Chapitre 20
CHAPITRE 20 Elle me regarde si intensément que ses yeux verts me paraissent presque incandescents. Cette fille est tout autant intrigante que la chieuse. Lorsque je descends de mon véhicule, Thalesi ne tarde pas à s’approcher de moi. D’après les traits de son visage, ma question ne l’a pas laissée indifférente. Elle connaît Black : ça sonne comme une évidence. — Est-ce que Pearl sait que tu es ici ? me demande-t-elle en continuant de me fixer comme si je suis originaire d’une autre galaxie. — Non, dis-je sèchement. Maintenant, réponds à ma question. À mon plus grand étonnement, Thalesi persévère à me fixer de manière indéfinissable. C’est comme si elle essayait de décrypter mes intentions à travers mon regard. Malheureusement pour elle, quelque soit la situation, je ne laisse jamais transparaître mes sentiments à la vue de tous. Il est impossible que Thalesi sache qu’au plus profond de mon être, je considère ce mystérieux Blake comme une véritable menace. Ce type m’angoisse. Vraiment. — Je ne te dirais pas qui est Blake, ajoute-t-elle dans le plus grand des calmes. — Quoi ?! Tu as intérêt à– commencé-je à dire. — Je ne te dirais pas qui est Blake, répète-t-elle en amplifiant davantage mon agacement. (Quelle connasse !) Tout simplement, car tu le sauras d’ici peu. Ça ne sert à rien que je réponde à ta question, Devon. Tôt ou tard, que tu le veuilles ou non, tu feras la connaissance de Blake. Être confronté à Blake ne m’enchante pas, mais alors pas du tout ! Je ne connais pas ses capacités physiques. Et ça m’agace. Il faut absolument que je sache qui c’est. L’ignorance me ronge considérablement de l’intérieur. — Mais, putain ! C’est qui ce mec ? m’écrié-je en souhaitant des réponses plus concrètes. — Ton ennemi, fit Thalesi en souriant brièvement. (Elle se fout de ma gueule là ! Je vais lui faire bouffer son putain de sourire si elle continue à me prendre à la légère.) Voilà tout. — Dis-moi au moins ce qu’il a fait à Pearl ! réclamé-je en serrant fermement les poings. — Oh… Par contre, ça, je n’en ai pas la moindre idée. Son sourire à la con s’agrandit. C’en ait trop. Elle veut clairement me provoquer. Je ne vois pas d’autres hypothèses plausibles. Avec rage et vivacité, je saisis brutalement le col de sa veste. Je peux distinctement entendre la vitesse à laquelle son cœur s’est accéléré. Voyant ma colère, Thalesi se retrouve pétrifiée de peur. — T-Tu ne va pas me faire de mal, hein ? bégaye-t-elle avant de reprendre. Je suis une fille ! — Réponds à mes questions, bordel, lui craché-je tout en resserrant mon emprise. — Blake est une personne dangereuse, ça te va maintenant ? rouspète-t-elle en se dégageant rapidement de moi, avant de remettre sa veste en place. — Quel est son lien avec Pearl ? interrogé-je. Elle m’observe avec mépris, et décide de tourner les talons. Euuh… Quoi ? Qu’est-c’qu’elle fout ? Cette fille commence sérieusement à m’énerver. Lorsqu’il est question de me parler, ce type de comportement m’est inadmissible. Je n’ai pas envie de perdre mon temps avec des débats inutiles. Alors, soit elle crache le morceau, soit je passe à la manière forte : c’est-à-dire, les menaces. — Hé, pétasse ! Je t’ai posé une putain de question, grommelé-je en prenant subitement son bras pour qu’elle se retourne. — J’ingnore totalement ce qu’il s’est passé entre ces deux-là, merde ! Personne ne le sait, s’exclame-t-elle en haussant le ton. Si tu tiens tant à savoir la vérité, tu n’as qu’à demander à Pearl… Elle se détache une nouvelle fois de mon emprise en occasionnant une force hallucinante, et s’éloigne pour s’aventurer dans les profondeurs de l’obscurité. Je resté là, debout au beau milieu de ce parking complètement vide, à la recherche d’un quelconque moyen de connaître l’exactitude des faits se déroulant entre Blake et Pearl. Bien évidemment, je ne compte pas soutirer des informations à Mini-Hopkins : pourquoi ? Tout simplement, car je sais que Blake est un sujet sensible. Ça serait vraiment inhumain de ma part de planter le couteau dans la plaie. Certes, je suis un gars dédaigneux, sans-cœur, presque démoniaque…. Mais, ça ne signifie pas que je suis capable de faire cela. Pearl a assez souffert. Le mieux que je puisse faire serait de fermer ma gueule. C’est avec une colère infâme que je me dirige vers ma moto pour me rendre dans le hangar. J’ai réellement besoin de me défouler, et de simples matchs de boxe ne sont nettement pas suffisants pour apaiser mon humeur hargneuse. Il me faut des combats à mains nues. Autrement dit, je dois être confronté à une bagarre suscitant énormément de violence. L’idéal aurait été que mon adversaire soit Dark puisqu’il est le meilleur dans cette discipline, mais étant donné qu’il reste introuvable, je vais devoir me contenter de tabasser des challengers à la con. Lorsque j’arrive à destination, je gare négligemment ma moto et entre à l’intérieur du bâtiment accueillant beaucoup de personnes. L’alcool coule à flots. Quand je me tiens au cœur de toutes les conversations à voix basse, Aaron ne tarde pas à s’avancer vers moi. Comme d’habitude. — Hey, Devon… ! Je ne le laisse pas finir sa phrase, et prends soudainement la parole : — Réserve-moi le ring, ordonné-je en serrant fermement mes poings. Maintenant ! J’ai besoin de me défouler sur quelqu’un. — Pas de problème ! Tu veux te changer ? fit-il en me désignant les vestiaires. Je balaye brièvement ma tenue du regard correspondant à une veste en cuir, un tee-shirt blanc et un jean noir. Ne désirant pas porter un short de boxe, comme me le propose Aaron, je lève les yeux vers lui. — Je compte faire des matchs où tous les coups sont permis, craché-je en remarquant que son visage change subitement d’expression. — Euh… D’accord. Je vais le dire au gérant ! Tu peux t’installer dans le ring puisqu’il est vide, me dit-il avant de s’orienter vers Garrix. D’une démarche
Chapitre 19
CHAPITRE 19 — Tu te fous de ma gueule là, non ? vociféré-je, complètement abasourdi. — Calme-toi, Devon… souffle-t-elle tandis que je me lève soudainement de ma chaise. Keegan ne va pas rester longtemps, ne t’inquiète pas ! — Même. J’m’en fous ! C’est impensable pour moi que ce bâtard puisse passer son temps en ma compagnie. Je ne supporte vraiment pas sa présence ! Comme vous pouvez le constater : il suffit que je reste quelques minutes avec lui pour finir par le cogner. Alors, imaginez si je dois le coltiner pendant plus d’un jour ! Ça va être le chaos total. — Doucement ! Pearl risque de nous entendre, remarque Elena en me faisant signe de me rasseoir. — Attends. C’est elle qui a eu cette idée à la con, hein ? fulminé-je en fronçant les sourcils. Étant donné que la chieuse est la seule à apprécier Keegan, ça ne peut-être qu’elle pour proposer sa venue dans cette baraque. JE VAIS LA TUER ! C’est carrément de la provocation indirecte. Pearl sait pertinemment que je n’aime pas ce blondinet. Après tout, dès son arrivée, j’ai été particulièrement agaçant et méprisant envers lui. Elena hésite plusieurs secondes, et finit par dire : — Non. À vrai dire, c’est moi. — QUOI ?! m’exclamé-je en écarquillant les yeux telles deux soucoupes. Mais, t’es devenue folle ? Je pensais que tu le détestais, putain ! Elle soupire bruyamment, avant de rouler des yeux. — Je savais que tu allais réagir de façon excessive ! me lance-t-elle pendant que je longe la pièce pour apaiser cette colère naissante. Même si je ne le porte pas spécialement dans mon cœur, il fallait que je le fasse. Keegan vient tout juste d’arriver en ville, et pour l’instant, il n’a trouvé aucun domicile fixe. Je n’allais quand même pas le laisser dormir dans sa voiture ! — Bah, si. Pourquoi pas ? Tant qu’il ne dort pas ici, perso, ça me va ! craché-je en faisant une pression sur l’îlot central. — Qu’est-ce que tu peux être égoïste parfois… me reproche-t-elle en croisant les bras contre sa poitrine. Quoi qu’il en soit, je l’héberge pendant seulement deux à trois jours. Et ce, que ça te plaise ou non. Écœuré à l’idée de cohabiter avec… lui : je lâche un juron. — Tu sais que tu peux l’éviter, non ? Le fait qu’il dort ici ne t’oblige pas à le parler, me dit-elle. C’est vrai que ce n’est pas faux ! Par contre, je n’ai pas envie d’avouer qu’elle n’a pas entièrement tort… De ce fait, je décide de rester sur la défensive en gardant mon idée principale : dégager ce connard. — Dans tous les cas, je ne comptais pas lui adresser la parole ! Mais, le truc c’est que… Je ne peux pas m’le sacquer. Alors, si tu ne veux pas avoir la souffrance d’un gars sur ta conscience, fais-le partir. — Donc, si je comprends bien, tu ne supportes pas Keegan.. Hum, mon intuition me dit que ce n’est pas seulement ta haine envers lui qui te rend aussi colérique… Il existe une autre raison pour expliquer ton comportement hargneux, je me trompe ? Mais, de quoi elle parle là ? Ça n’a aucun sens. Le seul et unique prétexte de mon énervement n’est autre que Keegan. Je ne vois pas d’autres raisons apparentes. — Ouais. Tu te trompes. — Ah oui, vraiment ? Je pense plutôt que tu es jaloux, Devon. Je m’étouffe par ma salive à l’entente de ses mots entièrement AB-SUR-DES ! C’est vraiment insensé ! De toute façon, pourquoi je serais jaloux ? Décidément, Elena a perdu la tête. C’est certain. Devon Maxwell n’est jamais jaloux. Et ceci ne risque pas de changer ! La jalousie est souvent établie lorsqu’une personne obtient ce que l’on désire. Or, j’ai tout ce dont je souhaite ! Je n’ai pas à envier qui que ce soit, à part moi-même. — Qu’est-ce que– ! — Tu as peur que Keegan te remplace, n’est-ce pas ? — Non ! Tu dis n’importe quoi, riposté-je. Comment peut-elle penser à ça sérieusement ? C’est franchement du foutage de gueule. JE ne suis PAS jaloux vis-à-vis de Keegan, ni même craintif à l’idée qu’il puisse me remplacer ! Cette conversation commence gravement à dégénérer. — Tu es dans le déni, mon garçon… Il faut que tu te rendes à l’évidence que ça ne sert à rien de nier ses propres sentiments, me sermonne-t-elle en se levant de sa chaise. — Bordel. Tu délires complètement, Elena ! Elle grogne, roule des yeux, et fini par se contenter de hausser les épaules. Pendant ce temps, je suis appuyé contre l’îlot central, avec les yeux rivés sur elle. Je n’arrive pas à croire qu’elle puisse me considérer ainsi. Ceci n’est pas vrai. Point final. — Bah voyons ! Ce n’est pas bien de dire des mensonges, Devon, fit-elle en riant. Soudain, comme un déclic, je me souviens qu’aucune personne n’est censée connaître mon existence au sein de la demeure des Hopkins. Or, Keegan le sait. Et étrangement, il n’a pas vraiment semblé étonné que je puisse habiter ici. — Minute. Comment ça s’fait que Keegan ait le droit de savoir que j’dors chez toi ? — Ce garçon fait office d’exception. Mais, peu importe. Revenons sur l’ancien sujet qu’est ta jalousie non-avouée ! me dit-elle avec enthousiasme. — Non, merci. Ça sera sans moi ! lancé-je brusquement. Je mets un terme à cette stupide discussion en sortant de la cuisine, sous le regard attentif et amusé d’Elena. ✽✽✽ Putain de merde, j’étais à deux doigts de péter une durite ! Ça fait seulement une journée entière que Keegan squatte cette maison : et j’ai failli le tuer une bonne dizaine de fois. Ça ne peut plus continuer. Ou j’vous jure que je vais commettre un meurtre ! Ce n’est pas si mal un homicide volontaire avec trente ans de réclusion criminelle, non ? Après tout, c’est pour la bonne cause ! Songeant à mes plus sombres instincts de meurtrier : le temps passe à une vitesse fulgurante. Il est déjà deux heures du matin ! BON. Il faudrait peut-être que je
Chapitre 18
CHAPITRE 18 J’EXIGE QU’UNE PERSONNE ME RETIENNE DE DONNER UNE RACLÉE À CE BÂTARD ! Bordel de merde. Il m’énerve, énormément : avec son sourire à la con et son regard de couleur vert caca. Ce mec détient la fâcheuse tendance de m’agacer. Il n’est pas net. C’est certain ! Je peux parfaitement distinguer ses intentions malsaines : il essaye d’embobiner les Hopkins en les couvrant de compliments et de cadeaux hors de prix. Quel enfoiré ! Il est impensable que je puisse être corrompu par de simples objets. Ce n’est pas avec ça qu’il pourra m’amadouer. Oh que non ! Après tout, je suis Devon. — Tu es vraiment sûr ? Cette montre est pourtant jolie, annonce Keegan en s’asseyant sur la chaise face à moi. Il ne manquait plus que ça, putain. Je vais devoir supporter sa tronche pendant tout le long de ce foutu dîner ! Quelques jurons s’échappent de mes lèvres tandis que je lance un regard qui en dit longuement sur ma haine à son égard. Je le déteste. Keegan souffle en regardant mélancoliquement la montre qu’il s’apprêtait à m’offrir. Je vais te faire bouffer ta putain de montre, tu vas voir ! Abruti va. — Bon, continue Keegan en rangeant sa montre valant probablement une somme indécente. À ce que je vois, tu es timide. Pourquoi tu ne veux pas que l’on apprenne à se connaître ? Son sourire hypocrite envahit son visage. Il déconne là, non ? C’est vraiment la blague de l’année. Premièrement, je ne suis absolument pas timide. Deuxièmement, je ne veux pas le connaître. Et troisièmement, sa présence me donne des envies meurtrières. Pour le moment, je ne l’ai encore pas parlé. À chaque fois qu’il tente d’engager la conversation avec moi : soit je lui fais un doigt d’honneur, soit je l’ignore. Et je pense que c’est inutile de remarquer que mon comportement méprisant ne plait pas à Pearl, mais alors, pas du tout ! Alors que je m’apprête à prendre la parole pour lui dire qu’il aille se faire foutre, la porte s’ouvre, laissant découvrir Hopkins et Mini-Hopkins. — Le repas est prêt ! s’exclame Elena avec un enthousiasme irritant. — Ça a l’air délicieux, sourit machin-bidule-chouette. Quel lèche-cul ! Je grogne intérieurement en m’enfonçant davantage sur ma chaise. Vivement que ce dîner se termine, et que ce salopard s’en aille. Je n’attends que ça ! — Oh, que c’est gentil de votre part, Keegan ! remercie-t-elle en rougissant avant de continuer. Ça me fait tout drôle de vous voir à cette table ! Ah, la la… Le bon vieux temps. Minute papillon. Depuis combien de temps ce blondinet connait la famille Hopkins, au juste ? Putain, ça s’annonce mal, vraiment mal. — Vos succulents plats m’ont terriblement manqué, rie-t-il. (Va te faire foutre, petit con !) Vous êtes la meilleure cuisinière que je connaisse. Dans ce cas, il ne connait pas beaucoup de cuisinières ! Elena est flattée par ses douces paroles n’étant qu’un futile stratagème pour gagner sa confiance. Je serre les poings, avec les yeux rivés sur mon assiette : purée de concombre amer accompagné d’un coulis de fruits rouges. Mais, c’est dégueulasse ! Elle veut ma mort ou ça s’passe comment ? Je prends une gorgée d’eau en espérant que cela me donne du courage. — Mh ! C’est tout bonnement exquis. Cette saveur me ramène sept ans en arrière, lorsque je passais mes vacances d’été dans votre maison ! dit l’enculé. Et c’est automatique, je crache brusquement l’eau se tenant dans ma bouche. Bien que j’aurai voulu que le liquide atterrisse sur Keegan, ça n’est malencontreusement pas le cas. — AH, PUTAIN ! DEVON, hurle Pearl en se levant de la table. — Oups, fis-je. — Sérieusement ? Tu pourrais t’excuser quand même, crie-t-elle avec fureur. Moi, m’excuser ? Jamais. — Calme-toi, Pearl. Ce n’est que de l’eau, lance Elena en roulant des yeux. Maintenant, assis-toi. Pearl hésite quelques secondes, murmure des mots incompréhensibles, et finit par s’installer sur son siège. Je sens que cette soirée va être longue… ! Et puisque je n’aime pas ce plat, contrairement à Keegan, mon assiette est restée intacte – à un détail près – je me suis amusé à remuer la purée à l’aide de ma cuillère. — Bah alors, Devon. Tu ne manges pas ? me demande une voix masculine. Je lève les yeux vers lui. Mes muscles se durcissent, et ma mâchoire se contracte. De quel droit il se permet de m’adresser la parole ? Pitoyable. Je le maudis. Lui et ses manies de me prendre à la légère. Je pourrais très bien le clouer le bec : là, maintenant. Mais, je m’abstiens. Il est préférable que je sois calme dans ce genre de situation. C’est pour cette raison que je me lève de mon siège, sous les regards ahuris de tous, et m’oriente vers la cuisine. — Devon, qu’est-ce qui t’arrive ? interroge Elena. Sur le coup, je songe à l’ignorer… Mais, en y repensant, si je fais cela, il est évident qu’elle va me poser des questions. Après maintes réflexions, une réponse résonne de ma part : — Je n’ai pas faim. À ses mots, je franchis un pas pour m’éloigner de la salle à manger. Lorsque j’arrive dans la cuisine, je ne tarde pas à jeter le contenu de mon plat dans la poubelle, et de mettre la porcelaine dans levier. Étrangement, mon ventre ne crie pas famine. J’imagine que la vue de ce blondinet m’a coupé mon appétit. Lorsque des éclats de rire se font entendre, un sentiment d’exaspération s’engouffre en moi. Je grimace légèrement avant de m’avancer vers le salon. Comme à mon habitude, je m’avachis sur le divan. Et c’est à cet instant que mon regard s’arrête sur mon tee-shirt blanc. Je vous vois déjà venir avec vos réactions démesurées : DEVON PORTE UN HAUT CHEZ LES HOPKINS ? Eh bien, oui, c’est le cas. Et aussi étonnant soit-il, même si c’est difficile à admettre, j’ai voulu faire bonne impression face à ce Keegan. Au fond, je le considère comme une véritable menace. Il n’est pas aussi moche
Chapitre 17
CHAPITRE 17 Désormais, je ne respire quasiment plus. Par simple intuition, je parviens à deviner que l’enfoiré de cambrioleur est actuellement en train de longer la cuisine, avec la volonté de me trouver. Bordel de merde ! Il m’est impossible de retirer ces foutues menottes. Maudit soit Elena pour avoir eu la pire idée du siècle ! Comment suis-je censé procéder maintenant, hein ? Ma fréquence cardiaque augmente en rapidité tandis que je ressens un besoin presque viscéral d’évacuer le liquide sécrété par mes néphrons. Autrement dit, j’ai envie de pisser… Génial. Il ne manquait plus que ça, putain. Enfin, bon ! Il est primordial de penser à autre chose sinon, ma vessie risque de lâcher prise. Lorsque le crétin passe devant moi : d’un geste minutieux et rapide, je lui fais un croche-patte afin qu’il tombe par terre. Par chance, sa tête n’est pas loin de mes bras. Immédiatement, je prends possession de son cou en tâchant à pouvoir bloquer sa voie buccale. Ainsi, il ne peut plus crier. Avec la ferme intention de l’étrangler, je resserre mon emprise. Il gigote, me fusille du regard et tente de marmonner des mots pour signaler sa présence à ses acolytes. Malgré tous ses efforts, le rouquin échoue lamentablement. Son énergie décroit progressivement. Au bout de plusieurs instants, son corps est complètement inerte. Prudemment, je desserre mon bras de sa gorge, et m’empresse de saisir mon bipeur. Lorsque l’objet se situe entre mes mains : j’appuie sur le bouton rouge. Et puisque je n’ai pas réellement le choix, je me contente d’attendre en surveillant régulièrement que ce bâtard de roux ne se réveille pas. Des voix retentissent, ainsi que d’innombrables gémissements de douleur. Étant donné les circonstances de la situation, je présume qu’un combat se déroule à l’étage. Lassé d’être impuissant en raison de cette paire de menottes, je décide d’examiner les environs du regard, à la recherche d’un quelconque moyen pouvant déjouer le piège d’Elena. Hum… que pourrai-je utiliser ? Voyons voir…. BINGO ! Des cure-dents, bien sûr. Rapidement, je me lève pour acquérir la boite de cure-dents se tenant sur l’îlot central de la cuisine. Je me penche doucement vers le petit paquet de bâtonnets en bois, avec difficulté, puisque je ne suis pas en mesure de me servir de mes mains. BREF. Je vais vous épargniez les détails impertinents de l’ouverture faramineuse de la serrure, exécutée grâce à de simples cure-dents à la noix. Tout ce que vous devez retenir : c’est que j’ai réussi. Le fait que je sache déverrouiller des menottes d’un flic ne vous concerne pas, point final. Assez bavarder. Que les choses sérieuses commencent : JE VAIS LAMINER CES FILS DE PUTES ! Mais avant ça… Je dois aller faire un tour aux chiottes. D’une démarche sûre et décontractée, je m’avance vers les escaliers afin d’accéder à l’étage. Mais, malheureusement, un salaud me bloque dans ma lancée. Je déglutis, avant de le regarder avec mépris. Il me fixe attentivement, tandis que l’envie de lui casser la gueule s’amplifie en moi. La vision de sa face de merde m’énerve. Beaucoup. Quand est-ce qu’il se décide à se battre, au juste ? Ça fait plusieurs secondes que l’on se fusille du regard, et ça en devient agaçant. Je m’apprête à reprendre ma route en direction des toilettes, mais le gars m’interrompt pour prendre la parole : — À ta place, je ne ferais pas ça, affirme-t-il avec autorité. — J’vais m’gêner, ouais. Mon doigt central se manifeste, et je monte la première marche de l’escalier, dans le plus grand des calmes. Sans étonnement, le cambrioleur – étant vraisemblablement furieux par mon manque de tact – s’élance à mon égard. Son attaque m’est totalement prévisible. Quel con ! Mon corps fit volte-face, et mon pied atterrit violemment au centre de son abdomen. Puisque mon coup a été riche en puissance, cet abruti est immédiatement projeté par terre. Il hurle de douleur. Je suis pratiquement sûr que son coccyx s’est pété lors de sa chute. Ahah. Couillon va ! Il est tellement nul. C’est une flagrante certitude. Alors que je compte rejoindre – une nouvelle fois – l’étage, quelque chose m’en empêche… Ou, plutôt, quelqu’un. Un putain de cambrioleur se précipite vers le type que j’ai mis à terre en une seule frappe. D’ailleurs, tête de cul me désigne du doigt, pour informer ma présence à son cher acolyte venant tout juste d’arriver. — Alors, c’est toi… Devon Maxwell, conclut le gars aux cheveux noir corbeau. — Dans toute sa splendeur, fis-je avec ennui. Putain, j’veux faire pipi là ! Certes, j’aime me battre… Mais, il existe des limites ! Il va falloir que je me débarrasse de ce gars, avant de pouvoir uriner paisiblement. Bordel. Ça fait chier ces moments-là ! Le goujat s’oriente vers moi pour m’attaquer de façon directe : c’est-à-dire, en pleine gueule. Malheureusement pour lui, j’esquive de justesse sa tentative de frappe. ET VLAAA ! Mes réflexes sont fantastiques. Profitant de sa perte d’attention occasionnée par l’échec de son coup-de-poing : je l’assène presque immédiatement d’une avalanche de baffes dignes des plus grands matchs de boxe. Bien évidemment, il ne parvient pas à encaisser une telle violence. Du sang jaillit de sa bouche lorsque mes jointures atteignent son estomac. Malgré ses signes d’abandons, mes raclées continuent de s’accentuer en férocité. En fin de compte, ce combat s’achève par une torgnole. Le corps de mon adversaire tombe. Et c’est qui le plus fort ? C’EST MOI ! Instantanément, je monte illico les marches d’escalier : c’est alors que je me trouve dans le couloir menant à plusieurs pièces telles que les toilettes. D’une vitesse inégalée, je me positionne en face de la salle qui m’est tant convoitée depuis un moment. Obnubilé par ma vessie, je ne fais même pas attention aux trois gars se tenant par terre. Même si je n’ai pas scrupuleusement analysé leurs états, je sais qu’ils ne sont pas une grande menace pour moi. Ils sont carrément K.O ! Quoi qu’il en soit, ses salauds ne m’intéressent pas à cet instant précis. Lorsque j’entre dans les chiottes, je prends soin
Chapitre 16
CHAPITRE 16 Contrairement à la dernière fois, je ne suis pas dans les vapes. Mon esprit est totalement conscient, alors que mon corps ne l’est pas vraiment. Je ne peux plus bouger. Et le simple fait de respirer est un véritable calvaire. Je me noie dans une agonie lente et douloureuse, sous une pluie torrentielle. Les orages persistent. Tandis que d’immenses éclairs s’abattent contre le ciel – qui plus est, envahi par un épais nuage sinistre. Les minutes passent, et mes sens m’abandonnent. Progressivement, mon être défaillit. Je suis perché dans un état de souffrance extrême. Lorsque la douleur s’agrandit, ma raison me pousse à croire que c’est la fin. C’est atroce. À mes côtés, quelques personnes gémissent de douleur. Ils n’ont pas la force de hurler de détresse. Pas même moi. Nos cordes vocales ont cessé d’exécuter leur fonction depuis un moment déjà. — Oh, mon dieu ! Vous allez bien ? s’écrie la caissière en s’agenouillant vers moi. Je suis actuellement en train de mourir sur place, mais sinon : OUAIS, JE VAIS BIEN ! Bruh. Évidemment que non, je ne vais pas bien. Un salopard vient de me lancer une saleté flèche – et un petit lutin me dit qu’il s’agit de mon assassin favori. — Oh, non… Qu’est-c’que j’fais ? pleurniche-t-elle. À cet instant, mon regard s’arrête sur son prénom écrit sur son tablier. Elle s’appelle Thalesi. Quel nom bizarre ! Étant donné que je vais crever si elle se morfond sur elle-même, je décide de prendre les choses en mains en réveillant mes foutues cordes vocales. JE SUIS TROP JEUNE ET TROP BEAU POUR MOURIR, MERDE ALORS ! Il est hors de question que j’achève mon dernier souffle à cause d’une flèche à la con. — Appelle… Pearl… Maintenant ! Trois simples mots, et pourtant, j’ai l’impression que mes entrailles sont sur le point de jaillir de ma bouche – cette scène est égalable à un film d’horreur. Thalesi me fixe avec incompréhension. C’est sûrement parce qu’elle ne connaît pas Pearl, et que dans ce type de situation, il aurait été plus judicieux d’appeler une ambulance. — Putain, prends mon portable ! fulminé-je. Bordel de merde. Cette affliction s’est davantage accentuée. Et dire que je vais devoir attendre que Pearl arrive… Fais chier. Je ne sais pas si je pourrais supporter ce déchirement encore longtemps. La phase terminale sera inévitablement la plus douloureuse. Le venin de la flèche se fortifie chaque minute, chaque seconde. Pendant que j’essaye de canaliser mon mal-être, Thalesi prend possession de mon téléphone afin de chercher le nom de Pearl dans mes contacts. — Il n’existe aucune Pearl ! panique-t-elle en tremblant énormément. — Mini… Hopkins, soufflé-je doucement en gardant une tonalité suffisamment élevée pour qu’elle puisse m’entendre. Elle acquiesce vigoureusement de la tête, et approche le combiné de son oreille. Mon pouls ralentit. Oh, shit ! C’est à cet instant que je regrette de ne pas avoir le maudit bipeur de Pearl. Comme par hasard, elle me la proposer juste avant de partir ! Putain, c’est le karma ça. Je ne vois pas d’autres raisons apparentes. — Allô, vous êtes Pearl ? rétorque Thalesi à travers l’objet électronique. — Il faut absolument que vous veniez à 43 Street Macklore au troisième arrondissement, nous sommes devant la supérette Harold’s Market. Votre ami Devon est gravement blessé. Une flèche noir a… Non, pourquoi ? D’a-d’accord, continue-t-elle à dire en s’adressant vraisemblablement à Pearl. AH ! ASZSDGSZUD ! Thalesi vient de retirer la flèche de mon bras. Et ce, sans même entreprendre le moindre préambule : rien, nada. Elle aurait pu me prévenir ! BORDEL. Si je pouvais, je lui gueulerais dessus… mais en vue des circonstances, je ne peux pas. Dommage. — Pearl ne va pas tarder à arriver ! Et désolée, c’est elle qui m’a ordonné d’enlever cette flèche, s’excuse-t-elle en s’asseyant par terre avant de reprendre la parole. Il faut que je vous emmène sous le préau ! Aussitôt dit, aussitôt elle se redresse en prenant mon bras pour le placer au-dessus de ses épaules. Je grimace légèrement. Le tourment de torture devient stable, ceci est probablement dû à l’absence de la flèche dans mon organisme. C’est un bon point à savoir. Arrivé à l’espace couvert par des tuiles, Thalesi m’aide à m’asseoir sur le ciment. Mon dos s’adosse contre le mur. — Euh… Merci pour tout à l’heure, marmonne-t-elle. Je ne réponds pas, et me contente d’observer les gouttes de pluie se percuter contre le sol. Ce panorama est mélancolique, et représente souvent la solitude : c’est notamment pour ça que j’aime bien la pluie. Le son du tonnerre retentit. Et mon corps s’affaiblit. Combien de temps avons-nous attendu ? Je n’en ai aucune idée. Mes forces s’estompent. Mes paupières tombent. Et mes pensées s’effacent. Un vide total s’installe en moi alors que ma vie défile devant mes yeux. Ceci est la dernière phase. Des souvenirs heureux apparaissent. Malgré le fait que je nie constamment ma tristesse : il est incontestable que mes parents me manquent – beaucoup. Des paroles retentissent. « Sois un gentil garçon, Devon. » C’est ce que disait ma mère. Ça me fait presque rire. J’imagine déjà son visage de déception à mon égard… Mais, qu’est-ce que je raconte ? Je ne me souviens même plus de son visage. C’est tellement pathétique, non ? Des images de ma vie surgissent. Rien de pire pour m’anéantir de l’intérieur. Un brisement. Et une petite larme ruisselle le long de ma joue, se mélangeant parfaitement avec les gouttes de pluie. — PUTAIN, DEVON ! Tu n’as pas intérêt à mourir. Vais-je rejoindre la lumière ? Ahah. J’déconne. Ma prochaine destination n’est autre que l’obscurité : là où se trouvent les ténèbres. Oh, une lueur rouge ! J’y vais de ce pas ! ET BAM. Une gifle en pleine tronche ! J’ouvre les yeux, et découvre – sans étonnement – Pearl. — Sale abruti ! Tu aurais dû m’écouter, crache-t-elle manifestement énervée. Dis que tu es désolé pour avoir agit aussi bêtement, et je t’enlèverai le venin. — Plutôt mourir ! fis-je avec conviction. Je regrette directement d’avoir haussé
Chapitre 15
CHAPITRE 15 Étrange serait le terme exact pour qualifier cette situation. Lorsque j’entremêle sa langue avec la mienne, je ne prends même plus le temps de réfléchir aux conséquences irréversibles de cet acte. Bien que ça ne m’est pas déplaisant, une chose m’intrigue sur son comportement ; pourquoi elle ne me repousse pas ? Ça n’a aucun sens. La connaissant, cette fille m’aurait directement interrompu. Et pourtant, elle ne s’est pas opposée à mon baiser s’apprêtant à devenir particulièrement fougueu– Soudain, Pearl émet une pression pour que je m’écarte d’elle. (c’était trop beau pour être vrai, merde.) Je tente de fortifier mon appui, mais son coup est au-delà de mes attentes. Notre contact se brise. Et un sentiment de déception me gagne. Je n’ai jamais été autant envoûté par des émotions. C’est vraiment perturbant ! Mais, à la fois, amusant – je dois l’avouer. — Connard, s’écrie-t-elle en me giflant avant de se diriger vers la porte. Visiblement, elle est en rogne. Oups ? Avec force, cette dernière abaisse la poignée pour sortir de la cuisine. Je m’avance vers celle-ci en remarquant qu’une chose attire son attention – ou plutôt, quelqu’un. — MAMAN ?! Qu’est-ce que tu fais là ? s’exclame-t-elle tandis qu’Elena est à quatre pattes par terre. — Je ne t’espionnais pas, si c’est ce que tu crois ! C’est juste que j’avais perdu ma boucle d’oreille, et… OH, la voilà ! répond Mme Hopkins en désignant un minuscule objet. — Maman… grogne Pearl en croisant ses mains contre sa poitrine. — Mince, il est tard ! J’ai sommeil, pas vous ? Bon, je vais aller me coucher, révèle-t-elle rapidement. On n’eut le temps de rétorquer qu’elle s’est déjà éclipsée de notre ligne de mire. Dis donc, qu’est-ce qu’elle est rapide ! Enfin, bref. Puisque le canapé est libre, je m’assois immédiatement dessus pour visionner le film qu’Elena m’a recommandé de regarder ; car, apparemment, il est plus que génial. Ça laisse à voir ! — Tu veux du pop-corn ? proposé-je en appuyant sur le bouton « play ». — Donne-moi ça, et enlève tes sales pattes de la table basse ! hurle Pearl tandis que je me contente de rouler des yeux. À contrecœur, je pose mes pieds par terre. Pendant ce temps, elle est en train d’engloutir une poignée de pop-corn faits maison. Par la suite, Pearl s’installe sur le divan en prenant soin d’obtenir le plus de distance possible avec moi. Elle se munit d’un plaid lorsque l’introduction du film commence. Et quand elle s’assoit finalement, des bruits de mâchouillement retentissent continuellement. — Tu crèves la dalle ou quoi ? rétorqué-je en me tournant vers elle. Des miettes de pop-corn sont éparpillées autour d’elle, et sa bouche est pleine. De ce fait, ses joues sont bombées ; accentuant davantage sa similarité avec Pacco. Telle mère, tel fils ! Nan, j’déconne. Quoi que… Un toussotement retentit, et aussitôt, elle crache dans le bol de grain de maïs soufflé. Tant d’élégance en elle ! C’est presque sensationnel. — Je mange quand je suis contrariée, dit-elle en posant la nourriture sur la table basse. — Oh, et… qu’est-ce qui te contrarie, au juste ? demandé-je en souriant malicieusement. Serait-ce notre petite altercation dans la cuisine ? Un flash me revient de ses lèvres contre les miennes ; l’apparition d’un frisson se manifeste. Ça, c’était bizarre. — Va te faire foutre, Maxwell. Et ferme ta putain de gueule. Ta voix me donne des envies de meurtres ! Cette soudaine politesse me surprend tellement ! Wow. C’est saisissant à quel point cette fille est courtoise dès qu’elle me parle. Dois-je prendre ceci comme un signe d’affection pour moi ? Je présume que oui. Oh, mon regard se plante sur l’écran de la télévision ; une scène de combats y est exposée. Ouuuh, intéressant. Bon, je vais vous épargniez tous les détails. Globalement, l’intrigue de ce film est basée sur un mauvais garçon aimant une jeune fille sage. Barbant, pas vrai ? À la fin de ce soi-disant chef-d’œuvre, d’après Elena, le jeune délinquant crève, car il faisait involontairement du mal à la fille qu’il aimait. Serait-ce un message subliminal de Mme Hopkins ; qui stipule que si je fais du mal à Pearl, je meurs ? Peut-être. Ceci est fort probable. Surtout venant d’elle. — Il est quelle heure ? interrogé-je en convergeant mes yeux vers Pearl. Elle dort. Génial, il ne manquait plus que ça. Et comment va-t-elle s’y prendre pour aller en cours demain si son réveil est en haut ? Attendez. J’en ai rien foutre ! Si elle est en retard dans son bahut, c’est de sa faute. — Hé ! Réveille-toi, dis-je sèchement en me levant du canapé. Aucune réponse ne résonne. Je claque des doigts près de son visage, en vain. Elle ne bouge pas. Quel vent ! Je souffle bruyamment, avant de l’observer davantage. Ses lèvres… AAH ! Je secoue vigoureusement de la tête pour éloigner toutes ces pensées. — Lève-toi là ! renchéris-je. Pourquoi est-ce que j’insiste tant ? Je n’y gagne rien dans tous les cas. Et là, pour une énième raison énigmatique, je la porte tel un sac à patates, avec la volonté de l’emmener dans sa chambre. Elle gigote, marmonne quelques phrases incompréhensibles, et bave sur mon dos. Mais, elle ne se réveille pas. Arrivé dans sa chambre, je dépose Pearl sur son lit. Avant que je ne parte, cette dernière prononce un simple et unique mot qui a le don de me mettre hors de moi : — Keegan… Beurk. ✽✽✽ Comme prévu, avec Elena, nous préparons des pizzas. Et étant donné qu’elle adore les aliments sains – et dégueulasses, nous avons passé plus de deux heures à confectionner toutes les pizzas aux épinards. Il ne reste plus qu’à les enfourner, et le tour est joué. — Alors, tu as aimé le film d’hier ? me lance-t-elle tandis que l’on s’assoit sur une chaise en attendant que la première pizza soit cuite. — Bof. C’est trop gnangnan à mon goût. Je préfère les films d’action, rétorqué-je. — Oh, je vois… Et, qu’est-ce que tu en
Chapitre 14
CHAPITRE 14 Ce certain Keegan – par ailleurs, maudit soit-il – pourrait potentiellement gâcher mon plan de séduction. Or, il est inconcevable que j’échoue au jeu des Bad Boys ! C’est une question de principe, tout simplement. Un petit con dans son genre ne peut pas rivaliser avec moi. C’est insensé. Je ne peux pas accepter ça. — Regarde ! Je l’ai trouvé, s’exclame brusquement Pearl en faisant irruption dans la pièce. Presque immédiatement, je me redresse en découvrant qu’elle tient Pacco dans ses mains. Et comme d’habitude, cette saleté de bestiole vient de faire caca. C’est vraiment dégueulasse. Le taux d’excrément dans son petit corps est contre l’équilibre de la nature ! Sérieusement. Comment ça s’fait qu’il fasse toujours caca de partout ? C’est biologiquement impossible ! — Il vient de chier dans ta main, remarqué-je en désignant du doigt le mini-fessier de la boule de poils. — Roh ! Encore ? s’écrit-elle en soupirant longuement. Pacco ! Ce n’est pas bien de faire caca sur maman. Tu le sais ça ? — Tu te rends compte qu’il ne te répondra jamais ? À part si c’est un Chipmunk, dis-je en posant mon sac-poubelle alors qu’elle se dirige vers moi. — Et alors ? Je m’en contre fiche qu’il ne parle pas, grommelle-t-elle en me donnant Pacco pour aller se laver les mains dans le lavabo. Pendant que Pearl se sèche les mains avec une serviette, je pose le rongeur sur l’îlot central et commence à m’amuser avec lui. Même si c’est difficile à admettre, il m’arrive de ressentir un sentiment positif à l’égard de cet écureuil. Mais, personne ne doit le savoir ! Pourquoi ? Je n’en sais rien. Dans la vie, il existe parfois des choses destinées à rester énigmatiques ! Enfin, bref. Du coin de l’œil, j’aperçois Pearl saisir son téléphone portable. Instantanément, je pense au message de l’autre gars… Comment il s’appelle déjà ? Hum, peut-être Keegan. De toute façon, il n’est pas suffisamment important pour que je retienne son nom ! Soudain, sans que je m’y attende, un sourire s’étend sur les lèvres de Pearl. Uh, oh ! C’est mauvais signe ! Alerte crush, aaaah. Fais chier. Aussitôt, Pacco éjecte une merde de son petit cul. Bordel, il lit dans mes pensées ou quoi ? La brunette s’assit à mes côtés, et se met à pianoter sur son portable. Son sourire est toujours scotché sur son visage. — Arrête. Tu ressembles à une détraquée quand tu souris comme ça, lancé-je en essayant de loucher sur l’écran de son cellulaire. Lorsqu’elle tourne la tête, je cesse directement mon attitude d’espionnage – en dirigeant mes yeux vers Pacco qui me regarde intensément. Je dois avouer qu’il est mignon. Légèrement ! Pour simple information, je ne suis pas zoophile. C’est juste que je trouve qu’il n’est pas hideux, rien de plus ! — Ferme-là. C’est toi qui ressembles à un détraqué. N’oublie pas que tu viens de me séquestrer dans une putain de chambre ! Rectification. Tu es un psychopathe, proteste-t-elle avant de continuer à jouer avec son portable. ZEN, DEVON ! Je dois être un minimum gentil. Il faut absolument que j’accomplisse la première étape avant que ce salopard de Keegan ne débarque. Autrement dit, il me reste une semaine – qui plus est, un délai extrêmement court. Mais, bon. Je dois le faire. Car, vous savez quoi ? Je vais réussir ce jeu de séduction avec brio. Ce gars-là n’aura aucune chance face à moi. Ça sonne comme une évidence. — Pourquoi tant de haine ? déclaré-je avec une innocence sans faille. — Parce que t’es un connard, grogne-t-elle avec agacement. Tu ne voulais pas être sympathique, non ? C’est toi qui l’avais dit lors de ton premier jour ici. — Les gens changent, Pearl. — Ouais, mais pas en douze jours, affirme-t-elle en posant son portable sur la table. — La prison m’a fait réaliser beaucoup de choses, mentis-je en faisant preuve de sérieux. — Attends, t’es sérieux là ? Tu es resté en garde à vue pendant moins de trois heures ! Je contracte la mâchoire en voyant que mes excuses ne servent à rien. Va falloir que je change de tactique, et vite. Étant donné que je n’ai pas envie d’avouer le fait qu’elle a raison en insinuant que je n’ai pas changé ; je décide de lancer un tout autre sujet de conversation. — Où est ton père ? interrogé-je d’une manière beaucoup trop brusque. Merde. Je sens que je vais rapidement regretter d’avoir posé une telle question… Mes paroles semblent avoir anesthésié le moindre de ses raisonnements. Elle reste silencieuse. Son regard est incandescent, presque bouillonnant. Qu’est-ce qui lui arrive ? Je présume que j’ai touché un point sensible… Oups. — Je sais qu’il n’est pas mort, informé-je avec sérénité. En vue des circonstances, il est inutile d’ajouter que la subtilité n’est pas mon point fort, non ? Un petit « désolée » s’échappe de ses lèvres avant qu’elle ne se précipite à l’étage : me laissant seul avec Pacco. Alors là, c’était bizarre. Vraiment bizarre. Mais, BON ! Pas la peine de s’attarder sur ça, pas vrai ? Je joue avec l’écureuil pendant une trentaine de minutes, et finis par le mettre dans sa cage. ALLONS REJOINDRE MON LIT – étant moins confortable que celui de Pearl ! Youpi… Pour éviter d’avoir de mauvaises surprises ; je ferme la porte d’entrée à clef et m’oriente à l’étage, en n’oubliant pas d’éteindre les lumières après moi. C’est avec les dents propres, le visage parfaitement nettoyé et le haut inexistant, que je me dirige dans ma chambre. Et c’est reparti pour une nuit blanche ! Mon insomnie persiste toujours autant… Allongé sur le lit, mes yeux fixent attentivement le plafond étant d’un blanc immaculé, tandis qu’un déluge de pensées me tracasse. Des flashs, des résonnements de paroles, des sensations. C’est dans des conditions alarmantes que je demeure. Durant une fraction de seconde, des souvenirs de mes parents me viennent en mémoire, mais ma conscience m’ordonne âprement que je cesse de songer à ça. Pourquoi ? Eh, bien… C’est seulement pour me préserver de
Chapitre 13
CHAPITRE 13 Les invités se multiplient, jusqu’à atteindre un nombre presque incalculable. Désormais, la maison des Hopkins est intégralement remplie d’étudiants avides d’alcool. La musique résonne dans tout le quartier ; et les gens s’amusent. Rien de plus plaisant qu’une fête organisée par moi ! C’est génial. — Il parait que Dark s’est complètement éclipsé. Après son combat avec la jolie brunette, ce type est introuvable, déclare Chace avant de boire une gorgée de sa boisson. — Tout le monde s’en fout de l’endroit où il se cache. En l’espace de quelques jours, il est devenu incompétent aux yeux de tous, lance Wade en soupirant bruyamment. — N’empêche, même s’il s’est fait battre à plate couture par une meuf, j’aurais bien voulu échanger ma place avec lui ! Faut se l’avouer, quand même. Cette fille est carrément baisable ! affirme Chace tout en faisant un high-five avec Aaron. — Ça, c’est sûr, adhère Jared en riant. Je manque de m’étouffer par ma propre salive, à l’entente de cette conversation vraiment ennuyante ! Buvant le contenu de mon verre ; je reste silencieux. Vous me demandez peut-être pourquoi ? La raison est simple. Je ne suis pas bavard. Depuis gosse, je préfère écouter que d’user ma salive pour dire des sottises. Après plusieurs instants, j’en ai marre. Les gars m’énervent à lister les qualités physiques de Pearl ! — Bref, on pourrait changer de sujet ? rétorqué-je avec une lassitude sans faille. — Minute, Devon. Tu dois connaître le numéro de cette fille, pas vrai ? fit Jared avec un sourire mesquin sur ses lèvres. Immédiatement, cinq paires d’yeux se posent sur moi. Quelle bande de crétins ! Il vaut mieux que je ne leur dise pas que ce soi-disant canon habite dans la même baraque que moi. Et que nous sommes actuellement chez elle ! Oh, ça non ! Ils ne doivent surtout pas le savoir. Je n’ai nullement envie que l’un d’eux bousille mon plan de séduction. D’ailleurs, en y repensant, je viens de perdre plusieurs points dans l’estime de Pearl étant donné que je viens de l’enfermer dans une chambre inondée dans l’obscurité. MAIS, BON. Ce n’est pas si grave, hein ? Je pourrais toujours me rattraper – ou pas ! Vous devez sûrement être pommé, non ? Après tout, je suis sensé accomplir la première étape en faisant ami-ami avec elle. Et pourtant, en la séquestrant dans une pièce, j’ai agi comme le plus grand des enfoirés ! Eh bien, que ce soit clair ; il faut que vous sachiez que peu importe les manigances de séduction, je suis et je resterai un connard. Et malgré tout, Pearl va m’aimer. Elle acceptera ce trait de ma personnalité – qui plus est, plutôt nocif. — Vous n’avez aucune chance avec cette diablesse-là, dis-je en éclatant de rire face à l’absurdité de leur espérance. Bon, sur ce, j’vais aller draguer des meufs ! D’un geste décidé, je me lève, tandis que des étudiantes s’empressent de me dévorer du regard. Sérieusement, je pense que je suis un aimant à fille ! Sinon, je ne vois pas comment cela peut-être possible. Elles m’adorent. Que nous soyons honnêtes, vous et moi, je suis né pour être un tombeur. Alors qu’un de mes meilleurs potes s’apprête à me soutirer davantage d’information sur Pearl, je me rue vers la foule afin d’y être engouffré. Les gens dansent, se trémoussent, s’enjaillent. Eurk ! J’EXIGE QUE L’ON M’ÉLOIGNE D’ICI. Je déteste quand on me touche, AAAAH ! Par contre, pour les activités sexuelles, c’est une tout autre histoire. Enfin, vous voyez c’que j’veux dire – si ce n’est pas le cas, vous n’êtes pas assez ouverts d’esprits pour comprendre mes sous-entendus ! Lorsque je parviens à m’extirper de la foule, c’est la libération ! (libéré, délivré… Bordel, mais ferme-là conscience ! Tu me fais honte face à tous ces gens qui me divinisent.) C’est alors qu’une connasse stationne devant moi. Rapidement, je la scrute du regard ; cheveux frisés, peau mate, bouche ultra-pulpeuse, des gros seins et des fesses rebondies. En d’autres termes, c’est une Bimbo composée principalement d’artifice, comme Nicki Minaj. — Devon ! Tu te souviens de moi ? dit-elle avec enthousiasme. Je fronce les sourcils en signe d’incompréhension. Cette meuf ne m’est pas familière ! Enfin, j’crois. Il faut savoir que je ne retiens pas tous mes coups d’un soir, hein ! Ce serait une perte de temps. — Joyce Lake, la binoclarde. Nous étions dans la même classe pendant près de quatre ans, et c’était moi qui faisais tes travaux en mathématiques ! informe-t-elle avant que je ne réalise que je me rappelle d’elle. — T’étais pas censée être moche, à la base ? Elle déglutit immédiatement à l’entente de mes propos. Ai-je été trop brusque ? Bien sûr que non – à peine. — J’ai assez changé entre-temps, avoue-t-elle timidement. — Bah heureusement ! Tu avais vraiment une face de cul avant, déclaré-je avec aisance. Josoïce – ou quelque chose comme ça – commence à discuter avec moi, bien qu’elle sache pertinemment que je n’en ai rien à foutre. Sympathiser avec elle ? Non, merci. La sympathie ne fait pas partie de mon vocabulaire. Après être arrivés au stade des mains baladeuses, on se dirige vers les escaliers pour s’aventurer à l’étage. Plusieurs personnes s’embrassent voracement. C’est dégueulasse. Mais, bon. Je n’y prends pas davantage attention. Bouches scellées à celle ayant des cheveux bouclés – je ne me souviens plus de son nom, mais ce n’est pas si grave – mes yeux convergent vers la porte de ma chambre. Et là, c’est le choc. Oh, merde ! Elle est ouverte. Ceci mène à la conclusion qu’elle s’est échappée. ATTENDEZ, QUOI ? Pearl s’est enfuie. JE RÉPÈTE. Pearl s’est enfuie ! Mais, comment a-t-elle fait ? Ce n’est pas possible. J’avais tout préparé pour qu’elle ne parte pas de cette putain de chambre ! Bon. Je pense que nous sommes d’accord sur un point. C’EST UNE EXTRATERRESTRE ! Je le savais, bordel. Pearl est venue conquérir le monde ! — Qu’est-ce qu’il t’arrive ? La voix de Nicki Minaj 0.2
Chapitre 12
CHAPITRE 12 Craintif. D’habitude, je ne suis pas comme ça. En fait, je ne l’ai jamais été. Et pourtant, la situation à laquelle est confrontée Pearl… m’inquiète ? Non. C’est impossible. Je ne peux pas être inquiet à son propos. Je suis un connard, un vrai de vrai. Alors, naturellement, je ne me suis pas instruit à me préoccuper des autres. Normalement, je dois servir mon propre intérêt en ne me souciant pas des gens se tenant à côté de moi. Ça a toujours fonctionné comme ça. Dans ce cas, pourquoi ? Des flots de pensées me tourmentent vivement mon esprit, jusqu’à me mettre dans un état émotionnellement instable. Cette fille est une véritable emmerdeuse ; dans un sens, tout me pousse à ne pas lui venir en aide. Premièrement, elle n’est pas nette. Deuxièmement, elle m’a volontairement provoqué. Et troisièmement, elle a osé s’immiscer dans mes affaires de famille. Sans compter que son caractère m’insupporte. Cependant, est-ce une raison valable pour que je la laisse crever à cause d’une puérile vengeance de la part de Calvin ? Absolument pas. Je concentre à nouveau sur la route, et puisque la voie est complètement vide, la vitesse de ma bécane n’est vraiment pas saine. Lorsque j’arrive à destination – après avoir failli écraser quatre ou cinq personnes, je m’empresse immédiatement d’entrer dans l’enceinte du hangar. Étrangement, les alentours me paraissent étouffants. Je tente de chercher la chieuse parmi la foule, en vain. Les gens me regardent comme si je suis un revenant – ça faisait tout de même quatre jours que je ne suis pas venu ici – et finalement, au loin, j’aperçois Aaron s’avancer vers moi. Génial ! Il a probablement vu la crétine de service dans les parages. — Est-ce que tu aurais– ? commencé-je, mais il me coupe brutalement la parole. — DARK EST EN TRAIN DE SE PRENDRE UNE PUTAIN DE RACLÉE ! IL FAUT QUE TU VOIES ÇA, crie-t-il en me faisant signe de le suivre. Il plaisante, là ? Aussitôt dit, aussitôt je bouscule les gens pour pouvoir regarder davantage le match étant des plus imprévisibles. Aaron a raison. Dark est sévèrement amoché au niveau du visage ! Bonté divine. Est-ce une illusion d’optique, ou un rêve ? C’est la première fois que je le vois dans un tel état. C’est carrément hallucinant. Pearl bondit son poing vers lui, afin de l’écraser aux creux de sa joue ensanglantée. Oh, mon dieu. Et dire que je croyais qu’elle était inoffensive… PUTAIN DE MERDE ! Ce n’est pas possible qu’elle puisse se battre de la sorte. À la base, elle n’était pas censée être nulle ? Oh, ça recommence. Je suis complètement perdu. Lorsque le corps de Dark tombe par terre, l’arbitre fait le décompte avec l’approbation de Pearl, avant de finir par lever son bras droit : — ET LA GAGNANTE DE CE COMBAT EST PEARL ! Tout le monde est choqué, y compris moi-même. Sa victoire est inattendue. Personne n’aurait pu prévoir cela. Comment ça s’fait ? De toute évidence, Pearl cache un secret ; ceci est indéniable. Peut-être qu’elle est en réalité une extraterrestre venue conquérir le monde, ou bien une championne de karaté dans une autre galaxie ? J’ai mieux ; c’est une agente secrète. Nan, j’déconne. Les deux premières possibilités sont largement plus probables ! Lorsque Pearl sort du ring pour s’orienter vers la sortie, je ne tarde pas à suivre ses pas. Je veux connaître qui elle est. Et je vous jure que si elle répond : Pearl Hopkins. Je pète un câble ! Quand elle se trouve dans un périmètre éloigné de tous, c’est à cet instant que je décide de prendre la parole. — Joli match, dis-je doucement. À l’entente de ma voix, elle se retourne immédiatement pour me faire face. Ses yeux sont écarquillés, et sa bouche est grande ouverte, si bien qu’elle pourrait gober des mouches. Et là, elle fait quelque chose qui me laisse sans voix. Cette fois-ci, elle ne me demande pas de retirer mes vêtements. Ça n’a rien à voir. Pearl saute dans mes bras, sourire aux lèvres. Mais, c’est quoi ce bordel ? — OH MON DIEU ! J’AURAIS MA PRIME, YOUPI ! crie-t-elle, folle de joie, tandis que je reste focalisé sur le fait qu’elle soit dans mes bras. Euh, depuis quand on est suffisamment proche pour qu’elle fasse ça, au juste ? Je pensais qu’elle me détestait… Enfin, bon. Une chance qu’elle ne se blottit pas contre mon torse pour faire un câlin, sinon je l’aurais fait tomber par terre – genre, sans pitié. N’oubliez pas que je hais ce type de marque d’affection. — Quelle prime ? Et c’est là qu’elle se rend compte que sa position actuelle est assez louche. Instantanément, elle regagne le sol, avant de passer nerveusement sa main sur sa nuque. — Rien du tout, dit-elle en perdant sa crédibilité. — Arrête de te foutre de ma gueule, et dis-moi qu’est-ce que t’es exactement. Tu fais partie d’un gang ? demandé-je, et elle fronce les sourcils. — Quoi ?! Non, pas du tout ! — Alors, t’es une extraterrestre ? proposé-je. — HEIN ? Je suis juste une adolescente normale, s’exclame-t-elle. — Et mon cul, c’est du poulet ? Nan, sérieusement. Il doit bien y avoir une raison pour que tu saches si bien te battre. — Ma mère est une policière. Les ex-détenus ont souvent des représailles à son égard et peuvent me considérer comme une cible. Alors, depuis que j’ai huit ans, je prends des cours d’autodéfenses, déclare Pearl. Et encore une fois, elle ment. Bien qu’elle ne flanche pas durant son explication, j’ai le sentiment que ce n’est pas la vérité. Malgré tout, je n’en fais pas la remarque, et finis par acquiescer positivement de la tête. Pearl, pensant naïvement me duper, sourit. Je l’observe en essayant de dissimuler mon air de méfiance, avant de frissonner en croisant son regard. D’un bleu si doux, si destructeur, si hypnotisant. C’est moche ! — On se rejoint à la maison, j’prends ma moto. Et c’est de la manière suivante que nos chemins
Chapitre 11
CHAPITRE 11 C’est exactement ce que j’avais prédit. Je suis là, en taule, à compter les barreaux de ma cellule. Génial… À mes côtés se tiennent plusieurs alcooliques ainsi que des hommes possédant des troubles d’impulsivités. Parmi eux, personne n’ose parler. De ce fait, un silence pesant envahit l’atmosphère. Adossé contre le mur en ciment ; je dévisage attentivement un gars baraqué. Vous connaissez le jeu du regard ? Lorsque le premier qui cligne des yeux a perdu. Eh bien, c’est ce que nous faisons, alors qu’aucune parole ne s’est échangée entre nous. Au début, c’était marrant, mais là, ça en devient carrément flippant. Le gars me fixe d’une manière si malsaine que mon naturel décontracté s’est complètement évaporé ; dès lors où il se lèche ses babines. Oh, putain. Quel genre de sociopathes est-il ? — Devon Maxwell, votre caution a été payée, dit un garde en ouvrant la cellule. Vous pouvez y aller. Je me lève pour me diriger vers les barreaux, tout en n’exprimant rien d’autre que de l’ennui, sous les regards attentifs de tous. L’agent de police me fait signe de le suivre, toutefois, avant de partir, je me retourne pour m’adresser au malabar : — On se verra la prochaine fois, Steve ! — Mon nom est Dwayne, rectifie-t-il. — Ouais, ouais, lancé-je et il sourit machiavéliquement. Par la suite, je m’oriente vers le hall d’entrée pour signer quelques paperasses, et devinez qui est là ? Et non, ce n’est toujours pas Shrek et Angelina Jolie ! Il s’agit plutôt de Thalia, Elena et Pearl. Alors que je m’avance vers elles, ma tante étant habituellement pacifique m’accueille en me giflant. C’est égalable à un chatouillement. — Encore en garde à vue ! Mais, sois plus responsable, bon sang ! Thalia se décale afin qu’Elena soit face à moi. Et BAM ! Une seconde claque. Cette fois-ci, elle est un peu plus douloureuse, mais ce n’est pas si grave. — Tu es vraiment inconscient de t’en prendre à trois personnes innocentes, me reproche Mme Hopkins. C’est alors qu’elle se place à proximité de ma tante, dans le but que sa fille soit à présent devant moi. Et comme on le dit souvent ; jamais deux sans trois, non ? ET VLAA ! Dans la gueule. Bordel, pourquoi faut-il toujours que les gifles de Pearl soient les plus violentes ? Je suis pratiquement sûr qu’elles se sont donné l’ordre de passage pour me baffer avant que je n’arrive. C’est vrai, quoi. Elles étaient installées en queuleuleu ! Nan, mais j’hallucine. Elles sont carrément folles ! Je n’ai rien faire de mal – à part fuir la vigilance d’Elena, entrer par effraction dans une école, et tabasser trois personnes ! JE SUIS INNOCENT, MERDE ALORS ! — De quel droit tu te permets de fouiller dans ma chambre, hein ? fit Pearl en me fusillant du regard. Occupe-toi de tes affaires, putain ! Je présume qu’elle a découvert la présence de son revolver sur son lit ! — Tu rigoles, j’espère ? dit la meuf qui a des photos de mes parents morts sous son plancher ! — Je… commence-t-elle, manifestement perplexe. Je vais tout t’expli– — Laisse tomber. Tu sais quoi ? Je n’ai même pas envie d’entendre tes foutues explications, dis-je sèchement. Va te faire foutre. C’est sûr ces mots que je me dirige à pied, vers le lycée de Pearl, pour pouvoir reprendre possession de mon véhicule. J’ignore les interpellations de Mini-Hopkins, et presse le pas. Le vent frais s’abat sur moi. J’en ai marre de ce programme, putain. Tout me dépasse ces temps-ci. Je dois être coupé du monde. Il le faut. Ça m’aidera à atténuer toutes mes pensées vis-à-vis des souvenirs en compagnie de mes géniteurs… C’est la meilleure solution qui s’offre à moi. Je vais devoir fuguer pendant quelques jours ; de la manière suivante, ça me préservera davantage de la douleur humaine… ✽ ✽ ✽ Quatre jours. Étant donné que Pearl connaît la localisation exacte du hangar dans lequel sont organisés mes combats de boxe, ça fait précisément quatre jours que je ne me suis pas battu dans un ring, mais plutôt dans la rue. Comme vous pouvez le constater, je me suis enfui. Loin de ce programme de sécurité. Et pour être honnête, m’adapter à vivre seul n’a pas été si difficile. J’ai toujours été solitaire, et maintenant, plus que d’habitude. Mais, bon. Ceci n’est qu’un détail. En ce moment même, la nuit est tombée. Le ciel est recouvert d’étoiles, ainsi que parsemé de petits nuages. J’erre dans les rues sinistres d’Atlanta, mains dans les poches, en soufflant pour créer de la vapeur de couleur lucide. Soudain, un cri de détresse retentit. Je fronce les sourcils, et par simple curiosité, je décide de suivre la voix féminine qui demande de l’aide. Et c’est là que je vois qu’il s’agit d’une fille accompagnée de Calvin. Oh, mais ça faisait longtemps celui-là ! Il ne m’a pas manqué en tout cas. Alors que la jeune demoiselle est en train de se débattre, je racle ma gorge pour attirer l’attention des deux individus. — Tiens, Calvin ! Qu’est-ce que tu fiches ici ? demandé-je d’un ton amusé. Ce dernier se redresse, et immédiatement, il retire malencontreusement son emprise sur sa victime ; par conséquent, la fille parvient à s’enfuir. Calvin s’apprête à entreprendre une course poursuite, mais je le bloque en me mettant face à lui. C’est alors que son visage se retrouve sous la lumière orangée d’un lampadaire. Désormais, je peux voir chaque détail de son visage ayant beaucoup changé entre-temps. Une hideuse blessure est située au beau milieu de sa face. BORDEL, QU’EST-CE QUE C’EST MOCHE ! — Comment tu t’es fait ça ? Je suis étonné par l’ampleur de sa cicatrice. Quel monstre a-t-il bien pu faire ça ? Ça en est presque effrayant. Déjà qu’il n’était pas joli-joli au début, alors là, c’est pire ! — À toi de demander à ta petite-copine, crache-t-il. — Kendall ? Selena ? Zaya ? Arzaylea ? Euh… Laure ? proposé-je en listant le prénom