soulagement. Il tente de se ressaisir, sûrement bouleversé par la situation précédente, et toussote légèrement.
Décidément, c’est vraiment une mauviette pour avoir autant peur de mourir. De toute façon, on va tous crever, un jour ou l’autre.
— Alors, il est où ?
— Dans un sous-sol. C’est impossible que tu puisses y avoir accès à cause de tous ses agents, me répond-il en se redressant. Je te conseille vivement de ne pas y aller, et de rentrer–
— Où ça ?
Il hésite plusieurs secondes. Sa réticence a tendance à m’énerver. Rectification. En fait, sa simple présence m’agace.
— Dans le magasin décoration Oh, blue!, murmure-t-il de tonalité suffisamment audible pour que je l’entende. Et surtout, si jamais tu te fais attraper, ne dis pas que c’est moi qui t’aie dit ça !
Je hoche positivement de la tête, et quand je m’apprête à sortir de la ruelle, Luke débarque avec un air affolé. À peine j’eus le temps de dire ma découverte qu’il me devance dans mon élan :
— Chrissy a disparu.
Putain de merde, il ne manquait plus que ça ! On se croirait dans un remake foireux de Very Bad Trip ! Je soupire profondément, mets les mains dans les poches et maudis intérieurement mon malheur. Quand même, c’est abusé là, j’ai vraiment la poisse ! BORDEL ! AAAH, IL FAUT QUE JE ME CALME ! Je tente de garder une expression neutre, en vain. Mon visage se crispe, et je me retiens de toutes mes entrailles pour ne pas hurler de colère.
— Depuis combien de temps ? le questionné-je en serrant mes jointures jusqu’à ce qu’elles deviennent pâles.
— Une trentaine de minutes. Keegan, Dark et Mme Hopkins sont actuellement à sa recherche, explique-t-il alors que l’on avance rapidement sur le trottoir.
Des flots de pensées me zigouillent vigoureusement l’esprit. Je ne peux pas faire ça. Il faut que je parte à cette boutique de décoration. Maintenant.
Je m’arrête de marcher, et Luke, probablement troublé par mon acte, se stoppe. Je dois y aller. Ce que je vais dire sonne incroyablement niais, mais : il faut que je sauve la fille que j’aim– je ne déteste pas ! Et Luke doit faire de même. Il faut qu’il retrouve Chrissy. C’est notre principal objectif.
Et c’est alors que je m’en vais, sous les cris de l’Australien, en direction du premier taxi que j’aperçois pour me rendre dans ce fameux magasin où se tient la chieuse de service. Le paysage défile, tandis que des gouttes viennent s’abattre sur la vitre.
Inspire. Expire.
Quand j’arrive à destination, une multitude de jurons s’échappe de mes lèvres. Des agents de sécurité sont partout. Oh, merde. J’avance d’un pas hésitant, quand soudain, une horde d’hommes s’approche de moi. Bien évidemment, je ne flanche pas, et reste immobile face à leur sourire… accueillant. Pardon ? J’ai raté quelque chose là.
— Devon Maxwell, vous voilà ! Venez, me sollicite l’un d’eux.
Je me méfie en redoutant que ceci ne soit qu’un maudit piège concocté par Calvin. Avec un air méprisant, je les fixe attentivement. Quelque chose ne va pas : c’est certain. Ces gars-là ne sont clairement pas nets. Ils manigancent une ruse… J’en suis sûr. Ils dégagent des sensations malsaines, et je n’aime pas ça. Alors que je m’apprête à partir en déduisant que Calvin m’a menti, une main se pose subitement sur mon épaule. Automatiquement, mes réflexes me reviennent. Je me défends, encaisse les coups, et tente de me détacher de leur emprise. Ils sont nombreux, beaucoup trop nombreux. Je ne peux pas les battre. J’arrive seulement à mettre quelques-uns à terre, mais ce n’est pas suffisant. Putain. Une personne m’injecte un produit qui détient un effet presque immédiat sur mon corps. Je me sens affaibli. Décidément, les gens doivent arrêter d’utiliser ce type d’arme sur moi ! Et le pire dans tout ça, c’est que je déteste les aiguilles ! Argh.
— Eh hop ! C’est parti. Blake nous attend !
Même si je peux parfaitement bouger mes membres, l’entente de son nom m’anesthésie sur place. Je me laisse transporter par deux malabars, et contre mon gré, j’observe les alentours. On entre dans un ascenseur, et avec une pointe d’étonnement, nous nous orientons au sous-sol. Calvin n’avait pas blagué sur ce coup-là.
Quand les portes métalliques s’ouvrent, les mecs me poussent violemment par terre, tel un vulgaire objet. Je m’effondre sur mes genoux, marmonne des propos désobligeants, et serre les poings.
— Allez-vous faire foutre, bande de salopards, craché-je en m’adressant aux deux baraqués.
— Qu’est-ce tu viens de dire là ?
— Fils de–
— Assez !
Cette voix. Enroué et désagréable. Mon cerveau s’active pour me faire savoir qu’il ne peut s’agir que de lui : Blake. La silhouette se tenant dans l’obscurité apparaît progressivement sous la lumière d’un éclairage, cette scène provoque un sentiment de suspense insoutenable. Et c’est à cet instant que je le vois. Brun, aux yeux bleus électriques. Grandes épaules, nez retroussé, lèvres charnues, visage carré, teint métis, et regard sanglant. Il est aussi déstabilisant que dans mes cauchemars. Je me lève, mais ses gardes m’interrompent instinctivement.
— Bien, bien, bien… On se rencontre enfin, Devon Maxwell, dit-il avec un sourire malicieux.
— Où elle est ?! hurlé-je sèchement. Je te jure que si tu–
Une seconde fois, il me coupe la parole. Ceci a le don de me mettre hors de moi ! J’essaye de me détacher de ses agents à la con, en vain. À cause de la drogue qui coule dans mes veines, je ne suis pas en mesure de contrer leur force.
— Patience, voyons, me récrimine-t-il. Dis-moi, tu ne devais pas être accompagné de Keegan ?
— Bah comme tu peux le voir, cet enfoiré n’est pas là.
— Hum… Dommage. Je pensais également que Dark allait venir, ajoute-t-il en mimant de la déception.
Blake fait signe à ses acolytes de bloquer ma voie buccale avec leur paume de main pour vraisemblablement éviter des remarques de ma part. Bordel de merde. J’ai tellement envie de bondir sur lui pour entailler chaque partie de son corps, avant de retirer ses entrailles pour les mettre dans sa bouche, et de prendre son cœur pour le piétiner, l’écrabouiller et le broyer jusqu’à ce qu’il ne reste plus qu’un tas de pâtés de sang. Oh, ouais. Ce serait si plaisant à faire. C’est avec des pensées sadiques que je demeure, lorsqu’il commence à reprendre la parole :
— D’ailleurs, j’ai réellement été surpris d’apprendre que Dark et toi, rivales depuis toujours, se soient associés. En toute honnêteté, au départ, j’étais plutôt septique à l’idée que vous soyez complices. Mais, lorsque j’ai reçu un appel de Dark me demandant l’endroit où j’étais, mes doutes se sont évaporés… Je dois t’avouer que j’éprouve beaucoup d’estime envers Dark grâce à ses capacités physiques. Alors, apprendre qu’il puisse me trahir de la sorte, je suis vraiment déçu de lui, et aussi de Calvin. Ce crétin ne savait même pas que je l’avais utilisé pour t’emmener jusqu’ici.
— Enfin, bon. Peu importe, continue-t-il en s’approchant dangereusement de moi.
Il penche sa tête à ma hauteur, afin que nos visages soient à quelques centimètres de différence. Son sourire hautain s’étend sur ses lèvres. JE VEUX LE TUER. Je répète. JE VEUX LE TUER ! Ce putain de connard est définitivement ma prochaine cible à abattre. Je crache sur lui, et il recule avant de se retenir de me massacrer.
— On va passer un marché, est-ce que c’est clair ? enrichit-il en essuyant son visage. J’ai entendu dire que tu n’as jamais été vaincu au combat, je me trompe ?
Ma réponse : un sombre regard.
— Soit tu te défends, soit tu ne fais rien. Par contre, si tu décides d’opter pour la première possibilité… Je le referai, mais cette fois-ci, devant tes yeux.
Je me fige brutalement dès le moment où ses paroles atteignent mon ouïe. Mon sang se glace. Et mon cœur s’affole. À présent, je n’essaye plus de me débattre. Avec l’approbation de Blake, les deux musclés détachent leur emprise. Je suis libre. Et pourtant, je suis toujours là, genoux contre terre, avec les yeux dans la vague. J’ai l’impression que tout bascule : que le sol se fendille, que le monde s’écroule, et que les forces de la nature s’acharnent sur moi. Ma respiration est irrégulière. C’est comme si mon corps refusait catégoriquement d’accepter mon choix. L’intégralité de mon être résonne en solo : complètement révulsé. Quant à mon esprit, lui, c’est tout bonnement le contraire. Il est serein. Ma décision prend forme dans ma conscience.
Je vais être victime d’un assaut de coup. Voilà ma volonté.
— Faîtes-la entrer ! ordonne Blake.
Ma fréquence cardiaque s’arrête pendant un instant. Mon expression faciale est neutre. Je suis vidé d’émotion.
Quelque part, cette tactique me forge une carapace pour résister au désastre. Si proche, mais à la fois, si loin : je l’aperçois. Je ne peux pas m’empêcher d’être soulagé de voir qu’elle n’est pas blessée. À ses côtés, trois hommes vêtu intégralement en noir l’a retienne grâce à des menottes. De ses yeux d’un bleu si profond, elle m’observe. Ses traits sont tirés par l’étonnement. Elle ne s’attendait pas à me voir : ici, dans le sous-sol d’un miteux magasin de déco se trouvant à Ravenstein.
— OH, PUTAIN ! DEVON ? Je t’avais dit de ne jamais me sauver la vie ! crie-t-elle en gigotant dans tous les sens pour que les agents se détachent d’elle. (Il est vrai qu’elle n’a pas tort. On s’était réellement mis d’accord pour que je ne me mette plus en danger en la sauvant, après le combat entre Calvin et elle) Je t’en supplie, Blake. Laisse-le tranquille ! Je ferais tout ce que tu veux, je t’en prie… Libère-le.
L’enfoiré se caresse son menton, et finit par dire :
— D’accord, babe. Je le laisserai filer. Mais pour ça, il faut qu’il arrive à s’opposer à mes coups pendant plus de deux secondes.
Il se tourne vers moi et m’adresse un clin d’œil. Quel bâtard. Je converge le regard vers Pearl : celle-ci me gratifie un léger sourire pour m’encourager. Ça fait mal, bordel. Je ne peux strictement rien faire, à part résister à la douleur. Si je ne le fais pas, il va–
— Lève-toi, et bats-toi comme il se doit, lâche Blake.
Suite à ça, mon corps se redresse. Et c’est là que le combat commence. Un violent crochet du droit s’abat sur ma joue. Je contracte la mâchoire, et n’esquive pas le second coup-de-poing se dirigeant au beau milieu de ma face. Les attaques se multiplient, jusqu’à atteint un nombre incalculable. Les rires moqueurs des malabars retentissent.
— TAISEZ-VOUS ! s’exclame Pearl en haussant le ton. (Je peux entendre des sanglots). Devon, allez ! Défends-toi.
Je ferme les yeux lorsque Blake reprend ses coups. Mon sang jaillit de ma bouche. Je crache, et Blake enfonce ses jointures dans mon abdomen. Je lutte contre cette intense affliction. C’en ait trop. Je m’effondre sur le sol. Ni un, ni deux, Blake ne tarde pas à me tabasser avec des coups de godasses heurtant mon visage. Ces violents contacts avec mes blessures fraîchement récentes m’arrachent des cris de douleur. J’ai la sensation qu’une éternité s’est écoulée. Des heures, ou des minutes ? Je n’en sais rien. Il ne cesse de m’infliger des raclées, et je reste impuissant, sous les protestations de Pearl. Ça n’en finit pas. Je saigne. Vraiment beaucoup.
— BLAKE, ARRÊTE ! Bordel, tu vas le tuer, arrête, vocifère-t-elle.
Il arrête ses coups. Et contre tout attente, ceci n’est pas occasionné grâce aux paroles de Pearl. Non. Mais, plutôt à cause du clignotant vert de l’ascenseur qui scintille : ding !
Les portes métalliques s’ouvrent.