CHAPITRE 17

Désormais, je ne respire quasiment plus. Par simple intuition, je parviens à deviner que l’enfoiré de cambrioleur est actuellement en train de longer la cuisine, avec la volonté de me trouver. Bordel de merde ! Il m’est impossible de retirer ces foutues menottes. Maudit soit Elena pour avoir eu la pire idée du siècle ! Comment suis-je censé procéder maintenant, hein ?

Ma fréquence cardiaque augmente en rapidité tandis que je ressens un besoin presque viscéral d’évacuer le liquide sécrété par mes néphrons. Autrement dit, j’ai envie de pisser… Génial. Il ne manquait plus que ça, putain.

Enfin, bon ! Il est primordial de penser à autre chose sinon, ma vessie risque de lâcher prise. Lorsque le crétin passe devant moi : d’un geste minutieux et rapide, je lui fais un croche-patte afin qu’il tombe par terre. Par chance, sa tête n’est pas loin de mes bras. Immédiatement, je prends possession de son cou en tâchant à pouvoir bloquer sa voie buccale. Ainsi, il ne peut plus crier. Avec la ferme intention de l’étrangler, je resserre mon emprise. Il gigote, me fusille du regard et tente de marmonner des mots pour signaler sa présence à ses acolytes. Malgré tous ses efforts, le rouquin échoue lamentablement. Son énergie décroit progressivement. Au bout de plusieurs instants, son corps est complètement inerte. Prudemment, je desserre mon bras de sa gorge, et m’empresse de saisir mon bipeur. Lorsque l’objet se situe entre mes mains : j’appuie sur le bouton rouge.

Et puisque je n’ai pas réellement le choix, je me contente d’attendre en surveillant régulièrement que ce bâtard de roux ne se réveille pas.

Des voix retentissent, ainsi que d’innombrables gémissements de douleur. Étant donné les circonstances de la situation, je présume qu’un combat se déroule à l’étage. Lassé d’être impuissant en raison de cette paire de menottes, je décide d’examiner les environs du regard, à la recherche d’un quelconque moyen pouvant déjouer le piège d’Elena. Hum… que pourrai-je utiliser ? Voyons voir…. BINGO ! Des cure-dents, bien sûr.

Rapidement, je me lève pour acquérir la boite de cure-dents se tenant sur l’îlot central de la cuisine. Je me penche doucement vers le petit paquet de bâtonnets en bois, avec difficulté, puisque je ne suis pas en mesure de me servir de mes mains.

BREF. Je vais vous épargniez les détails impertinents de l’ouverture faramineuse de la serrure, exécutée grâce à de simples cure-dents à la noix. Tout ce que vous devez retenir : c’est que j’ai réussi. Le fait que je sache déverrouiller des menottes d’un flic ne vous concerne pas, point final.

Assez bavarder. Que les choses sérieuses commencent : JE VAIS LAMINER CES FILS DE PUTES ! Mais avant ça… Je dois aller faire un tour aux chiottes.

D’une démarche sûre et décontractée, je m’avance vers les escaliers afin d’accéder à l’étage. Mais, malheureusement, un salaud me bloque dans ma lancée. Je déglutis, avant de le regarder avec mépris. Il me fixe attentivement, tandis que l’envie de lui casser la gueule s’amplifie en moi. La vision de sa face de merde m’énerve. Beaucoup. Quand est-ce qu’il se décide à se battre, au juste ? Ça fait plusieurs secondes que l’on se fusille du regard, et ça en devient agaçant.

Je m’apprête à reprendre ma route en direction des toilettes, mais le gars m’interrompt pour prendre la parole :

— À ta place, je ne ferais pas ça, affirme-t-il avec autorité.

— J’vais m’gêner, ouais.

Mon doigt central se manifeste, et je monte la première marche de l’escalier, dans le plus grand des calmes. Sans étonnement, le cambrioleur – étant vraisemblablement furieux par mon manque de tact – s’élance à mon égard. Son attaque m’est totalement prévisible. Quel con ! Mon corps fit volte-face, et mon pied atterrit violemment au centre de son abdomen. Puisque mon coup a été riche en puissance, cet abruti est immédiatement projeté par terre. Il hurle de douleur. Je suis pratiquement sûr que son coccyx s’est pété lors de sa chute. Ahah. Couillon va ! Il est tellement nul. C’est une flagrante certitude. Alors que je compte rejoindre – une nouvelle fois – l’étage, quelque chose m’en empêche… Ou, plutôt, quelqu’un. Un putain de cambrioleur se précipite vers le type que j’ai mis à terre en une seule frappe. D’ailleurs, tête de cul me désigne du doigt, pour informer ma présence à son cher acolyte venant tout juste d’arriver.

— Alors, c’est toi… Devon Maxwell, conclut le gars aux cheveux noir corbeau.

— Dans toute sa splendeur, fis-je avec ennui.

Putain, j’veux faire pipi là ! Certes, j’aime me battre… Mais, il existe des limites ! Il va falloir que je me débarrasse de ce gars, avant de pouvoir uriner paisiblement. Bordel. Ça fait chier ces moments-là ! Le goujat s’oriente vers moi pour m’attaquer de façon directe : c’est-à-dire, en pleine gueule. Malheureusement pour lui, j’esquive de justesse sa tentative de frappe. ET VLAAA ! Mes réflexes sont fantastiques.

Profitant de sa perte d’attention occasionnée par l’échec de son coup-de-poing : je l’assène presque immédiatement d’une avalanche de baffes dignes des plus grands matchs de boxe. Bien évidemment, il ne parvient pas à encaisser une telle violence. Du sang jaillit de sa bouche lorsque mes jointures atteignent son estomac. Malgré ses signes d’abandons, mes raclées continuent de s’accentuer en férocité. En fin de compte, ce combat s’achève par une torgnole. Le corps de mon adversaire tombe.

Et c’est qui le plus fort ? C’EST MOI !

Instantanément, je monte illico les marches d’escalier : c’est alors que je me trouve dans le couloir menant à plusieurs pièces telles que les toilettes. D’une vitesse inégalée, je me positionne en face de la salle qui m’est tant convoitée depuis un moment. Obnubilé par ma vessie, je ne fais même pas attention aux trois gars se tenant par terre. Même si je n’ai pas scrupuleusement analysé leurs états, je sais qu’ils ne sont pas une grande menace pour moi. Ils sont carrément K.O !

Quoi qu’il en soit, ses salauds ne m’intéressent pas à cet instant précis. Lorsque j’entre dans les chiottes, je prends soin de baisser mon pantalon et de… inutile d’ajouter une description à cette scène intime. Nous sommes proches, certes, mais n’abusez pas quand même !

Enfin, bon. Je remonte ma braguette avant de tirer la chasse d’eau : et étant donné que je suis une personne civilisée et soignée – ahah –, je me lave les mains dans le petit lavabo à disposition. C’est avec les pensées plus ou moins positif que j’ouvre la porte. Et là, mon cœur rate subitement un bond.

Pearl est devant moi, avec un revolver entre les mains. Je louche sur son arme à feu étant actuellement en train de viser mon beau visage. Bien qu’elle m’a inévitablement surpris, mon visage reste neutre – comme d’habitude, quoi.

— Oh, bordel ! C’est toi… souffle-t-elle avec soulagement. J’ai cru que c’était un autre malfaiteur.

Déstabilisé par le fait que son pistolet soit pointé sur moi : je baisse doucement l’objet pour éviter l’apparition d’un quelconque accident pouvant potentiellement me coûter la vie. Quelque instant plus tard, Mini-Hopkins reprend la parole :

— Mais, au fait… Tu n’étais pas censé être ligoté ?

— Ouais, et alors ? Figure-toi que tu n’es pas la seule à pouvoir t’échapper d’une paire de menottes, dis-je sèchement en faisant référence à la soirée où je l’avais séquestré dans ma chambre en l’attachant à un radiateur : croyez-le ou non, ceci a été épique.

Elle soupire bruyamment.

— Bref. Qu’est-ce tu fous dans les toilettes alors que la maison est truffée de cambrioleurs complètement barge ? continue-t-elle en croisant les bras contre sa poitrine.

— Tu veux vraiment le savoir ? sourié-je malicieusement.

Pearl roule des yeux, manifestement agacée par mon amusement face à la situation.

— Ouais, grogne-t-elle doucement.

— Es-tu certaine ? fis-je en m’approchant de cette dernière.

— OUI !

Mon sourire s’étend davantage sur mes lèvres, pendant que je me penche vers elle. Mon souffle chaud s’écrase sur son cou. Je suis pratiquement sûr qu’elle vient de frémir. Il est évident que notre rapprochement ne lui est pas indifférent. C’est toujours comme ça, après tout. Toutes les filles ne peuvent pas résister à mon charme frôlant la perfection. De ma voix envoûtant, je susurre les mots suivants à son oreille :

— Pause pipi.

Brutalement, Pearl me pousse. Malgré tout, mon air enjôleur est encore présent, ce qui a le don de l’énerver.

— Putain ! T’es sérieux là ? s’exclame-t-elle avec rage. Espèce de connard !

— Merci. Je suis touché par ton compliment, me moqué-je.

Suite à l’entente de ma remarque, celle-ci se contente de marmonner quelque injure à mon insu avant de se diriger vers les trois cambrioleurs totalement inconscients. C’est seulement après une demi-heure que l’on parvient à dégager tous les corps de ces enfoirés : il faut savoir qu’ils ne pèsent pas une plume !

Bien que j’aurais voulu savoir pourquoi ils sont venus ici, Pearl m’a formellement interdit de poser des questions à ces types, sous prétexte qu’ils disent que d’la merde. Mais, mutin comme je suis, j’ai tenté de soutirer quelques informations à ces malfaiteurs désastreux. Fâcheusement, aucun d’eux n’avait été en état de me répondre. Ugh.

Et c’est pour cela que je demeure dépourvu de connaissance… Ça m’énerve d’être un ignorant, putain de merde ! J’en ai marre. Allongé sur mon lit : je réfléchis. Encore et encore. Qui sont ces bâtards ? Pourquoi s’en prennent-ils aux Hopkins ? Comment connaissent-ils chaque pièce de cette maison ?

Tant de question. Et pourtant, si peu de réponses. Ça me casse les couilles !

À force de pensées, des maux de tête commencent à me torturer de l’intérieur. Sérieusement, c’est pire que des cours de maths ! Attendez, non. Je retire ce que je viens de dire. Rien n’est pire que des cours de maths !

1:17. Il me faut des somnifères. C’est tellement fatigant de devoir constamment s’interroger sur soi-même. Je déteste ça. À part me faire perdre du temps, je ne vois pas l’utilité !

Soudain, le tonnerre grogne, tandis que les nuages demeurent en abondance dans le ciel. La pluie se manifeste en forme de gouttes d’eau. Et des éclairs redoublent en lumière. Comment vais-je pouvoir dormir dans ces conditions ? Hum… Ah ! J’ai trouvé ! Comptons les moutons tous ensemble !

Un mouton tué. Deux moutons égorgés. Trois moutons éventrés. Quatre moutons viol…

— AAAAAAAHHHH !

Il s’agit de Pearl. En vue des précédents événements, un des cambrioleurs a peut-être refait son apparition ! Oh, merde ! Je saute hors du lit, et cours à la vitesse d’un éclair en direction de la chambre de Pearl. Et aussitôt : je fais irruption dans la pièce – à ma façon, c’est-à-dire, en défonçant presque la porte. Mes yeux scrutent les alentours. Personne. La brunette est seule, redressée sur son lit, avec les mains dans les cheveux. Cette scène me rappelle la nuit où Pearl avait fait un cauchemar, et qu’elle s’était servie de mon torse comme si c’était un punching-ball.

— Euh, je… bafouillé-je en m’avançant vers son lit.

Lorsque je me tiens près d’elle, le bruit de ses sanglots parvient jusqu’à mon ouïe. Je suis persuadé qu’elle a fait un mauvais rêve. Ses membres sont tremblotants, et je peux déceler ses efforts pour ne pas hurler.

— Pearl… T’es sûr que ça va ? demandé-je avec hésitation.

D’un geste vacillant, elle lève les yeux vers moi. Ses joues sont empourprées, ainsi qu’ensevelies de larmes. Je contracte la mâchoire à la vue de son sourire forcé.

— J-Je vais bien… admet-elle. Je vais toujours bien.

Ses paroles sonnent tellement faux. Je pense qu’il est inutile de dire qu’elle ment. C’est incontestable. Le tonnerre retentit, provoquant un sursaut de la part de Pearl. Mine de rien, je sais qu’elle est effrayée. Mais, par quoi ? Aucune idée. En tous cas, ce n’est pas simplement à cause du mauvais temps.

— Tu me prends pour un con pour croire à ça ? gueulé-je en faisant preuve d’un sérieux renversant.

Elle baisse la tête, et hésite quelques secondes.

— Désolée de t’avoir réveillé… Tu peux t’en aller, maintenant, murmure-t-elle en s’allongeant pour vraisemblablement dormir.

Je rêve ou elle vient d’ignorer mes propos ? Ça ne marche pas comme ça avec moi ! Avec aisance, je m’assois sur le matelas blanc, et m’adosse contre la tête du lit. Instinctivement, Pearl se retourne avant de me regarder comme si je suis un Alien. Pendant ce temps, je croise tranquillement mes bras contre mon torse.

— Qu’est-ce que– !

— Tu es vraiment difficile à cerner, Pearl, affirmé-je brusquement.

Mes mots l’ont laissée sans voix. Elle ne comprend sûrement pas pourquoi j’ai dit cela – en fait, moi-même je ne comprends pas ce qui m’a pris de dire ça… Peut-être qu’au fond, cette phrase représente exactement ce que je ressens à son égard. Je n’arrive pas à distinguer clairement sa personnalité, ni même à anticiper ses intentions. Elle est un mystère absolu. Et c’est vraiment perturbant.

— Comment ça se fait qu’à certains moments tu es provocatrice et violente, et qu’à d’autres moments, tu es sensible et anodine ? formulé-je en fronçant les sourcils. T’es lunatique, ou quoi ?

Pearl soupire, une seconde fois, et se redresse pour obtenir la même position que moi.

— Ce serait plutôt à moi de poser ce genre de questions. Tu n’es pas non plus facile à cerner ! déclare-t-elle en me fixant longuement. Comment ça se fait qu’à certains moments tu es connard, et qu’à d’autres moments, tu es encore un connard ?

— C’est simple. Je suis un connard, rétorqué-je sereinement. À toi de répondre à ma question maintenant.

Elle souffle, tout en mettant ses cheveux en bataille. Je pense que ma justification n’est vraiment pas valable selon elle.

— Il doit bien y avoir une raison pour que tu te comportes comme ça !

— Ouais, il en existe une. Mais, tu peux toujours rêver que j’te la dise, lui lancé-je sèchement.

Technique de séduction 21 : en cours. Vous vous demandez probablement ce que cela signifie, non ? Eh bien, estimez-vous chanceuse/ou chanceuse ! Pourquoi ? Tout simplement, car, je vais vous expliquer.

Comme vous le savez bien, le jeu des Bad Boys n’est toujours pas fini. Pour les personnes ayant une mémoire comme Dory, mon but est de séduire la chieuse ! Et je ne compte pas abandonner. OH QUE NON ! C’est plutôt le contraire, je commence à utiliser les fameuses techniques. Celle dont je m’apprête à exécuter consiste à fournir à la victime – autrement dit, Pearl – une explication sur le pourquoi du comment de ma personnalité de salopard. Ainsi, elle va éprouver de l’empathie pour moi, et va naïvement croire qu’elle est la seule personne à qui j’ai avoué cela !

Magnifiquement diabolique, n’est-ce pas ? Carrément !

Par contre, afin de garder une part énigmatique, je ne compte pas avouer directement l’origine de mon caractère exécrable. Il faut que ça soit crédible ! Je ne vais quand même pas confesser des trucs sur moi : là, maintenant. Tout ceci doit être subtil, et non, brusque. Sinon, elle risque de ne pas comprendre mon envie soudaine de lui révéler mes ressentis !

Un véritable Bad Boy est introverti. Il n’est pas supposé révéler ce qu’il éprouve au plus profond de son être : et encore moins sur un simple coup de tête.

Mes yeux marron convergent vers ses iris d’un bleu glacé. Bien que sa compagnie ne m’est pas rare, mais plutôt, étouffante, son regard reste toujours aussi déstabilisant – et dévastateur. Je n’arrive pas à m’en découdre. Malgré la noirceur inondant les environs, je peux parfaitement distinguer son visage, ses pommettes creuses, ses lèvres pulpeuses, et son teint pâle.

— Quelque chose m’échappe, fis-je en fronçant légèrement les sourcils. Si tu connais ma réputation de connard, dans ce cas, pourquoi tu étais heureuse à l’idée d’habiter avec moi ?

Étant donné que ça date de précisément quinze jours, je ne sais pas si vous vous en souvenez : c’était lors de ma première conversation avec Pearl, celle-ci m’avait avoué qu’elle ressentait une impression positive en ce qui concerne mon emménagement chez elle – dès le moment où j’ai manqué de respect à Elena, cette impression s’est totalement dissipée !

— Hum… Ça, c’était avant que tu ne me sautes dessus, me dit-elle tandis que je souris en me remémorant cette scène. Et puis… Je n’étais pas vraiment heureuse, en fait. C’est juste que j’étais intriguée, on va dire. Enfin, euh… C’est compliqué à expliquer.

— Hein ?

— Je sais beaucoup de choses sur toi. Plus que tu ne pourrais l’imaginer, a-t-elle dit en examinant le plafond étant rempli d’étoiles fluorescentes. Et ce, avant même de t’avoir rencontrer.

Elle ne sait strictement rien de moi. Ce n’est pas en lisant des articles à la con qu’elle peut considérer ses informations comme étant vraies. Personne ne me connaît véritablement. Pas même Thalia. Je ne suis pas le genre à m’ouvrir aux autres. Je ne l’ai jamais été, et je le serais probablement jamais. Toutes mes sombres pensées, mes sentiments, mes émotions sont condamnés à ne pas être dévoilé. Certains individus pensent me connaître – comme mes fans,ou bien les journalistes – mais, en réalité, ils se trompent sur toute la ligne. C’est pathétique.

— Prouve-le.

J’appuie ma tête contre le mur, tandis que je peux deviner que son regard est rivé sur moi.

— À quoi bon ? Je n’ai rien à prouver, grommelle-t-elle. J’ai prêté serment de ne jamais divulguer les informations se rapportant à ta personne.

Bah, voyons. Elle a prêté un serment ! C’est la pire excuse que je n’ai jamais entendue. Il est clair qu’elle ment. Pearl ne connaît rien. Le contraire m’aurait étonné. De toute manière, elle est comme tous les autres : loin de la vérité. Un rire bourré de sarcasme résonne dans toute la pièce. C’est déplorable.

— Pourquoi tu rigoles ? demande-t-elle.

Je souris de manière perfide, et prends la parole :

— Tu bluffes. En vrai, tu ne sais rien, n’est-ce pas ?

— Non. Bien sûr que non ! Pourquoi je ferais ça ? s’exclame-t-elle avec stupéfaction.

— J’en sais rien. À toi de me le dire.

Elle grogne en jouant frénétiquement avec ses bracelets se tenant sur ses poignets, pendant que je la regarde attentivement. Mes yeux s’attardent sur son pyjama que je n’avais pas encore remarqué depuis mon arrivée. Putain, mais il est moche ! Les motifs sont laids, la couleur est immonde, et la texture du coton semble répugnante ! Elle aurait quand même pu faire un effort en achetant des pyjamas jolis et sexy. Ow… Une image perverse me vient en tête. AAH ! Je secoue vigoureusement de la tête pour éloigner cette pensée.

— Oh, et puis merde ! rouspète-t-elle. Euuh… Je sais que tes parents morts assassinés quand tu avais onze ans !

— C’est moi qui te l’aie dit, imbécile !

— Ah, mais oui ! Hum, je sais que… Bah, attends. Laisse-moi réfléchir, bégaye-t-elle en faisant mine de penser.

Je roule des yeux en sachant pertinemment qu’elle va me dire un tas de ragots sur moi : ceux qu’on peut entendre à la télévision. Pearl lève la tête vers moi, manifestement indécise. C’est comme si le simple fait de parler devait impliquer un effort surhumain.

— Alors, tu as trouvé ? grincé-je d’un air ennuyé.

Elle hoche laconiquement de la tête. Sa bouche s’ouvre, mais se referme aussitôt. Oh, que vois-je ? Pearl Hopkins abandonne ! Honnêtement, je m’y attendais à mieux venant d’elle. Je suis assez déçu.

— Je n’y arrive pas, balbutie-t-elle.

— Et pourquoi ça ? sourié-je. Tu ne veux pas avouer que j’ai eu raison, hein ?

— Tu te goures complètement, Devon… C’est juste que je n’ai pas envie de te rappeler ton passé.

— Ouais, c’est ça.

Je me lève, pour m’orienter vers la porte. Cette conversation ne mène à rien. La pluie diluvienne persiste, brisant ainsi ce silence maussade. Alors que mes pas touchent le parquet, provoquant de légers grincements, la foudre éclate. Et c’est là que la voix de Pearl retentit. Mon sang afflue à un même point. Tandis que mes membres anesthésient âprement. Son ton est pratiquement inaudible, mais malgré tout, je peux nettement entendre chacun de ses mots.

— Je… Je sais qu’après le meurtre de tes parents, tu es entré dans une sorte de dépression. Et que… tu étais resté muet pendant près de deux mois, avant de faire une tentative de suicide. Je sais que tu as fugué trente-huit fois du domicile de ta tante. Je sais que tu es devenu boxer car ton père l’était. Je sais que…

— Arrête… S’il te plait, arrête, chuchoté-je à voix basse en fermant les yeux.

Quelques fractions de seconde plus tard, j’inspire profondément, et ouvre les paupières. Je retourne vers elle, et à mon grand malheur, je découvre cette expression-là : de la désolation. Un sentiment d’amertume se propage dans mon organisme. Je hais ce regard de tristesse. Ça me dégoûte. Je n’ai pas besoin qu’on éprouve de la pitié pour moi.

— Il est tard. Tu devrais dormir, proposé-je doucement avant de reprendre ma route vers l’extérieur de sa chambre.

— Attends, Devon ! Tu es sûr que ça va al– ?

— Je vais bien, ne t’inquiète pas, la coupé-je.

À ces mots, je claque calmement la porte derrière mon dos, m’adosse contre le mur, jusqu’à finir par être accroupi.

« Je vais bien. »

De toute évidence, Pearl n’est pas la seule à mentir en prononçant ces trois mots.

✽✽✽

Putain, fuck, joder, scheiße !

Je suis multilingue. Épatant, vous ne trouvez pas ? Enfin, bon. Peu importe. Je ne vais pas m’éterniser sur ce sujet ! Il faut que vous sachiez que nous sommes le onze décembre : en d’autres termes, les Hopkins accueillent un enculé – oups, je voulais dire invité. Qui est-ce ?

Roulement de tambour.

Il s’agit de ce maudit Keegan ! Vous vous en rappelez ? Et si je vous disais : tapette, message, potentiel crush de Pearl. Ça y est ? Bien !

Pour fêter sa soi-disant venue en ville, Elena a eu la satané idée d’inciter ce type à venir dîner chez elle ! Bordel. Et le pire dans tout ça, c’est qu’aussi étonnant soit-il, Pearl et moi avions commencé à avoir une bonne entente depuis le soir où elle avait fait un second mauvais rêve.

MERDE, J’Y ÉTAIS PRESQUE ! Maintenant que ce Keegan vient faire irruption dans la vie de Mini-Hopkins, ça risque de chambouler tous mes plans. AAAAH ! Fais chier.

— Pacco… réprimé-je en soupirant longuement. Arrête de faire caca sur papa !

Oh, j’oubliais. Ce petit rongeur à la con est devenu mon nouveau fils. Vous vous demandez sûrement pourquoi ce soudain amour pour ce merdeux, non ? Eh bien, ce n’est pas compliqué. Étant donné que je suis constamment en sa compagnie, j’ai commencé à l’apprécier. Même si aux premiers abords, ça n’a pas du tout collé entre nous : désormais, j’adore cette bestiole. Plus les jours passent, plus je parviens à trouver de l’affection pour lui – notamment grâce au fait qu’il chié toujours sur Pearl. C’est tellement marrant !

— Si tu es le père, dans ce cas, je me demande qui est la mère, murmure la lieutenante Hopkins en toussant légèrement pour dissimuler ses paroles.

— N’y pense même pas, lui dis-je en la fusillant du regard.

Elle se contente de se marrer, apparemment satisfaite m’avoir agacé. Je roule intentionnellement des yeux, et lorsqu’elle s’apprête à prendre la parole, la sonnerie de la porte d’entrée retentit. Par pur réflexe, je cours vers le hall d’entrée pour ouvrir la porte… Et c’est à cet instant que je me retrouve confronté à lui.

— Enchanté, je suis Keegan ! Et je présume que–

ET BAM ! Je ferme la porte dans sa gueule angélique. Qu’il aille se faire foutre ! Décidément, ce dîner va être d’un ennui monumental. Malheureusement pour moi, ma moto est toujours stationnée devant la supérette minable. Donc, je n’ai aucune échappatoire.