Épisode 24 – Trouver Early
× Wayne’s head ×
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Et là, mon poing percute violemment le creux de sa joue. De ce fait, un gémissement de douleur retentit de sa part. Il s’effondre sur ses genoux tandis que des larmes s’écoulent le long de son visage. Je souffle, exaspéré. Je n’arrive pas à croire qu’il puisse faire partie d’un gang. Il est tellement faible.
— Je me répète. Où est Shado ?!
Ma voix augmente en tonalité. Le garçon – dont le nom m’échappe sans cesse -, lève la tête vers moi. Il tremble, comme une mauviette. Pathétique. Je pourrais le tuer. Là, maintenant. Mais si je le fais, je ne pourrai pas obtenir d’informations à l’insu de son chef. J’entends très distinctement la vitesse à laquelle son souffle s’est accéléré. Sa respiration devient plus ample et rapide.
— J-Je.. ne sais pas. Désolé. A-t-il répondu, en pleurnichant comme une merde. Il était censé venir dans ce bar, mais je pense qu’il se doutait que tu allais venir.
Je serre les poings. Mon plan tombe à l’eau. Fais chier ! J’avais tout préparé pour ce règlement de comptes et il a fallu qu’il prenne la fuite, tel un lâche. Putain. Shado n’est vraiment pas digne d’être le leader des Outsiders. Ce n’est qu’un froussard qui ose provoquer mon gang en nous déclarant une guerre, qui plus est, inexistante. Nous avons toujours un point d’avance sur les Outsiders, de toute manière.
— Toi et tes amis n’avez pas intérêt à revenir à UnderGlade. Ou sinon, boum. Dis-je avant d’imiter l’enclenchement d’un revolver en plaçant mon index et mon majeur au niveau de ma tempe. [N/A: Photo en multimédia.]
Suite à ma menace, il acquiesce immédiatement. Je soupire bruyamment et sortis mon portable se tenant dans la poche de ma veste, l’heure s’affiche automatiquement. 23.04. Oh, merde ! Il faut que je vienne chercher Early.
— À jamais, tocard.
C’est sûr ces mots que je décide d’engager un coup de pied sur son maigre abdomen. Un sourire sadique s’étend sur mes lèvres. Je pars des sanitaires, avec des pensées plus ou moins positives. La musique retentit de plus en fort lorsque je me dirige au centre du bar. Tous les regards sont rivés sur moi tandis que des discussions à voix basse commencent à résonner. Mon identité est révélée à tous, puisque je ne porte plus de casquettes, ni même de lunettes de soleil. Les personnes ne tardent pas à se décaler de mon chemin, visiblement terrifié par ma présence. En temps normal, je ne viens jamais ici : étant donné que je n’aime pas le gérant. Mais, cette fois-ci, j’ai fait une exception pour élaborer un règlement de comptes qui s’est avéré être catastrophique.
J’essaye de localiser la laideur de James, en vain. Ce bar est rempli de monde, impossible de le voir. James pourrait être partout : à l’extérieur, dans le bar, dans les fauteuils, près des tables, dans les chambres privées ou même dans la piste de danse. De multiples possibilités s’offrent à moi. Bien que je ne connaisse pas vraiment James, mon intuition me dit qu’il est dans une chambre privée. C’est certain. Bordel. Au fond, j’espère vraiment me tromper. Instinctivement, je me dirige en grandes enjambées vers le couloir dans lequel se tient tous les love rooms. À mon plus grand étonnement, il en existe près d’une dizaine. Oh, non. Il ne manquait plus que ça.
J’inspire profondément et ouvre la première porte. Des cris aigus retentissent, provenant d’un couple en pleine copulation. Ugh. Je referme immédiatement la porte, dégoûté de devoir faire cela à toutes les chambres du bar. Je me dirige vers la seconde porte, et découvris deux filles et un cochon. Ça, par contre. Je ne m’y attendais pas.
Je continue d’ouvrir les autres portes. À chaque fois, la situation est assez maladroite. Décidément, les clients de ce bar sont bizarres – dans le négatif du terme, bien évidemment. À un moment donné, je commençais à douter du fait que James et Early soient dans l’une de ces chambres, jusqu’à ce que j’ouvre la porte-numéro sept. J’aperçois les deux individus sur le lit, James se tient au-dessus d’Early étant en sous-vêtement. Ces derniers n’ont toujours pas capté ma présence. La brunette est beaucoup trop préoccupée à se débattre face au gérant, qui l’écrase avec sa masse graisseuse. À cet instant, la colère envahit chaque particule de mon corps. Ma haine vis-à-vis de James s’agrandit, plus qu’elle ne l’était déjà. Une chose est sûre : je déteste ce type.
Je ne tarde pas à m’orienter vers eux, et d’infliger un coup-de-poing phénoménal à James lorsque sa tête se tourne vers moi. Je saisis le col de son haut, afin qu’il se lève pour être hors du lit. Celui-ci tremble de peur lorsqu’il me voit. L’angoisse se voit dans ces yeux. Je l’effraie, et j’adore ça. Cette ordure a osé me mentir en disant que Shado est là. Par conséquent, il est temps que je me venge.
Il va le regretter, toute sa vie.
— Je suis vraiment désolé, Wayne ! Je ne le ferai plus jamais, la prochaine fois. Affirme-t-il, terrorisé.
— Il n’y aura pas de prochaines fois, James.
Il est au bord des larmes et pour être honnête, je n’en ai strictement rien à faire. Je ne supporte pas que l’on me ment. Je lui donne soudainement un coup de genou dans le ventre suivi d’un crochet du droit en pleine face, tout ça en une fraction de seconde. Il tente de saisir mon bras, mais je parviens à contrer sa tentative d’attaque en tordant son bras. Désormais, il est en position d’infériorité. Une frappe sur les côtes et la joue ont suffi pour le mettre à terre. J’entreprends des coups de pieds sur son torse, laissant percevoir des cris de douleur.
Alors que je m’apprête à produire une nouvelle pression sur l’abdomen de James, des mains s’accrochent sur mon bras. Mes yeux s’écarquillèrent telles deux soucoupes. Early. Par ailleurs, cette dernière a revêtu sa robe.
— Qu’est-ce qu’il y a ? Je rétorque, étonné de son geste.
— Je pense que tu l’as assez frappé, Wayne. On devrait y aller. Sa voix est à peine audible. La fatigue peut se voir sur son teint blafard et ses traits tirés.
Comment peut-elle me demander une chose pareille ? James était prêt à la violer. Il mérite d’être sévèrement amoché, ou même, de mourir.
— Après c’qu’il fait ? Non. Je l’ai pas assez frappé. Dis-je d’un ton ferme et autoritaire.
Je continue de frapper sur James, remarquant que l’emprise d’Early sur mon bras commençait à s’affaiblir. C’est bon signe. Le gérant tente de recroqueviller sur lui-même malgré les nombreux coups que je lui fais subir. De toute façon, il va mourir. Cela ne sert strictement à rien.
Quand tout à coup, Early s’effondre au sol. Qu’est-ce qui lui arrive ? Je me tourne instinctivement, ne comprenant pas la raison de cet évanouissement.
— Oh, putain ! Early, ça va ? Je demande en me mettant accroupie.
James ! C’est certainement de sa faute. Je me tourne brusquement vers lui, constatant au passage qu’il est dans un piteux état.
— Qu’est-ce tu lui as fait, espèce de connard ?!
Il essaye d’entreprendre un mouvement, en vain.
— À elle ? Early ? Interroge-t-il en grimaçant légèrement.
Bien sûr, à elle ! Mais, quel con celui-là. J’acquiesce positivement de la tête, attendant qu’il me révèle le motif de la perte de connaissance d’Early.
— Le cocktail. Elle l’a bu, sans savoir les effets secondaires. Early va reprendre conscience dans quelques heures, mais pour l’instant, impossible de la réveiller. Dit-il en insistant sur la prononciation de son nom.
Mais, il est complètement taré ! J’essaye de redresser Early, mais son corps semble être attiré vers le sol. Je dois la ramener chez elle, même si l’envie de rester pour tabasser cet enfoiré ne fait que de s’amplifier. Je m’assure à ce qu’elle n’ait pas d’égratignure en prenant son visage dans mes mains. Aucune marque ne figure sur sa peau.
Ensuite, je la soulève en douceur et pose sa tête contre mon torse pour éviter qu’elle ne se fasse un torticolis. Je me lève tout en cherchant du regard le sac d’Early, et lorsque je me trouve en possession de l’objet en question : je sors de la chambre en laissant James, seul, agonisant de douleur. Malheureusement, il a fallu que je traverse tout le bar pour pouvoir sortir d’ici. Les personnes me fixent, visiblement ébahies. J’ignore.
La route en direction de la maison d’Early s’est faite en silence. Je fouille dans son sac à main, à la recherche des clefs pour ouvrir la porte d’entrée de sa demeure familiale. Bingo ! Je sors de la voiture, et me dirige vers le côté passager afin de porter la brunette. Je prends soin de fermer la portière, avant de m’orienter vers l’entrée. Par contre, un élément attire mon attention. Une voiture. Noir avec des rayures blanches. Cette automobile rode souvent près du lycée, étrange…
Peu importe. J’entre dans la maison, et monte les escaliers pour me rendre dans la chambre d’Early. Puis, je l’installe délicatement sur son lit. C’est à peine installé que celle-ci se cramponne automatiquement à sa couverture. Je souris. Qu’est-ce que je fous encore ici, moi ? Je passe ma main derrière ma nuque en effaçant mon sourire. C’est vraiment bizarre de regarder quelqu’un pendant son sommeil et à la fois, flippant. Alors, il faut que j’arrête !
Je me dirige vers la porte, hésitant à poser mon billet de cent dollars sur l’armoire. En fin de compte, je l’enfouis dans la poche de ma veste.
— Bonne nuit, Early.