Chapitre 10

CHAPITRE 10 Tous les événements se sont défilés à une vitesse affolante. Coups de pieds. Sauts renversants. Baffe phénoménale. Bref. Tout ça pour dire que mon combat contre cette bande de motards a été des plus mémorables. Croyez-moi ; c’est digne des plus grands films d’action hollywoodiens ! Étant donné que je suis face à une dizaine d’adversaires, cette lutte n’a pas été vraiment facile, puisque plusieurs personnes m’attaquaient en même temps. Mais malgré ça, il est évident de me qualifier comme étant le gagnant de cette bagarre sanglante. Tout simplement, car je suis largement plus fort que tous ces malabars à la con. C’est incontestable. Ils sont comme Calvin, c’est-à-dire, un simple tas de muscles. Aucune logique dans leur petit cerveau… Ils sont tous débiles, du moins, à l’exception près. L’un d’eux est un pur salopard – assez malin, je dois l’admettre ! Pourquoi ? C’est simple. Il détient injustement un objet tranchant. De ce fait, je suis blessé au niveau de l’abdomen. Super… La perte en abondance de mon sang explique parfaitement mon état. Et puisque la route entre le hangar et la maison des Hopkins est assez longue, la douleur n’a fait que de s’amplifier. Résultat ; j’emboite le pas vers l’allée de la baraque de Pearl en espérant que celle-ci ne soit pas endormie. Par ailleurs, sa voiture demeure à proximité du garage signalant sa présence au sein de la résidence. Dans le but de limiter la souffrance, je fais une pression sur la blessure. Ceci m’arrache instinctivement un cri de douleur. Bordel. Fais chier ! C’est un miracle que je sois parvenu à me rendre jusqu’ici en moto, alors il est hors de question que je reste bloqué sur le seuil de cet habitacle. Il est inconcevable que tous mes efforts soient détruits à néant, car la chieuse est en train de dormir paisiblement ! Avec force, j’abaisse la poignée, et HALLELUJAH. La porte n’est pas fermée à clé. Dieu merci. C’est avec une lenteur époustouflante que j’entre dans la demeure avant de finir par m’effondrer brutalement contre le parquet glacial. Ma vivacité d’énergie s’est entièrement estompée. Je suis clairement exténué. La vive douleur se trouvant dans mon abdomen me consume lentement de l’intérieur. Une chance que je sois habitué à ce type de blessure ! Selon moi, elle n’est que superficielle. C’est seulement le fait que mon sang diminue qui me rend si engourdi. J’irais beaucoup mieux demain. C’est une certitude ! Avec une masse d’antidouleur dans l’estomac, tout va bien se passer. Être un boxeur n’est pas si facile ; si l’on n’arrive pas à encaisser les coups ; notre carrière foutue. Il faut constamment se relever et résister à la souffrance. Même ceci pourrait aggraver notre état de santé, quitte à devenir mortel, nous devons continuer à donner le meilleur de nous-même. Lorsque l’on se bat dans des combats illégaux, organisés dans un hangar au beau milieu d’une forêt ; forcément, les conditions de sécurité des boxeurs ne sont pas optimisées. Plusieurs personnes ont succombé aux frappes, bien que ceci ne soit pas particulièrement médiatisé. — OH BORDEL ! Devon, c’est toi ? hurle Pearl en se précipitant vers moi. Bah, oui. C’est moi. Bruh. Elle est aveugle, ou ça se passe comment ? Non, sérieusement ! C’est la question la plus débile du monde. Instinctivement, je lève les yeux vers elle avec l’expression faciale exprimant : nan, sans blague, Sherlock ? Bien sûr que oui, je suis DEVON ! Comment peut-elle ne pas être sûre de me voir, moi, spécimen doté d’une beauté sensationnelle ? C’est scandaleux… Tout compte fait, je pense que ses paroles n’étaient pas une véritable question. Elle a seulement été étonnée de me découvrir dans un tel état, c’est-à-dire, affaibli. Ohh, ceci est bien plus plausible comme hypothèse ! Sans plus tarder, elle m’aide à me relever en mettant mon bras au-dessus de ses épaules, et sa main sur ma taille. Avec difficulté, on monte les escaliers jusqu’à arriver dans une chambre. — Putain, M. Underwood va me tuer, crache-t-elle d’une voix si basse qu’elle est presque inaudible. Qui est M. Underwood, au juste ? Vu que je suis fatigué, ma fainéantise stoppe toutes pensées à propos de ce certain Underwood. Pearl me dépose délicatement sur un lit – qui n’est pas le mien. Et après les observations de la pièce, j’en viens à conclure qu’il ne s’agit de pas de ma chambre, mais de la sienne. — Attends, reste-là. Je vais chercher la trousse de secours, informe-t-elle avant de quitter la pièce. Franchement, elle a vraiment cru qu’avec mon état, je pourrais partir d’ici ? Il ne faut pas abuser non plus. Je ne suis pas comme Itchy et Scratchy dans les Simpson ; autrement dit, invincible. Pearl revient, cette fois-ci avec les bras chargés de sac, afin procéder au premier soin. Elle s’avance vers moi, et brusquement, elle dit une phrase qui me laisse sans voix pendant un court instant. Jamais, ô grand jamais, je n’aurais cru entendre cela venant d’elle ! C’est du moins inattendu… Et c’est peu de le dire. D’un ton ferme, elle déclare : — Déshabille-toi. Ça porte réellement à confusion, hein ! Voyant ma stupéfaction, elle analyse davantage sa réplique. Et c’est là que son teint vire aux rouges pivoines. — Merde, non ! Je veux dire, enlève juste ton haut. Et rien d’autre ! reprend-t-elle en essayant de se rattraper. — Mouais, lancé-je en souriant sadiquement. J’enlève ma veste en cuir suivi de mon haut, pendant ce temps, Pearl s’est tournée vers la porte. De ce fait, elle n’a pas pu voir ce magnifique spectacle pouvant être d’une sensualité extrême. Quelle petite nature celle-là ! — C’est bon, tu peux regarder. Elle se retourne, et c’est là que son regard s’arrête malencontreusement sur mon torse. Elle déglutit avant de converger ses yeux bleus dans ma direction. — Va falloir que je recouse la plaie, dit-elle en posant ses sacs sur son bureau. Et crois-moi, ça ne va pas être très agréable. — Ok, dis-je en attendant qu’elle sorte tous ses ustensiles nécessaires. Elle revient vers moi avec

Chapitre 9

CHAPITRE 9 Hein ? Je l’interroge du regard pour lui faire comprendre mon incompréhension, bien que j’aie une petite idée du raisonnement de ses propos. Soudain, un second bruit retentit. Mes hypothèses se transforment en conviction. UNE PERSONNE EST À L’ÉTAGE, OH MON DIEU ! Étant donné que nous sommes dans la baraque d’une flic, ceci m’est totalement illogique. Sincèrement, quel con voudrait entrer par effraction chez une lieutenante de police ? Ça n’a aucun sens ! Et là, comme un déclic, je me souviens de la fois où Mme Hopkins m’a fait remarquer que des cambrioleurs viennent souvent chez elle. Alors, là ; ils ont été rapides ! Ça fait à peine cinq jours que je squatte ici. Je suppose que ce genre d’arrivée à l’improviste est fréquente dans la demeure des Hopkins, puisqu’en vue des circonstances de la situation, Pearl n’a pas l’air si effrayée… C’est louche tout ça. — Tu sais te battre ? demande Pearl en chuchotant. Elle n’est pas sérieuse là, si ? Non, mais franchement ; elle se fout ouvertement de ma gueule ! Je n’arrive pas à y croire. Bien sûr que oui : je sais me battre ! Bruh. Et je suis le meilleur dans cette discipline. Ce n’est pas pour rien qu’on me considère comme une légende urbaine ! Je suis carrément un dieu en ce qui concerne les sports de combat. Personne ne peut contredire cette vérité. — À ton avis ? déclaré-je, avec lassitude, en retirant sa main de mon visage. — Bref, peu importe ! Prends soin de Pacco, je vais me débarrasser des intrus. Et en aucun cas, tu montes à l’étage ! Je m’en occupe, dit-elle avec détermination. Elle me donne la touffe de poils, avant de courir rapidement vers les escaliers. Pendant ce temps, je reste là ; debout, droit comme un piquet, à ne rien faire. Mes yeux s’abaissent un instant sur l’écureuil. Il dort paisiblement. Je le secoue légèrement dans la détermination de le faire chier. Et puis, catastrophe, un excrément s’échappe de son mini fessier. PUTAIN ! Je n’avais pas pensé à chier dans ce sens-là. Quel bâtard ! Il aime faire caca de partout ou ça s’passe comment ? — Méchant Pacco, méchant ! grogné-je en le fusillant du regard. Si tu continues, au menu, ça sera soupe à l’écureuil, est-ce je suis suffisamment clair ? Oh, bordel. Je parle à une bestiole à la con. Mon état mental commence sérieusement à dégénérer ces temps-ci. Faut vraiment que j’aille me faire soigner ! Hors de question que je devienne bizarre comme Pearl et Mme Hopkins – communément appelée, Elena. — Viens, on va voir ta mère. Elle est sûrement en train de se faire laminer par un cambrioleur, dis-je calmement. Alors que je m’apprête à monter les marches d’escalier, le sentiment d’être surveillé frissonne en moi. Je me retourne en mettant en élévation mon coude, de ce fait, cette partie de mon corps est parvenue à amocher le visage d’un homme cagoulé. Étant donné que Pacco se tient dans mes mains, je suis contraint de me battre avec mes jambes. Par conséquent, j’entreprends un coup de genou dans le ventre de l’individu suivi d’une frappe dans ses bijoux de famille. Cette attaque lui est presque fatale. Il se cambre, et brutalement, il s’écroule par terre. Comme je vous le disais ; je suis le meilleur dans cette discipline qu’est le combat ! Rassurez-vous, mes chevilles vont parfaitement bien. La modestie fait partie intégrante de ma personnalité ! Assez bavarder. Je dois monter à l’étage pour refiler ce crétin de rongeur à Pearl. Et il faut que je me désinfecte mes mains. Une merde d’écureuil n’est pas des plus propres, hein. C’est vraiment moche. Un peu comme les pyjamas de Pearl, par ailleurs. Bref. Arrivé dans le couloir, j’émets directement un sursaut. Pourquoi ? Un corps vient d’être énergiquement projeté sur le mur. Je suis étonné. Ce n’est pas à cause de la violence, si c’est c’que vous pensez. En fait, je suis juste surpris que la personne en question ne soit pas Pearl. Je m’attendais à la voir en train d’agoniser, ou un truc dans le même style. Mais, ce n’est pas le cas, à mon plus grand étonnement. En parlant du loup… c’est là que je la vois. Elle s’avance vers la victime – qui n’est autre qu’un second cambrioleur – avec une dangerosité déconcertante. Son regard est sombre, presque noir. Ses petits muscles sont contractés, sa mâchoire est ferme, ses pas sont lents, sa respiration est ample et ses jointures sont pâles. Elle ne semble pas m’avoir remarqué, puisqu’elle est beaucoup trop préoccupée par le gars se tenant face à elle. D’un geste brusque, cette dernière saisit le col de l’intrus afin qu’il se lève. — C’est Blake qui t’envoie, n’est-ce pas ? dit-elle en faisant preuve d’un sérieux renversant. — Ouais… Et tôt ou tard, tu seras à lui, répond-il doucement. Bon, je pense qu’il est inutile d’ajouter que je suis complètement perdu. J’exige qu’une personne m’explique ! Je n’y comprends rien. Qui est Blake ? Ces deux-là auraient tout de même pu être plus précis ! Maintenant, il faut que je réfléchisse. Génial… Au bout de quelques secondes, j’abandonne. Ça ne sert à rien que je me torture le cerveau pour ça. Il suffit que je pose la question, non ? — C’est qui Black ? Instantanément, les deux paires d’yeux se braquent sur moi. Le cambrioleur semble être abasourdi en exprimant de la confusion et de la stupéfaction, tandis que Pearl semble vouloir me tuer – comme d’habitude, quoi. — Tu veux dire… Blake ? fit l’homme étant vêtu intégralement en noir. Ça doit être un gothique. Ouais, probablement. Je ne vois pas d’autres possibilités apparentes. — Ouais, craché-je, agacé qu’il puisse me rectifier. — Je t’avais dit de rester en bas ! crie Pearl, manifestement en rogne. — Mais, Pacco a fait caca, affirmé-je en désignant l’écureuil. Cette scène s’est déjà passée auparavant ! Mais, je ne m’en souviens plus quand… merde. C’est l’Alzheimer précoce ça. Bingo ! Je me rappelle ; c’était chez

Chapitre 8

CHAPITRE 8 Après que ma voix suave, presque envoûtante, ait retenti ; je recule d’un pas pour obtenir une distance approximativement correcte avec elle. Bien évidemment, son état second est proche de l’incompréhension. Mes propos n’ont pas vraiment été concrets, je présume. Alors qu’elle s’apprête à prendre la parole, la lieutenante Hopkins débarque dans le hall d’entrée. — Maintenant que vous êtes côte à côte. J’ordonne que l’un de vous se décide à m’expliquer ce qui s’est passé hier soir ! déclare-t-elle en s’adressant à Pearl et moi. Étant donné que je ne sais strictement rien en ce qui concerne les événements de la veille, je tourne la tête vers Mini-Hopkins. Par ailleurs, celle-ci a perdu toute sa crédibilité face à sa génitrice. Il faut savoir que l’officière Hopkins nous regarde avec une colère flamboyante. Ça en est presque effrayant. D’habitude, elle est plus douce, plus calme… Mais, là, c’est carrément le diable incarné ! Ça me fait penser à Thalia… Oh, quand j’y pense, il va falloir que je lui fasse une visite ! J’aimerais bien savoir comment elle se débrouille sans son beau et vaillant neveu préféré. Je suis certain qu’elle est en train de galérer. — Une personne s’est attaquée à lui, et voilà. C’est tout, dit calmement Pearl. Je pense que le tueur était présent, et que c’est lui qui a tiré une flèche dans son épaule. — Oh, merde ! La pointe a sûrement été empoisonnée, rétorque immédiatement Mme Hopkins. Cette dernière se précipite vers moi pour examiner la plaie se situant sous mon bandage. Je grimace légèrement, sous le regard paniqué de la policière bipolaire. Deux secondes plus tôt, elle me fixait comme si elle voulait me tuer, et maintenant, elle s’inquiète pour moi. Mais, elle est lunatique ! Sinon, ce n’est pas possible. — J’ai absorbé la substance narcotique, m’man. Il va bien, souffle Pearl. Ce n’était pas du poison, ne t’inquiète pas. — Narco-quoi ? dis-je en fronçant les sourcils. — Laisse tomber, crache-t-elle avant de se tourner vers sa mère. Hum, maman… Vu que la soirée a en quelque sorte dégénéré… Il faut que tu saches que j’ai utilisé les maîtrises. Je n’avais pas le choix… — Des gens t’ont vu ? interroge soudainement Mme Hopkins en lui coupant la parole. Mais, mais… C’EST QUOI ENCORE CE BORDEL ? Leur conversation est assez douteuse. — Oui, répond Pearl en baissant les yeux vers le sol. Mais lui, non. Il était tombé dans les vapes à ce moment-là. Clairement, cette fouine parle de moi. En plus de ça, elle n’hésite pas à me montrer vulgairement du doigt comme si j’étais une merde, ou un truc dans comme ça ! Bonté divine, je n’ai jamais eu autant de manque de respect de toute ma vie. Comment vais-je pouvoir vivre avec elle ? Et comment vais-je pouvoir faire en sorte qu’elle m’aime si elle agit ainsi ? En fin de compte, peut-être que le jeu de séduction des Bad Boys n’est pas aussi facile à tous les coups ! C’est un véritable défi. Et pour regagner ma fierté, je dois accomplir mon serment ; la faire tomber. Il est inconcevable que je puisse échouer. Je suis le plus fort à ça. Et tout le monde le sait, en particulier mes victimes qui ne sont pas vraiment sorties indemnes de cette malsaine manipulation. — Ok… d’accord, fit Mme Hopkins en réfléchissant. Il faut que je passe un coup de fil dans ce cas. Pendant ce temps, vous pouvez manger le gâteau qui se trouve dans la– Elle n’eut le temps de finir sa phrase que je me dirige rapidement dans la cuisine. Comme prévu, un joli gâteau au chocolat est disposé au centre de la table. Sans plus tarder, je m’assis sur l’un des sièges en ignorant le regard des deux Hopkins étant braqués sur moi. Elles sont sûrement en train de m’admirer ! Je ne vois pas d’autres hypothèses possibles. Je déguste une part de gâteau en songeant à me rendre chez Thalia, demain – puisqu’on va être dimanche et qu’elle ne travaille pas au supermarché, c’est le moment idéal ! ✽✽✽ — UN ÉCUREUIL, ARRÊTE-TOI ! crie Pearl, manifestement affolée. BORDEL DE MERDE ! J’appuie sur le frein en soupirant bruyamment. Qu’est-ce qu’elle est chiante, putain ! Pearl ouvre la portière de sa voiture et se précipite vers le devant du véhicule. J’attends, tout en fixant les alentours. La brunette rentre à nouveau dans l’automobile pour s’installer dans le siège du copilote ; en tenant délicatement une boule de poils. J’examine la merde dans ses mains en remarquant qu’il s’agit d’un bébé écureuil en piteux état. — C’est quoi ce truc, là ? dis-je en redémarrant le moteur pour m’orienter vers la maison de Thalia. — Ferme-la et conduis. T’as de la chance que j’me retiens de t’étrangler pour avoir blessé cette pauvre bête, lance-t-elle en me fusillant du regard. Ne pas la tuer, Devon. NE PAS LA TUER ! Vous vous demandez probablement pourquoi je me retrouve dans la voiture de Pearl pour me rendre chez ma tante, non ? C’est simple. Ma moto est encore garée près du hangar. Donc, je suis obligé de me déplacer avec une bagnole horrible égalable à une vieille épave. Et vu que je ne fous rien chez les Hopkins, j’ai décidé de me taper l’incruste chez Thalia. Mais, puisque j’utilise le moyen de transport de l’autre chieuse, celle-ci n’a pas suffisamment confiance en moi pour me l’a confié sans sa présence. Résultat ; elle m’accompagne. Génial… notez, une nouvelle fois, le sarcasme. — N’oublie pas de rester dans la voiture, remarqué-je en constatant que nous sommes bientôt arrivés à destination. — Ouais, ouais. J’ai compris, grogne-t-elle. Après m’être garé dans l’allée, je sors de l’automobile en m’orientant sereinement dans la demeure de Thalia. Je toque plusieurs fois, et soudainement, la porte de mon ancien habitat s’ouvre. Brusquement, ma tante apparaît sur le seuil de l’entrée. Son teint est blafard, mais pour le reste, elle n’a pas changé. Toujours aussi ravissante – pour son âge. — DEVON

Chapitre 7

 ✽ Le plan d’évasion de Pearl est CATASTROPHIQUE. Il aurait mieux fallu que je me débrouille seul, comme j’en ai l’habitude. Tout serait plus simple. — Où vous allez comme ça ? demande l’officière Hopkins en nous fusillant du regard. — Ça ne te concerne pas. — Ne t’inquiète pas maman, je gère ! dit Pearl avec enthousiasme. Tu peux me faire confiance, non ? — Je te fais confiance, mais pas lui, lance Mme Hopkins en me désignant vulgairement du doigt. Tâche de faire en sorte qu’il va bien, c’est clair ? Protège-le. Ma conscience est dans un fou rire incessant ! Sérieusement, ceci est vraiment la blague de l’année. J’hallucine. Comment un petit cure-dent dans son genre pourrait me protéger ? C’est le monde à l’envers. Cette fille ne sait même pas se battre ! Moi j’dis : protection défaillante. Les services fédéraux m’ont donné à deux femmes incapables ! Ça à un impact sur ma fierté. Ils auraient tout de même pu m’accorder les meilleurs agents du pays. C’est clairement du foutage de gueule ! — Tu me donnes ton accord pour les maîtrises ? fit brusquement Pearl avec une lueur d’espoir. Je n’y comprends rien. C’est quoi ce bordel, encore ? — Non, répond sèchement sa mère. Tu dois attendre tes dix-huit ans, Pearl. Bon. C’est officiel ; je suis complètement perdu. Bref, peu importe. Je monte sur ma moto, avant de faire grogner le moteur. Lorsque la discussion mère et fille s’achève, Pearl se dirige vers moi pour s’installer derrière moi. Sous le regard de la lieutenante Hopkins, je m’engage sur la route pour me rendre dans le hangar regroupant de la musique, de la drogue, des filles et de la boxe. Autrement dit, tout ce que j’aime. L’emprise de Pearl autour de mon torse s’accentue davantage, tandis que je me questionne sur sa conversation avec sa génitrice. Qu’a-t-elle dit pour avoir l’accord de sa mère ? Enfin, je veux dire… Un parent ayant un minimum de bon sens ne laisse pas sa fille avec un délinquant connu par la police à cause de ses antécédents peu flatteur ! Décidément, cette officière Hopkins n’est pas normale – ainsi que sa fille. Rectification. Cette famille est bizarre ! C’est évident qu’elles cachent un secret ; et je compte bien le connaître ! Arrivés à destination, j’arrête mon véhicule devant le hangar, sous les regards de plusieurs laiderons. Alors que j’enlève mes clefs pour les enfouir dans ma poche, Pearl tente de garder son équilibre. — DEVON ! Cette voix féminine étant assez aiguë, je pourrais la reconnaître entre mille… Kendall. Vous vous souvenez ? Et si je vous disais : blonde, sexy, petite-amie numéro un. Ça y est ? Cette dernière se dirige en grande enjambées vers moi, provoquant le mouvement de ses seins au passage, comme dans les films avec les meufs en maillots de bains. Ne vous méprenez pas, je ne regarde pas ce type d’émission télévisée ! Quoi que… Enfin, bref. Je m’égare totalement. Où en étais-je déjà ? Ah oui ! Kendall s’oriente à mon égard, et un détail attire mon attention. Non, ce n’est pas ses obus. Non, ce n’est pas sa tenue bandante. Vous avez complètement tort ! Il s’agit du gars à ses côtés. Un vrai malabar. Vous voyez le genre… afro-américain, baraqué, avec un physique imposant. — C’est de cette pétasse que je te parlais, Calvin ! dit ma petite-amie, tout en montrant du doigt, Pearl. Ledit Calvin, s’approche dangereusement de mini-Hopkins. Par ailleurs, celle-ci s’est enfin ressaisi de notre petite virée en moto. Quand ses prunelles croisent le malabar, un soupir de frustration s’échappe de ses lèvres entrouvertes. Pendant ce temps, Kendall tente de se blottir dans mes bras, en vain. Je ne fais pas attention à sa personne. Étant donné que je suis obnubilé par la scène qui s’offre à moi. Une intuition me dit que Pearl pourrait potentiellement montrer sa véritable nature. Étrangement, à cet instant précis, j’ai le sentiment qu’elle sait se battre – bien que j’ai affirmé tout le contraire, plusieurs minutes plus tôt. — Tu t’es attaquée à la mauvaise personne… déclare Calvin à voix basse à l’intention de Pearl. — C’est qui, lui ?  Je prends soin de m’éloigner d’elle dans le but de pouvoir mettre mes mains dans les poches. Même si je suis intrigué et confus par la tournure des événements, mon visage n’exprime rien d’autre que de l’ennui. Comme d’habitude. — C’est l’ami de Selena, répondit-elle avant de reprendre la parole en diminuant la tonalité de sa voix. Il pense naïvement que c’est cette connasse qui a incité sa petite-sœur à se suicider. — Et elle s’est vraiment suicidée ? interrogé-je en faisant référence à la petite-sœur de Calvin. — Ouais, la semaine dernière. C’est lui qui a découvert son corps, alors crois-moi, cette fille n’a aucune chance de survivre, dit Kendall en regardant intensément Pearl. Oui, je vous l’accorde. Petite-amie n°1 est carrément cinglée, surtout lorsqu’il est question de jalousie. Ah la la… Si elle s’avait que je me tape une de ses meilleures amies ; c’est sûr qu’elle aurait des envies meurtrières. Malheureusement, la malchance s’est abattue sur la jolie brune puisqu’elle est victime de la haine abominable de Kendall. — T’es folle, grommelé-je en contractant ma mâchoire. Mes yeux convergent vers l’entrée du hangar. Désormais, une foule de personnes entourent Calvin et Pearl. Un combat imminent s’annonce. Et quelques personnes sont déjà en train de parier sur le gagnant. Pathétique… Je ne bouge pas en me contentant d’observer l’avancée de ce futur match. Puisque 99% des gens, ici présents, ont peur de moi – le pourcentage restant n’est autre que Pearl – personne n’ose me bousculer. Donc, un espace libre se trouve autour de moi. Ainsi, je ne suis pas gêné par tous ces êtres inférieurs. — Oui. Je suis folle de toi, remarque Kendall en riant bêtement. À l’entente de ses paroles, je roule intentionnellement des yeux. Tellement niais comme répartie, ew. Alors que je soupire légèrement, j’aperçois Calvin saisir brutalement le cou

Chapitre 6

✽ Tic. Tac. Tic. Tac. L’heure tourne, et pourtant, je ne dors pas. À force, ceci est devenu une habitude. Mes paupières sont ouvertes depuis une bonne vingtaine de minutes, et mes pensées sont constamment centrées sur mon séjour ici. Quand vais-je partir ? Il existe autant de chances de me barrer de cette résidence dans deux jours, que dans deux mois. Il m’est impossible de prédire la durée de ce programme de protection des témoins. Ugh. Je souffle longuement dès que je me rends à l’évidence que je vais partir dans longtemps. Fais chier… Les policiers de cette putain de ville sont tous des incompétents ! C’est certain qu’ils ne sont pas prêts de capturer le meurtrier avant un bon bout de temps. De ce fait, mon départ ne risque pas d’être proche… Je vais devoir me coltiner une flic, beaucoup trop joyeuse à mon goût, et sa fille, étant une fouineuse de première ! Génial… notez le sarcasme. — Devon ? entendis-je soudainement. Tu es réveillé ? Suite à ça, je me retourne en voyant qu’il s’agit de Pearl. Cette dernière est actuellement appuyée contre l’embrasure de la porte, vêtue d’un jean noir, d’un haut blanc et d’une veste en cuir noir. Une chemise à carreaux rouge et noir se tient sur ses hanches, et un sac de cours est situé sur son dos. Bref. Tout ça pour dire qu’elle ne porte plus son affreux pyjama. — Qu’est-c’tu veux, putain ? Bien que mon attitude ne le montre pas, je suis vif d’énergie. En outre, je pète la forme ! Avec une lenteur époustouflante, je me redresse, dévoilant ainsi mes abdominaux parfaitement bien dessinée. Je mets mes cheveux en bataille, sous le regard de Pearl. Malgré ses airs d’indifférence, je sais qu’elle est complètement subjuguée par mon charme sensationnel. Écoutez, c’est simple. Je suis beau. Même Apollon est jaloux de ma beauté envoûtante ! C’est un fait, une vérité générale. Personne ne peut nier cette flagrante certitude. — Tu pourrais m’emmener au lycée, s’il te plait ? propose-t-elle, gentiment. Elle me fixe avec insistance, tandis que je contente de répondre : — Non. — Ma voiture n’est pas là ! Du coup, je vais… rétorque-t-elle en hésitant à franchir un pas dans ma chambre. En fin de compte, elle reste au pied de la porte. Je me lève de mon lit, en remarquant qu’elle s’oblige inévitablement de ne pas succomber à la tentation de contempler mon sublime torse. Tant d’innocence, ew. Ça se voit qu’elle n’y est pas habituée. — Démerde-toi. Tu n’avais pas qu’à me suivre hier soir. — Mais… grogne-t-elle pendant que je passe à côté d’elle pour partir dans la salle de bains. Arrivé près du lavabo, je ne tarde pas à me brosser les dents, et de me laver brièvement le visage. Pendant ce temps, je peux clairement voir le regard noir presque meurtrier de Pearl étant reflété sur le miroir se situant face à moi. Lorsque je finis ma routine matinale, je prends possession d’une serviette pour m’essuyer mon visage. Après ça, mes pupilles s’arrêtent sur ses putains d’yeux bleus. Bien que ça soit difficile à admettre, ceci me déstabilise légèrement. — Arrête de me regarder, dis-je brusquement. — Pourquoi ? Ça te rend mal à l’aise, n’est-ce pas, hein ? dit-elle, fière d’elle. — Nan, c’est juste que tu ressembles à une psychopathe. Et encore une fois, elle me regarde d’une manière indescriptible. C’est comme si elle venait d’inventer dans sa tête ma mort ou un truc dans l’genre. Croyez-moi, si un regard pouvait tuer, je serais mort depuis bien longtemps. Ça fait à peine un jour que l’on se connaît ; et j’ai l’impression que je suis la personne qu’elle déteste le plus au monde. Sachez que même si ça ne se voit pas, j’aime bien cette fille ! Du moins, je crois. Je ne saurais dire si cette dernière m’énerve, ou m’intrigue. C’est assez confus dans ma tête. — Ahah, très drôle, souffle-t-elle sans grande conviction, avant de changer complètement de sujet. Allez, faut que tu m’emmènes au lycée ! J’ai pas envie d’être en retard ! — La flemme ! Demande à ta mère. Fais-moi pas chier là ! riposté-je en posant ma serviette par terre. — Si elle était là, je ne serais pas en train de te parler, bruh ! dit-elle en roulant des yeux. (Mais, elle se prend pour qui pour rouler des yeux devant moi ? BORDEL DE MERDE ! Je suis DEVON. AAAH !) Si tu m’emmènes, je t’aiderai à fuir ce soir, continue-t-elle d’un ton convaincant. — Je n’ai pas besoin de ton aide pour me barrer d’ici. Je peux très bien le faire seul. — Ma mère sera de garde, alors tu n’as aucune chance de partir sans être remarqué. N’oublie pas que c’est une lieutenant de police ! informe-t-elle. Ah, ça. Par contre, je n’y ai pas pensé. Peut-être devrais-je accepter ? Je n’en sais rien. D’habitude, je ne me résigne jamais à une aide. Tout simplement, car je préfère être seul, ainsi que dépendant de moi-même. J’hésite quelques secondes. Des débats s’installent dans mon esprit tandis que je liste les pour et les contre. Finalement, je me rallie à son soutien. — J’accepte. — Génial ! s’écrie-t-elle en sautillant brièvement. Dépêche-toi, on part dans dix minutes ! Moi… me dépêcher ? Laisse-moi rire. C’est avec une lenteur époustouflante que je me dirige dans ma chambre afin de m’habiller simplement. Alors que j’ai fini de me préparer, je m’assois sur le rebord de mon lit pour regarder les messages que j’ai reçus cette nuit. 5 messages, et 8 appels manqués. Tous venaient de Kendall. | Petite-amie n°1 – 20:18 | Hey ! T’es où, mon bb ? Je pense qu’il est pertinent de dire que j’ai plusieurs copines. Mais bon, on va dire que la principale petite-amie est Kendall – parce qu’elle est bonne ; tout est dit. Bien que la deuxième, c’est-à-dire, Selena, n’est pas plus mal non-plus. | Petite-amie n°1 – 21:03 | DEVOOOON ! Je te cherche de partout, où t’es ? 🙁 | Petite-amie n°1 – 21:32 | C’EST

Chapitre 5

✽ C’est impossible. Cet enculé de tueur ne peut pas être là : dans cet hangar. C’est tellement inconscient de sa part de venir dans cet endroit alors que des tonnes de potentiels témoins oculaires sont présents. Après maintes réflexions, une hypothèse s’offre à moi. — Tu te fous de ma gueule, là ? demandé-je d’un ton nonchalant tandis qu’Aaron me regarde avec des yeux grands ouverts. — QUOI ? MAIS NON ! hurle-t-il, visiblement outré par mes précédents propos. Aaron, étant de nature blagueur, serait capable de me faire une farce en m’annonçant la venue d’un meurtrier dans l’unique but de m’effrayer. Par conséquent, je ne peux pas discerner le vrai du faux. Ugh. — Je te jure que si tu mens, je t’arrache les couilles !  — Bordel Devon ! Je ne mens pas ! Je te jure sur la tombe de ma mère que c’est la vérité, dit-il en faisant preuve d’un sérieux presque renversant. Tu dois t’en aller, je t’en prie ! Il ne doit pas savoir que tu es ici. Alors pars, tant qu’il est encore temps. Je ne bouge pas, et me contente d’analyser ses paroles. C’est sûr ; Aaron ne ment pas. Jamais il n’oserait mettre en jeu la plénitude de sa mère étant actuellement morte et enterrée, depuis près de six mois. Même pour une blague – qui plus est, de mauvais goût – il ne le ferait pas puisqu’il tient beaucoup trop à la paix éternelle de sa génitrice. — Comment tu le sais, au juste ? j’interroge en gardant mon calme. — Tout le monde ne parle que de ça ! Les gens se demandent TOUS si tu vas venir, déclare-t-il. — Ok, je m’en vais… dis-je avant de regarder en direction de Pearl. Elle n’est plus là. ARGH ! Fais chier, putain. Où est passée cette fouine de service ? J’ai deux mots à lui dire. Étant donné que mes mises en gardes ne l’ont pas dissuadé de me suivre en pleine nuit, il va falloir que je sois plus concret en utilisant mon arme secrète ; la peur. — Qu’est qu’il y a ? fit Aaron en fronçant les sourcils. Tu cherches Kendall ? — Non, dis-je avant de continuer. Bref. À plus, on se voit plus tard ! Au fait, merci pour l’info. Et c’est là que je m’aventure dans la foule de personne en ignorant les appels d’Aaron. Bon ! Il faut que je trouve la chieuse avant de pouvoir me barrer d’ici. Et plus les minutes passent, plus je me demande si cela est vraiment judicieux de rester dans ce hangar. Tous les regards sont braqués sur moi. D’habitude, j’aime être le centre de l’attention, mais là… J’aurai préféré être invisible comme dans Harry Potter. Bordel, où est cette fille ? Tu devrais t’en aller, Devon. Sans elle. Ma conscience diabolique a peut-être raison, en fin de compte. Quoi ? Tu es carrément cinglé ! Cet endroit est truffé de droguer et de violeurs, tu ne vas tout de même pas… Mon côté bienveillant apparaît, mais se retrouve soudainement détruit par ma facette malveillante. C’était rapide. Le mal gagne toujours – peut-être pas dans les films, mais en réalité, ça l’est. Après tout, c’est si facile de sombrer dans l’obscurité… Je l’ai fait un nombre incalculable de fois. Alors que je m’apprête à faire marche arrière, une crinière brune attire mon regard. Ooh, c’est la chieuse ! Bingo. Je m’avance vers elle en remarquant qu’elle n’est pas seule ; en effet, un homme est en train de lui parler. Et en vue du mécontentement de la jeune femme, sa présence semble être désagréable. D’un pas assuré, je marche vers eux constatant que l’homme positionne sensuellement ses mains sous le tee-shirt de Pearl. Étrangement, une vague de colère rugit en moi. C’est sûrement à cause de la musique de merde qui retentit. Ouais, c’est probablement ça. Je ne vois pas d’autre raison plausible. À moins que… Non. Non. Je délire complètement – ou pas. D’un geste brusque, je saisis le col du vieux pervers afin de lui décrocher un mémorable crochet du droit. C’était magique, croyez-moi ! Je suis tellement fort, wow. Parfois, je me fascine moi-même. C’est étonnant, non ? Ouais, je vous l’accorde, c’est génial. Comme prévu, il s’effondre par terre suite à ma frappe l’ayant sévèrement amoché. C’est clair que je ne l’ai pas raté ! Déjà qu’il était moche, alors là… C’est encore pire. Une laideur presque invraisemblable. Je n’ai rien vu de tel. — Dieu merci, tu es là, chuchote Pearl en soufflant profondément. — Toi et moi, faut qu’on parle. Tu ne vas pas t’en sortir comme ça, si c’est ce que tu veux savoir. Par la suite, j’empoigne fermement son poignet et on se dirige rapidement vers la sortie. Des conversations à voix basse retentissent. J’ignore. Question d’habitude. Lorsque l’on arrive face à ma moto, Pearl se détache brutalement de mon emprise. — Ma voiture est garée dans le parking d’à côté, signale-t-elle avec la ferme attention de rejoindre son véhicule. — On n’a pas le temps ! Ferme-la et pose ton jolie ptit’ cul sur cette putain de moto, crié-je en attirant quelques regards indiscrets. — Je n’ai pas d’ordre à recevoir de toi, dit-elle en croisant ses bras contre sa poitrine. Elle a eu l’audace d’utiliser mes propres paroles contre moi… Mais, elle est suicidaire ou quoi ? Je vais l’assassiner, un jour, si ça continue comme ça ! Ce n’est pas possible d’être aussi énervante. Seigneur, pourquoi n’a-t-elle pas cinq ans ? Et puis, pourquoi faut-il que ses yeux soient si bleus… ? Attendez. Je m’égare là. — Le tueur est ici. Donc, dépêche-toi de venir, informé-je en me plaçant sur le siège de ma moto. — IL… QUOI ?! TU PLAISANTE, J’ESPÈRE ! s’écrit-elle de stupeur. — Est-ce que j’ai l’air de plaisanter ? annoncé-je avec lassitude. — Merde, alors ! s’exclame-t-elle. Tu sais comment il est ? — Nan, allez dépêche ! Sinon je me casse d’ici et tu te démerdes pour retrouver ton chemin,

Chapitre 4

✽  J’hésite. Devrais-je descendre ou non ? Hum… Ça laisse à voir. L’idée d’être inquiet vis-à-vis de la situation dans laquelle cette Pearl se trouve ne me plaît pas, mais alors, pas du tout ! Je n’ai pas à me préoccuper d’elle. Il ne faut pas que j’oublie ses airs hautains – ainsi que le fait qu’elle a réussi à contrer mon attaque étant, normalement, infaillible. De plus, je déteste lorsqu’une personne me rappelle qui je suis réellement ; c’est-à-dire, un connard. Autrement dit, toutes mes pensées sont appuyées sur l’envie de ne pas aider cette fille. Mais, je ressens le besoin de savoir l’origine de son cri assourdissant. Un cambrioleur, un assassin ou même, un boxeur ? Toutes les possibilités sont tout à fait plausibles. En fin de compte, ma curiosité l’emporte. En effet, je descends les escaliers. Tout en gardant une attitude décontractée et sereine, bien évidemment ! Et c’est là que je la vois. Debout sur la table basse avec un balai entre les mains. Mais, qu’est-ce qu’elle fout là ? — Attention ! Devant toi, hurle-t-elle en désignant le sol. Je suis complètement perdu. De quoi elle parle, putain ? Je soupire bruyamment avant d’apercevoir une souris se diriger droit devant moi. Rectification. C’est plutôt un rat ! BORDEL, QU’EST-CE QUE CETTE MERDE FICHE ICI ? Mais, c’est gigantesque comme bestiole ! Sachez que les événements qui vont suivre ne reflètent pas ma véritable personnalité. Comme une mauviette, je m’empresse vers la table basse afin de me tenir en hauteur, tout comme la brunette. — Mais, putain ! C’est quoi ce truc ?  — C’est le rat de Tyson, le voisin d’en face, répondit-elle en tapant de partout avec son balais. — Il l’a dopé, ou ça se passe comment ? fis-je en cherchant du regard l’animal. — Peut-être. Je n’en sais rien. Tout ce qui compte c’est qu’on doit le sortir d’ici ! Il est hors de question que je dorme avec lui, dit-elle en lâchant brusquement le balai. Pearl émet un second cri, égalable à ceux des films d’horreur. Enfin, vous voyez le genre. Mes tympans vont souffrir pendant ce séjour ici ; c’est certain. — Mais c’est un monstre ! Il vient de mordre le bâton de mon balai, affirme-t-elle, avec stupéfaction. — Donne-moi le vase là-bas, j’vais l’assommer avec. — Tiens. Je saisis l’objet et, lorsque je m’apprête à passer à l’action ; la porte d’entrée s’ouvre laissant découvrir deux personnes. Une fille et un garçon. Leur contraste de taille ainsi que leur différence physique sont surprenants. La meuf a des cheveux bruns, et des yeux marrons noisettes similaires aux miens. Tandis que le gars est blond aux iris bleus comme Pearl. — Oh crotte de licorne… ! Pearl, peux-tu m’expliquer pourquoi le célèbre DEVON est dans ton salon ? demande l’adolescente venant de débarquer. — Eh bien, euh. Je, c’est que… tente désespérément de dire Pearl en perdant, au passage, toute sa crédibilité. Les deux personnes s’avancent vers nous. Pendant ce temps, j’essaye de trouver le rat mutant. Merde, il s’est barré ! Il ne manquait plus que ça… Je lâche un énième juron, et descend de la table, suivi de près par Pearl. — Wow. C’est tellement bizarre de le voir face à nous. J’crois que c’est la première fois où je ne le vois pas en train de tabasser quelqu’un, remarque le blondinet en s’approchant de moi. Ces nouveaux arrivants sont carrément en admiration devant moi. Au début, c’est marrant et tout. Mais là, je sens que ça va me faire chier. Si l’un d’eux me demande un autographe, je pète un câble. Ce type de rituel que font souvent les célébrités ; je déteste ça. La différence entre les stars et moi ; c’est bel et bien la relation que l’on entretient avec nos fans. Contrairement à eux, je ne supporte pas mes admirateurs. Ils sont chiants. Vraiment chiants. — J’te conseille de reculer si tu veux pas que mon poing finisse dans ta gueule, dis-je, tocard. — Les rumeurs disent donc vraies, tu es vraiment méprisant ! conclu-t-il. Il me provoque. Je vais le tuer. Alors que je m’apprête à m’orienter vers le blond pour lui foutre la raclée de sa vie, une main empoigne fermement mon bras. Il s’agit de Pearl. Mais, qu’est-ce qui lui prend, tout d’un coup ? Je détache immédiatement son emprise, et roule intentionnellement des yeux. — Écoutez, Luke, Chrissy… C’est assez compliqué, et je ne peux pas vous expliquer tout ça, déclare Pearl en s’avançant vers ses amis. Discrètement, elle les attire vers la porte d’entrée. Pendant ce temps, ladite Chrissy est complètement bouche-bée. Je peux même discerner des étincelles dans ses yeux. Brusquement, la porte claque contre le vantail. De ce fait, les deux chieurs se trouvent à l’extérieur de la résidence. Enfin ! Ils commençaient sérieusement à m’énerver à me regarder avec adoration. Je sais que je suis beau, mais quand même. Il faudrait calmer leur ardeur lorsqu’ils m’idolâtrent.  — Ma mère ne doit pas savoir que mes amis t’ont vue sinon, on est dans la merde ! dit Pearl en verrouillant correctement la serrure de la porte.  —  TU es dans la merde. J’en ai rien à foutre puisque ta mère n’a aucun droit sur moi.  — Super la solidarité… Tu pourrais au moins faire semblant d’être sympas, non ? N’oublie pas que l’on doit cohabiter ensemble pendant un moment, ajoute-t-elle en me suivant de près. Soudainement, je me tourne pour lui faire. Agacé, et à la fois, ennuyé qu’elle puisse m’estimer d’une manière si absurde. JE SUIS DEVON, PUTAIN ! Ce n’est pas si compliqué à comprendre. Faut qu’elle rentre ça dans sa petite tête ; je ne suis pas quelqu’un de gentil et docile. Loin de là.  — Je suis un salopard, point final. La sympathie avec moi ? Tu peux toujours crever, ce n’est pas parce qu’on va vivre dans la même baraque que je vais changer.  Suite à l’entente de mes propos, elle reste perplexe, et n’ose pas ajouter une répartie. C’est bien mieux comme ça. Peut-être que grâce à mes

Chapitre 3

✽ Comme d’habitude. Je n’ai presque pas dormi de la nuit. Les heures, les minutes et les secondes s’enchaînent à une vitesse d’une lenteur époustouflante. Un sentiment de mélancolie s’empare de moi. Mes iris bruns balayent les alentours, encore et encore. Tandis que le bruit de l’horloge retentit inlassablement. Je déteste ça. Dos contre la tête du lit, j’attends patiemment le déluge. Le soleil se lève, et le ciel commence à devenir d’un bleu immaculé. Bordel, qu’est-ce que je fous encore ici ? Je suis tenté de me barrer, mais je ne le fais pas. Étant donné que je n’ai nullement envie de déclencher la colère effroyable de Thalia. Toc. Toc. Toc. Je tourne ma tête vers l’origine de ces coups. La porte. Je souffle profondément, et me dirige en grande enjambées à l’encontre de la porte, afin de l’ouvrir. Sans étonnement, la lieutenante Hopkins se tient face à moi. Vêtue de son uniforme de travail, comme hier soir. Ses cheveux châtains sont attachés en un chignon strict, et son maquillage est presque inexistant. À vue d’œil, elle devrait avoir une trentaine d’années. C’est plutôt étonnant ; puisque d’une part, son grade est élevé et d’autre part, car c’est une femme. Dans un métier tel que le sien, les hommes sont souvent les plus sollicités. — Qu’est-ce que vous voulez, encore ? dis-je d’un ton nonchalant. — Hum… déclare-t-elle assez déstabilisée, sûrement parce que je suis torse nu. Le repas est prêt ! Et, pour le dîner de ce soir, n’hésitez pas à vous servir dans les tiroirs. — Ok. — J’oubliais ; la salle de bains est juste en face. Tous les objets essentiels sont sur le lavabo ! dit-elle rapidement, avant de continuer. Au fait, je ne rentrerai pas avant demain matin. Mon emploi du temps est vraiment chargé, donc ce sera souvent comme ça dans les jours à venir. La lieutenante Hopkins est en pleine réflexion, et décide de prendre à nouveau la parole, quelque fraction de secondes plus tard : — De plus, vous n’avez pas le droit de sortir d’ici. Personne ne doit savoir que vous habitez dans cet endroit, ou sinon, le programme de protection des témoins tombe à l’eau. Mon cerveau bug instantanément sur cette phrase. Oh, que non ! Une chose est sûre ; je vais me barrer d’ici chaque soir, sans même qu’elle le sache. Pour ne pas éveiller ses doutes, je réponds sereinement : — Ok. — Et, aussi ! Il faut que vous sachiez que la porte d’entrée doit TOUJOURS être fermée. Cette maison est très souvent cambriolée, donc dès qu’un individu pénètre dans la demeure, appelez la police, poursuit-elle en réfléchissant si elle n’a pas oublié de mentionner quelque chose. — Vous avez fini ? affirmé-je avec lassitude. — Euh… oui, admet-elle. Je pense qu’il n’est pas nécessaire de vous dire de ne pas organiser des fêtes, ou bien, de créer tout événement pouvant être nuisible à cette habitation… Laisse-moi rire. J’vais me gêner, ouais. À cause de son putain de programme de merde, je dois glander dans cette baraque toute la journée. C’est limite de la séquestration ! Pff. — Vous devriez partir avant d’être en retard, M’dame. — Oh, vous avez raison ! annonce l’officière Hopkins en jetant un coup d’œil à sa montre. J’espère que ce séjour dans notre famille vous plaira ! Et c’est sûr ces mots qu’elle s’éloigne de moi pour accéder à la porte d’entrée se tenant dans l’étage en dessous. Je déteste déjà ce séjour, ugh. Enfin bref. J’ai la dalle. Il faut que je mange, mais avant ça, il serait temps que je me lave les dents ainsi que le visage. À pas assuré, j’entre dans la salle de bains en remarquant qu’une brosse à dents et un tube dentifrice sont préalablement posés sur le lavabo. C’est alors que je procède à ma routine matinale. Cheveux impeccables. Visage parfait. Dentition nickel. Mes yeux se posent sur le pot de brosse à dents. Seulement deux sont présentes. J’en viens à déduire que Mme Hopkins ne détient pas de conjoint, et qu’elle habite uniquement avec sa fille. Minute papillon ! Comment une gamine dans les alentours de cinq ans pourrait se débrouiller seule ? Bon, dans ce cas, j’imagine que la mioche doit avoir dans les alentours de treize ans, pas plus. Boutonneuse, myope avec un appareil dentaire. Ew. En fin de compte, j’aurais préféré un gosse de cinq ans. Mes plans diaboliques pourraient potentiellement être anéantis, s’il se trouve que la gamine en question est une rapporteuse ! Merde. Et puisque sa mère est une flic, ceci est fort probable. Putain… Après maintes réflexions, je décide de descendre les escaliers suite aux gargouillements de mon ventre. Une assiette de pâtes est soigneusement disposée sur la table en bois. Sans plus tarder, j’engloutis le plat avant d’être soudainement frapper par une idée ingénieuse. Fouiller les lieux. On ne sait jamais ; peut-être que Hopkins cache de la tune. C’est typique des familles dans ce style ! Instinct diabolique activé, je m’aventure à l’étage à la recherche d’un quelconque objet intéressant… Sachez que je ne suis pas cleptomane ! C’est juste que je m’ennuie, et vu que c’est une baraque de meuf, il n’existe pas de jeux vidéo. La poisse, n’est-ce pas ? Je suis conscient que voler des objets en guise de distractions pour passer le temps est plutôt singulier, mais bon. C’est bien mieux que de roupiller sur le canapé. D’un geste ferme, j’ouvre une porte. Et bam. C’est fermé à clef. Roh ! Elles avaient déjà anticipé mes intentions. Tout compte fait, elles ne sont pas si débiles que ça… J’essaye d’ouvrir les autres portes. En vain. Elles sont toutes verrouillées, hormis bien évidemment ; ma chambre, la salle de bains et les chiottes. Que vais-je faire maintenant, moi ? Bingo, ma valise ! Je me précipite dans ma chambre pour ouvrir vigoureusement mes bagages, et découvris des gants de boxe accompagnés d’un punching-ball transportable. Dieu merci, Thalia a pensé à tout ! Grâce à la boxe, je pourrais déverser toute ma colère accumulée à cause de ce

Chapitre 2

✽ — Je refuse, craché-je sèchement à l’entente des propos déjantés de ma tante. Elle perd complètement la tête, c’est certain. Comment peut-elle me donner à un agent de police, sérieusement ? Surtout qu’elle sait parfaitement que mon comportement n’est pas vraiment exemplaire. C’est sûr que si je reste avec cette soi-disant lieutenante Hopkins ; dans moins de deux semaines, je vais terminer en taule à compter les barreaux de ma cellule. Thalia se lève, manifestement irritée par mon manque de tact. — Ce n’est pas à toi de choisir ! Il est question de vie ou de mort, tu te rends compte ? Merde à la fin ! crie-t-elle. Habituellement, Thalia ne dit pas des mots grossiers… En fait, elle n’en a jamais parlé. C’est bel et bien la première fois. Et croyez-moi, je la connais depuis suffisamment longtemps pour le savoir. Ça m’étonne énormément d’elle. Je suppose que la situation est vraiment grave pour qu’elle soit dans l’obligeance d’utiliser des termes dont elle juge souvent de vulgaires et inappropriés. — Un assassin est à ta recherche ! continue Thalia en essayant de garder son sang-froid. Je m’immobilise, comme si mon corps se retrouvait entièrement paralysé. Mon cœur rate un bond, tandis que je tente de dissimuler mon état de stupeur. Honnêtement, je ne sais pas comment réagir face à ça. De la peur, de l’angoisse, de la curiosité, de la colère, ou de la confusion ? Je l’ignore. Un flot de questions me tourmente l’esprit. Plus les secondes passent, plus mes doutes se transforment en conviction. Même si cela n’est pas officialisé ; mon instinct me dit que le meurtrier souhaitant ma mort n’est autre que l’assassin des neuf boxeurs, dont Roy et Dean. — Je vais me rendre dans la voiture pour vous laisser discuter seul à seul. Donc, si jamais tu changes d’avis… dit Mme Hopkins en s’adressant à moi. D’un air méprisant, je la dévisage longuement avant de me concentrer davantage sur ma tante. — C’est gentil à vous, sourit Thalia. Suite à ça, la lieutenante quitte la demeure. Lorsque l’on entend la porte d’entrée se claquer contre le vantail, je m’assois sur l’une des chaises. Cette soirée risque d’être longue… Un raclement de gorge retentit dans le but d’attirer mon attention. — J’ai déjà préparé tes affaires, elles sont dans le salon. Tu n’as plus qu’à partir, souffle ma tante en faisant preuve de sérieux. Nous cohabitons ensemble depuis près de huit ans. Et c’est de cette manière qu’elle me demande de partir. Ça me fait presque rire. Toutes ces années en sa compagnie pour qu’elle se débarrasse de moi ainsi… Pathétique. Je sais que je ne suis pas son vrai fils, mais quand même. — Il est hors de question que je vis chez une putain de flic, rétorqué-je en serrant les poings. Je suis grand, maintenant. Ce n’est pas à toi de décider de ma vie. Thalia souffle bruyamment à l’entente de mes mots et s’assit face à moi. — Toi, alors… grogne-t-elle. Qu’est-ce que tu ne comprends pas dans le fait qu’une personne malveillante te cherche, pour mettre fin à tes jours ? L’officière Hopkins est chargée de te protéger. D’une part, car tu es un boxeur. Et d’autre part, car tu as été témoin de l’un des meurtres. Celui de Melvin, non ? — Marvin. Son nom est Marvin, soupiré-je en roulant des yeux. Et puis, ce n’est pas comme si j’ai assisté à l’assassinat, hein. J’ai juste entendu des cris. — Peu importe, tu restes tout de même un témoin. Ils ont mis en place un programme de protection pour des gens comme toi ! Tu es l’une des cibles à abattre de ce tueur, ce n’est pas quelque chose de négligeable… Tu iras avec Mme Hopkins : le temps que les services fédéraux retrouvent l’auteur de tous ces horribles crimes. — Je sais me défendre, Lia. — Ce n’est pas de ça qu’il est question, Devon ! Je sais que tu peux te défendre, mais je préfère te savoir en sécurité. Des larmes coulent le long de ses joues empourprées. Putain… Il ne manquait plus que ça. Je déteste quand elle se met à pleurer. C’est son arme secrète, et ça marche à tous les coups. Fais chier. — Si je reste avec une flic, c’est la prison assurée. Tu sais que je ne supporte pas ces merdeux de policiers. — Fais un effort, je t’en prie… Ça ne durera pas longtemps ! La lieutenante Hopkins est une femme charmante et attentionnée. Et puis, sache que c’est mal de juger une personne sans la connaître, annonce-t-elle d’un ton convaincant. Mes yeux convergent vers ses iris brillants par les pleurs. Et pour l’énième fois : je soupire. La mélancolie que j’éprouve à cet instant est intense et constante. Un sentiment d’amertume s’empare de moi à l’idée que je m’apprête à céder. — Je ne veux pas te perdre, marmonne-t-elle doucement. Après la mort de tes parents, je me suis faite le serment que je ferais tout mon possible pour te garder en vie… Alors, s’il te plait, Devon. Accepte l’aide de cette dame. Je ne dis rien, tant ses mots me bouleversent. Bien que sa réplique ne me laisse pas indifférent, mon visage reste neutre. — Fais le pour moi, et tes parents. Je contracte ma mâchoire, et fini par me lever de mon siège. Thalia me suit des yeux, tout en fronçant ses sourcils, dévoilant ainsi ses rides marquées. — D’accord. J’accepte, lancé-je. Maintenant, arrête de chialer, c’est agaçant. Elle rit légèrement tandis que je me dirige dans le salon pour prendre possession de mes affaires. Deux valises se situent près du canapé. D’un geste ferme, je saisis les poignets, sous le regard attentif de Thalia. — Je continuerais mes combats du soir, si c’est ce que tu veux savoir. Comme ça, je t’enverrais de la tune chaque semaine, dis-je en m’avançant vers la porte d’entrée étant préalablement ouverte. Elle se contente de sourire en s’appuyant contre l’embrasure de la porte du salon.

Chapitre 1

Chapitre 1 ✽ Bordel de merde. C’est génial. La boxe me libère de toute cette colère éphémère. Et j’adore ça. Mon esprit demeure serein, à cet instant précis. Plus rien ne compte à part ses sensations qui sont devenues maîtres de moi-même. Je suis le vainqueur de ce combat. De ce fait, un sourire mesquin honore mon visage parfait. Personne ne peut le nier ; je suis le meilleur boxeur de la ville. C’est un fait, une vérité générale. La foule acclame mon nom, et l’arbitre lève mon bras. — ET LE GAGNANT EST DEVON ! dit-il. Le public est surexcité suite à l’entente de cette annonce étant des plus prévisibles. Tous ces gens m’admirent. J’en ai presque oublié comme cela est agréable et plaisant d’être vénéré. C’est comme si j’étais un dieu, ou un truc dans l’genre. Quelques personnes commencent à exercer les premiers soins à mon adversaire – qui plus est, dans un piteux état. Honnêtement, la vue de son mal-être m’est complètement égale. En fait, je suis plutôt fier de l’avoir battu à plate couture. Ce match a été mémorable, croyez-moi. Bien qu’il fût d’une facilité renversante, pour ma part, je suis légèrement fatigué. Par conséquent, je jette mes gants de boxe dans la foule, et m’oriente en grande enjambées vers l’extérieur du hangar ; là où je pourrais fumer tranquillement une clope. — Hé, Devon ! crie une voix féminine. Je me retourne à contrecœur, quand tout à coup, des lèvres s’agrippent soudainement aux miennes. C’est Kendall, ma petite-amie. Enfin, je crois que c’est elle. Je me décale laconiquement en découvrant que mon hypothèse est vraie. Ouais, c’est Kendall. Et franchement, j’aurai préféré que ça soit quelqu’un d’autre. Ne me demandez pas pourquoi ; j’en ai aucune idée. Cette fille commence sérieusement à me faire chier avec ses exigences à la con. Il va falloir que je la quitte avant de devoir lui acheter un cadeau d’anniversaire, ça me fera gagner du temps et de l’argent. Tout simplement. Oui, je suis un connard. Mais, bon. Tout le monde le sait. — Tu as été super, glousse-t-elle. — Ouais, je sais. Je ne suis pas prétentieux, si c’est ce que vous pensez ! Enfin… peut-être un peu, je dois l’avouer. Mais en même temps, lorsque l’on a une apparence physique et des capacités sportives comme les miennes : il est normal d’être ainsi. Et là, sans étonnement, Kendall m’embrasse avec fougue et ardeur. Nos bouches sont scellées, et nos langues s’entremêlent sans aucune délicatesse. Au bout d’un moment, ça en devient barbant. Donc, je brise ce contact en éloignant ses épaules avec mes mains. — Au fait, il faut que je te dise quelque chose ! affirme-t-elle en prenant son souffle. Et c’est très important. En temps normal, Kendall ne fait jamais preuve de sérieux. Pourtant, sa tête, semblable à du beurre, exprime une humeur maussade. C’est assez perturbant venant d’elle. — C’est pas comme si quelqu’un était mort ! Arrête de faire cette tronche, dis-je en soupirant. — En fait, si. C’est le cas. Dean et Roy sont morts, annonce-t-elle avec une pointe de tristesse. — QUOI ?! La connaissant, Kendall ne ment pas. De ce fait, je me mets rapidement à l’idée que Dean et Roy sont réellement décédés. A la place de me morfondre, je me concentre sur une question qui me tourmente ; comment ? Ce sont des boxeurs tout comme moi, et ils savent parfaitement se battre. Alors, je doute que cela soit dû à un règlement de comptes. Peut-être un accident de voiture, qui sait ? J’en sais rien. Un soupir s’échappe de mes lèvres entrouvertes. Même si je les connaissais personnellement, leurs morts ne me provoquent pas vraiment d’impact émotionnel. En fait, ça m’est presque insignifiant. Aucune joie, aucune tristesse. Rien, nada. Je ressens un simple vide à l’entente de leur départ pour un monde meilleur. Et à vrai dire, tout ce qui m’intéresse c’est de savoir qui est derrière tout ça… Je m’explique. Sept boxeurs sont morts ce mois-ci. Et je ne pense pas que c’est une coïncidence. — Ils ont été assassinés, ça a été confirmé par la police… déclare-elle doucement. Ça peut sembler égoïste, mais la seule chose qui accapare mes pensées est l’éventualité d’être la prochaine cible de ce tueur en série. — Putain… lâché-je. Kendall entoure ses bras autour de moi pour me faire une étreinte amoureuse, cependant, je la repousse. Elle sait pertinemment que je déteste ce type de marque d’affection. En clair, je ne supporte pas les câlins ; ça ne sert à rien. Je n’ai pas besoin de ça pour me calmer. Et elle en est consciente. — Je… commence-t-elle, toutefois, je la devance. — Dégage. — Je suis désolé, Devon… poursuit-t-elle, dans l’espoir d’apaiser mon agacement – en vain. Sa tentative désespérante ne fait qu’amplifier davantage ma colère naissante. Je sais que c’est absurde de me mettre dans cet état juste parce qu’elle a voulu montrer son attachement pour moi, mais je ne peux pas m’en empêcher. Je hais ça. C’est tout. Je me casse d’ici en montant sur ma moto, sous les regards suppliants de Kendall. Je l’ignore. Question d’habitude. Le moteur grogne, tandis que la vitesse à laquelle je m’aventure sur les routes d’Atlanta est plus que malsaine. Mais ça, je m’en fiche. La possibilité d’avoir un accident ne me traverse même pas l’esprit. Un vent glacial s’abat sur moi pendant que je m’oriente en direction de la maison de ma tante, Thalia. Cette dernière sera certainement en train de m’attendre, tasse de thé en main, avec le regard de la mort activé. Elle va me faire la morale avant de me questionner sur mes escapades nocturnes. Décidément, Thalia est tellement prévisible… Arrivé à destination, je me gare dans l’allée de la demeure. Les rayons de lumière traversant la fenêtre laissent à deviner que ma tante est toujours éveillée, malgré l’heure tardive. Mes pas sont d’une lenteur époustouflante. Je suis déjà ennuyé par les futures paroles moralisatrices de Thalia à mon insu.