The Wanted

Épisode 21 – Faveur


— QUOI ?! C’est une blague ! Je ne ferai jamais une chose pareille.

Je suppose que mon ton est beaucoup trop élevé, car ma voix résonne dans toute la pièce. Désormais, je suis face à Wayne, dans la chambre d’hôpital de Willow. Par ailleurs, celle-ci dort paisiblement dans le lit à proximité de moi. À mon plus grand étonnement, Wayne plaque soudainement la paume de sa main contre ma bouche. De ce fait, le contact entre sa main et ma peau cesse littéralement les battements de mon cœur. Je ne peux plus respirer correctement. Bordel. Mes yeux s’écarquillent telles deux soucoupes.

— Shht. Les murs sont fins, ici. Dit-il sereinement, avant de décoller sa main et de reculer d’un pas.

Inspire. Expire. Sans même se rendre compte, ce gars veut ma mort ou quoi ? Ce soudain rapprochement me met dans tous mes états. Décidément, Wayne Perkins est le diable incarné. Je n’arrive pas à garder une attitude calme à ses côtés. Je prends mon courage à deux mains et reprends la parole en essayant d’avoir un air assuré.

— Il est hors de question que j’entre dans un bar bondé de personnes consommant des produits illicites et illégaux, et qui détient probablement des armes à feu dissimulées dans leurs poches. Et puis, pourquoi tu demandes ça à moi de toute façon ? Fis-je en atténuant le son de ma voix pour éviter qu’un passant entende cette conversation plutôt suspecte.

— En échange d’une entrée dans ce bar, le gérant m’a proposé un deal. Si je ramène une fille, il me laisse entrer en ne divulguant pas mon identité à ses clients. Comme ça, tout le monde est gagnant. Tu comprends ? Déclare-t-il en buvant une gorgée de sa canette.

Minute papillon, un détail l’échappe. En quoi cela pourrait m’apporter des bénéfices, au juste ? Je veux dire, devoir me coltiner le gérant d’un bar illégal n’est pas vraiment une idée attrayante. Je suis certaine que ce soi-disant gérant s’avère être un vieux pervers, aux intentions tordues et malveillantes. Le simple fait d’y penser me donne des frissons.

— Désolée, mais c’est sans moi. Je rétorque de manière spontanée. Pas question que je mette un pied dans un tel endroit et encore moins, si je dois servir d’échange et rester avec un inconnu.

Ma voix est ferme. Il roule intentionnellement des yeux face à ma remarque. Pourquoi me propose-t-il ça ? Sérieusement. Il croyait vraiment que j’allais accepter cela ? Des tonnes de filles seraient ravies d’aider Wayne à entrer dans un bar ! Son choix n’a vraiment pas été judicieux. Mais bon, mon refus n’est pas un problème majeur. Je suis pratiquement sûre qu’il n’aura pas de mal pour dénicher une de ses admiratrices suffisamment aveugles pour accepter sa faveur. Pendant ce temps, je dois profiter de ma vie avant que Wayne ne découvre mon secret. De plus, le risque de me faire violer, torturer ou même tuer par un gérant dangereux est potentiellement élevé. Alors, accepter cette faveur ? Non, merci. J’ai mieux à faire.

— Il ne t’arrivera rien là-bas. C’est juste un bar, Early. Riposte-t-il en soufflant. Tout ce que tu as à faire est de sourire, ce n’est pas si compliqué. Le gérant ne te fera rien, tout comme tous les gars qui seront présents dans ce bar. Ne t’inquiète pas pour ça.

Malgré ces arguments, je reste incrédule. Au fond, l’idée de prétendre être l’amie de Wayne afin qu’il puisse entrer dans un bar ne plait absolument pas. Et puis, je dois jouer le rôle d’une danseuse sans cervelle. Or, je n’aime pas ça. Wayne devrait demander l’aide à quelqu’un d’autre. La rouquine, par exemple. Elle sera parfaite pour ça, j’en suis certaine.

— Non, ça va aller. Je n’adhère pas du tout. Demande à une autre fille. J’ajoute tandis qu’il but une seconde gorgée de sa boisson.

— Proposer cette faveur à une autre fille ? Si je le pouvais, je l’aurais fait depuis un moment. Je fronce les sourcils. Le problème c’est que ce crétin de gérant a fixé des critères et bizarrement, tu corresponds parfaitement à ce qui recherche.

Wayne s’approche de moi et écrase à main nue : la canette. Je ravale difficilement ma salive. Il jette l’objet à la poubelle, avant de plonger à nouveau ses yeux verts dans les miens.

 Quels critères ? Ma voix est basse, semblable à un chuchotement.

 Brune, yeux marron, mince, bizarre, impulsive, voix cristalline, taille approximativement correcte, têtue, mystérieuse, et avant tout, chiante Il répond avec un rire amusé.

Chiante ? J’appelle ça de la provocation ! Il se trompe sur toute la ligne, je ne suis pas têtue, ni même bizarre – peut-être un peu, je dois l’avouer.

 Je ne suis pas impulsive !

 Vraiment ? J’pense pas que le gars que tu as essayé d’étrangler soit du même avis. Ricane-t-il.

La honte ! Saleté de commérage. Je suis prête à parier que mon visage a viré aux rouges pivoines, à cet instant précis. Il faut que je reste calme. Zen, Early.

 Qu’est-ce que j’y gagne en faisant ça ?

Après avoir entendu mes paroles, Wayne se retrouve en pleine réflexion. J’en viens à conclure qu’il n’avait pas envisagé de me récompenser en me proposant de lui accorder cette faveur. C’est vraiment hallucinant. Je ne ferai jamais cela sans être indemnisé. Soudain, Wayne lève la tête vers moi.

 Je te donnerai 20 dollars, et je cesserai d’enquêter sur The Wanted pendant deux jours. Ça te va ?

 Non. Je préfère 80 dollars et une semaine d’arrêt. Je propose, soudainement intéressée par cette prime.

— 50 dollars et cinq jours.

 100 dollars et deux semaines, c’est ma dernière offre. Dis-je, sûre de moi.

Wayne met en bataille ses cheveux, ce geste est si séduisant. Je déglutis. Mes pensées commencent à devenir vraiment bizarres, ugh. Il secoue sa tête afin de révéler qu’il se soumet à ma proposition. Je suis légèrement surprise, et à la fois déçue de ne pas continuer cette négociation.

 Donc, maintenant. Tu acceptes cette faveur ? Interroge-t-il en entreprenant un pas en avant.

 Ai-je réellement le choix ?

Il se contente de hausser les épaules. Son éternel sourire enjôleur honore son visage, étant par ailleurs, d’une beauté sensationnelle. J’essaye de détourner mon regard de ses yeux, mais je suis comme paralysée. Encore une fois.

 Pas vraiment, en fait. Il sourit.

Dans un sens, je viens d’accepter un pacte avec le diable.