Bonus

BONUS PEARL — Merde, merde, merde ! J’étais pourtant sûre qu’elle était tombée sous le lit… ! Mince, mais où est-elle ? Un énième juron s’échappe de mes lèvres au même moment où je m’assois par terre, complètement épuisée. Bordel. J’ai cherché dans toute la maison : du sous-sol au grenier : et résultat des comptes ? Cette bague est introuvable. Du jour au lendemain, elle a disparu. Et heureusement, Devon n’est pas au courant de cette perte ! Voyez-vous, il ne s’agit pas seulement d’un bel anneau. Cette bague appartient à sa mère, et s’il savait que ce précieux bijou s’est volatilisé, c’est sûr qu’il serait effondré ! Alors, pour éviter le drame, il faut à tout prix que je retrouve cette bague avant qu’il ne se rende compte de son absence. Je d– La sonnerie de mon portable retentit. Jared me propose un facetime. J’accepte sa demande, et place mon téléphone face à moi, en essayant de dissimuler mon amertume. — Alors, toujours en train de chercher ? me demande-t-il. D’un geste sans grande conviction, je secoue verticalement de la tête, avant de souffler profondément. Mon moral est complètement plombé, car me connaissant, je sais que je n’arriverais jamais à trouver cette bague dont Devon tient tant. — Oh, tu parles à qui ? entendis-je. Jared tourne sa tête. Pendant ce temps, je continue à réfléchir sur le moment exact où j’ai égaré l’anneau – bien évidemment, ceci ne porte pas ses fruits. — À Pearl. Jared se déplace, et à présent, derrière lui, je parviens à voir ses amis. Autrement dit, Chace, Aaron et Wade. Rapidement, je les salue. Et sans étonnement, ils m’interrogent sur l’avancement de ma quête. Le simple fait de dire à voir haute que je sois incapable de trouver cet anneau me rend plus morose que je ne le suis déjà. Par conséquent, je décide de changer de sujet : la fête d’anniversaire surprise de Devon. ✽ ✽ ✽ Depuis que l’on se connaît, Devon n’a jamais voulu célébrer son anniversaire. Pourquoi ? Eh bien, tout simplement, car ce crétin trouve que c’est inutile et que ça n’en vaut pas la peine. Néanmoins, bien que je sache qu’il déteste ça, il est inconcevable que je puisse négliger ses vingt et un ans. Mon bébé arrogant et narcissique est sur le point de devenir majeur, et clairement, je ne peux pas laisser passer ça. De plus, ce dernier vient tout juste d’avoir une mission de type S, et donc raison de plus pour faire une fête ! Il a travaillé extrêmement dur pour devenir agent secret et Favori, notamment parce que ses tests d’entrée ont été catastrophiques… Vous connaissez déjà l’esprit tordu de Devon, non ? Alors, je pense que si vous disais qu’il a tabassé son examinateur, car il ne supporte pas qu’on lui donne des ordres : ça ne doit pas vraiment vous étonner. En tous cas, pour ma part, j’étais certaine à 100% qu’il allait se faire recaler. Mais, que finalement, les fondateurs allaient découvrir son véritable potentiel. S’il y a bien une chose qu’on ne peut pas contester à propos de Devon, c’est à coup sûr ses talents pour le combat. Après la fin du programme de protection des témoins, Devon s’est perfectionné dans le maniement des armes à feu, et des fléchettes, en bossant quasiment tous les jours. Depuis, Thalia est devenue sa fan numéro un. Elle est tellement fière du nouveau boulot de son neveu qu’elle ne peut pas s’empêcher de le crier à haute voix – si bien que parfois, nous sommes obligés d’intervenir dans son voisinage en inventant des excuses bidon pour que notre secret ne soit pas révélé. — Au fait, tu as retrouvé ta bague ? interroge Chrissy à travers le combiné. — Non, pa– Je n’eus le temps de continuer ma phrase que je m’empresse de courir vers la salle de bains. Comme d’habitude, je suis en train de dégueuler. Saleté de nausée. Étant donné que j’ai la sensation que je vais, une fois de plus, dégueuler, je décide de m’asseoir près de la cuvette. Quand tout à coup, je sens un frottement sur mon dos. Je suis tellement renfrognée sur moi-même que je ne prends même pas le temps de lever ma tête. À tous les coups, c’est Devon. À part lui, personne ne voudrait caresser mon dos avec un balai afin d’être le plus loin possible du vomi. — Ça va aller… Je suis là, me dit-il simplement. Entre deux profondes respirations pour stabiliser mes troubles de l’estomac, je commence à dire : — Joyeu– Et là, ce sont les chutes du Niagara qui jaillissent de ma bouche. Beurk. C’est dégoûtant. Je vais encore gerber si ça continue ! Manifestement, Devon ne se sent pas bien non plus, puisqu’à son tour, il régurgite son repas du midi dans le lavabo. Apparemment, il y’en a pas un pour rattraper l’autre. De mieux en mieux, dites donc. Après plusieurs instants de récupération, je me sens à nouveau légère comme une plume. Par contre, ce n’est pas le cas de Devon. Ce dernier déteste vomir. — Tu vas survivre, t’inquiètes ! dis-je en me brossant les dents pour enlever cette mauvaise haleine. — J’ai l’impression que ça remonte, avoue-t-il en grimaçant. Je ris discrètement en voyant que son visage exprime une répugnance extrême, avant de jeter un coup d’œil vers l’horloge : il est presque dix-neuf heures : et donc, les invités ne vont pas tarder à arriver. J’ai tellement hâte de voir la réaction de Devon ! Sera-t-il heureux ou en rogne ? Honnêtement, je n’en sais rien. Il a toujours été le genre à maudire les surprises, mais peut-être qu’avec un peu de chance, il fera office d’exception. Pendant que Devon s’acharne sur son lavage de sa bouche pour retirer tout résidu, mon regard s’arrête brusquement vers mon gant troué. Je soupire, une énième fois. Il est temps que je le change… Et avant tout, il est temps que je retrouve cette bague. Il m’est impensable que je la perde ainsi. Elle est trop précieuse et trop

Epilogue

EPILOGUE Deux ans plus tard. — Devon… Je suis en train de mourir, commence-t-elle à se geindre avant de reprendre avec son ton mélodramatique. C’est vraiment la fin… J’arrive à voir une lumière blanche au loin. Si réconfortante et si aveuglante. Appuyé contre l’embrasure de la porte, depuis plusieurs minutes, mes yeux sont rivés sur le corps pratiquement inerte de Pearl – qui plus est, allongé sur le lit avec des tonnes de couvertures par-dessus. Vu que son problème de santé s’est aggravé, elle n’a pas voulu que je m’en aille : c’est pour ça que je suis dans l’obligation de rester ici, à veiller sur ses moindres mouvements presque inexistants, et à étouffer sous l’épaisseur de ma tenue. — C’est l’ampoule, pas le paradis, grogné-je en roulant des yeux. Le médecin a dit que c’était qu’une simple grippe à cause du froid. Alors, arrête d’exagérer. Et pour la première fois depuis le début de l’après-midi, elle se redresse brusquement pour se tourner vers moi. Oh, c’est un miracle ! Elle vient de montrer un signe de vie ! Lorsque ses pupilles me scrutent attentivement, je redoute immédiatement sa réaction. — Franchement, Devon ! Une combinaison de ski. Tu te fiches de moi ? s’écrie-t-elle et je me mets à rire. — J’ai une mission importante demain, donc il est hors de question que tu me refiles tes saletés de microbes ! me défendis-je, et aussitôt, elle me fusille du regard. — Toi, alors…. grommelle-t-elle doucement. Oh, merde. Mon nez se remet à couler ! Passe-moi le paquet de mouchoirs à côté de toi, s’te plait. J’acquiesce positivement de la tête, et à l’aide d’une pince géante, j’attrape la boite de mouchoir afin de lui tendre en gardant un périmètre de sécurité. On n’est jamais trop prudent, pas vrai ? Son fameux regard de la mort fait son retour, de ce fait, je ne peux m’empêcher d’être amusé par son agacement. Elle veut me tuer : ça, c’est sûr. — Ne fais pas cette tête, voyons. Tu ressembles à une constipée, lâché-je en riant. (D’après son expression faciale, elle n’est pas vraiment contente d’entendre ma remarque. Par conséquent, j’essaye de me rattraper.) Je t’aime plus que tout au monde, tu le sais ça ? — Va te faire foutre, crache-t-elle en se mouchant brutalement avant de poser sa tête sur son oreiller. Soudain, sans que l’on s’y attende, la sonnette retentit. Il est minuit passé : quel genre de sociopathe vaudrait venir à l’improviste dans notre baraque ? Hum… À vrai dire, j’ai une petite idée là-dessus. Je préviens Pearl que je vais descendre, et fatiguée comme elle est, cette dernière me répond d’un léger grognement. Enfin, peu importe. J’ouvre la porte, et découvre avec stupéfaction, Shrek et Angelina Jolie, sourire aux lèvres… Nan, je déconne. Vous m’avez cru, hein ? Avouez-le ! Bref. Au seuil de l’entrée se tiennent Klaus, Elena, Chrissy et Luke. Mais, qu’est-ce qu’ils veulent, putain ? Et là, brusquement, je leur claque la porte au nez. Tellement chaleureux comme accueil, vous ne trouvez pas ? Évidemment. Même si la résidence est parfaitement insonorisée et que la porte est plutôt colossale, je parviens à entendre les cris assourdissants de la lieutenante de police. — DEVON ! Ouvre-moi. Toute de suite. Pacco est avec nous, et tu ne voudrais quand même pas qu’il tombe malade, pas vrai ? Je souffle profondément, contracte ma mâchoire, et décide d’ouvrir la porte. Ensuite, je recule de plusieurs pas pour qu’ils puissent entrer, bien que leur présence ne m’enchante pas du tout. Il est tard, et je n’ai pas spécialement envie de taper la discute avec eux. Pacco saute sur moi, sous le regard terrorisé de Luke – celui-ci a une peur bleue des écureuils. — Je peux savoir pourquoi tu es en combinaison de ski ? me demande Klaus, visiblement intrigué et émerveillé. Est-ce une nouvelle mode, ou quelque chose comme ça ? — Non, pas du tout. C’est juste que j’veux pas terminer dans le même état que Pearl, lui dis-je simplement. — Oh, je comprends mieux ! On se dirige dans le salon, et presque directement, des étincelles apparaissent dans leur iris. Manifestement, ils adhèrent totalement aux couleurs bleu nuit et grises des murs, ainsi qu’au choix des meubles. — Wow. Vous avez fini de déballer vos cartons ? interroge Chrissy en admirant la décoration moderne et design. — Presque, répondis-je. Alors que je commence à m’amuser avec Pacco, l’officière ne tarde pas à s’intéresser sur la raison de leur venue ici. — Où est Pearl ? — À l’étage, première porte à droite, déclaré-je, et bien entendu, ils s’orientèrent immédiatement vers les escaliers. Je les suis, toutefois, je suis interrompu dans mon élan. La sonnette vient – encore une fois – de résonner. Bordel, ils se sont tous donnés le rendez-vous pour me faire chier ou ça s’passe comment ? Je marmonne quelques jurons, retire ma combinaison suite à la chaleur insupportable, et ouvre la porte. Chace, Aaron, Jared et Wade sont là. Mais, pourquoi viennent-ils tous en groupe, sérieusement ? Comme pour tout à l’heure, je claque la porte avant même qu’ils puissent entrer. Cependant, contrairement aux autres, ces derniers sont nettement plus malins puisque l’un d’eux parvient à placer son pied à temps pour la porte ne se ferme pas entièrement. Je souffle, une énième fois, et croise mes bras contre mon torse dénudé : — Qu’est-c’que vous foutez chez moi à c’t’heure-ci ? — Étant donné que Pearl est gravement malade, on voulait voir si elle va bien, rétorque Jared en souriant. — Et vérifier que tu t’occupes correctement d’elle, poursuivit Chace. — Hé ! Qu’est-ce que tu insinues par-là ? gueulé-je en fermant la porte derrière eux. — Moi ? Rien du tout ! Rassure-toi. Je ne suis pas en train de sous-entendre que tu es un piètre fiancé ! fit-il en levant les mains en l’air, signe de capitulation. Rapidement, je lui donne un coup de coude et on s’oriente à l’étage – par ailleurs, je vois beaucoup trop de monde à mon gout. Bizarrement, Elena et compagnie

Chapitre 38

CHAPITRE 38 C’est peut-être une mauvaise idée de faire ça : mais honnêtement, je m’en fiche. Un besoin quasi viscéral me pousse à le faire, et d’une manière ou d’une autre, je ne peux pas lutter. Cette ignorance-là ne peut pas continuer. Il me faut des réponses, et pour ça, je dois lui rendre visite : à Dwayne, le tueur. Alors, c’est avec une détermination déconcertante que je me rends en taule, en compagnie de Pearl, pour mettre les choses au clair. Je veux savoir des tonnes de choses que seulement cet enfoiré sait. Bon, j’dois avouer que ça me fait vraiment chier de voir sa sale tronche, mais voilà : c’était soit ça, soit je persiste à demeurer dépourvu de réponses pour le restant de mes jours. Le choix a été plutôt rapide. Quand il me voit, son visage se décompose. Bien entendu, il n’est pas spécialement ravi que je lui rende visite – après tout, ce connard a voulu m’assassiner. Je m’assois, sourire aux lèvres, tandis qu’il me fixe avec étonnement. Mon regard converge sur sa tenue – qui plus est, hideuse : et je ne peux pas m’empêcher de m’en moquer. Évidemment, il se rend rapidement compte que je me fous de sa gueule. De ce fait, il saisit immédiatement le combiné. — Quoi ? Qu’est-c’qui te faire rire ? s’exclame-t-il, et aussitôt, tous les regards se posent sur nous. — Bah, toi, lui dis-je comme si cela sonne comme une évidence. T’es tellement moche, gars, continué-je au tac au tac. — Hein ? lâche-t-il en écarquillant les yeux. (Lorsqu’il réalise véritablement la méchanceté de mes paroles, il se lève brusquement de son siège, manifestement en rogne.) Espèce d’enfoiré ! Qu’est-c’que tu viens faire ici ? Son accès de colère m’amuse. Tant d’énervement pour si peu. Il est ridicule ! Si ma lecture sur les lèvres n’est pas défaillante, un policier vient de lui ordonner de rester calme, et Dwayne a décrété que je le provoquais ouvertement. Forcément, l’agent de sécurité s’en fiche. Entre un beau-gosse et un détenu laid : naturellement, le flic est dans mon camp. — D’abord, assis-toi, rétorqué-je en reprenant mon sérieux. Dwayne roule des yeux, grogne doucement, et finit par s’installer sur son siège. Il pose ses coudes sur la table, et impatiemment, il commence à dire : — Bon, aller. Crache le morceau. Pourquoi t’es là ? Je me replace correctement sur ma chaise et observe longuement Dwayne, et j’en viens à la conclusion qu’il est encore plus moche que lors du procès. Des cernes bleutés se sont formés en bas de ses yeux ambre, signe de fatigue, et ses cheveux noir jais sont en désordre. De plus, il me paraît fébrile à cause de son teint anormalement blafard, ainsi que déshydrater. Ses lèvres sont gercées, pâles et horribles. De toute évidence, son état n’est pas des plus glorieux. Et franchement, ça me rassure. Il mérite amplement d’être comme ça après ce qu’il a fait à Roy, Dean et surtout, Ashton. — Je veux des réponses. — Et tu penses vraiment que je vais te les donner ? lance-t-il, outré par ma demande. Dois-je te rappeler qu’à cause de ton putain d’ami, je vais devoir pourrir en prison ? Presque immédiatement, je fronce les sourcils pour montrer mon incompréhension. Intéressant, très intéressant même… — Mon ami ? répété-je, et il soupire bruyamment. — Ouais. Dark, le combattant à la con ! Au départ, je pensais que vous étiez concurrents ou un truc dans l’genre, alors j’avais décidé de collaborer avec lui. — Attends, quoi ? fis-je, avec confusion. Zackary ? — Je m’en fous de ce nom ! Ce bâtard m’a fait des coups bas. Et je n’y ai vu que du feu, grogne Dwayne. Il avait réussi à changer la composition de mes flèches pour qu’elles aient seulement un effet narcotique ! — Et la flèche noire ? — Je ne suis pas dupe. Dès que j’ai su que tu n’étais pas mort à cause de la flèche verte, j’ai directement fait le lien avec lui. Du coup, j’ai arrêté de prendre contact avec lui… m’explique-t-il en tapant frénétiquement sur la table pour contrôler son impulsivité. Mais, il se trouve que cet enfoiré m’a trouvé. Et m’a dénoncé aux flics. Je recule légèrement, surpris par toutes ces révélations étant plus ou moins inattendues : toutefois, une part de moi était persuadée que quelqu’un était derrière tout ça, et que la police n’avait pas entièrement contribué à l’arrestation de Dwayne. Malgré notre relation tumultueuse, Zackary est resté fidèle à lui-même. Il ne m’a pas trahi. Bien au contraire. Il m’a sauvé la vie. Et pour ça, je lui en suis sincèrement reconnaissant. — Où est-ce qu’il est ? demandé-je en faisant référence à Dark. Dwayne contracte fermement sa mâchoire, visiblement agacé du fait que l’on parle de Zack. — Je n’en sais rien ! Peut-être qu’il a quitté la ville, ou qu’il est encore à Atlanta, ça m’est complètement égal ! hurle-t-il à travers le combiné. Crois-moi, si j’arrive à me casser de ce trou, Dark et toi, vous êtes des hommes morts ! Bah, voyons ! C’est sûr que si un jour, il se trouve face à nous, Dwayne ne reverra plus jamais la lumière du jour. Contrairement à lui, Zack et moi sommes des spécialistes en ce qui concerne le combat : alors sa défaite est déjà prévue d’avance. Alors, autant dire que cet enfoiré est nettement plus en sécurité derrière les barreaux qu’à l’extérieur ! Si jamais j’apprends que ce salaud est en droit de sortir, dans ce cas, c’est simple, je l’attendrais patiemment devant l’entrée… — Évite de me menacer, Steve, déclaré-je en faisant exprès de me tromper en prononçant son nom. (Assurément, il s’énerve davantage. Et aussitôt, le garde commence à le menacer en désignant silencieusement son taser. Dwayne se ressaisit instantanément. ) Qu’est-ce t’as dit Dark ? continué-je à dire. Connaissant Zack, je suis certain qu’avant de partir, il a prononcé des paroles qui me sont adressées. Ça me semble logique. Il a toujours

Chapitre 37

CHAPITRE 37 Bordel. Je ne cherche pas à soutirer davantage d’informations, et monte directement sur ma moto, sous l’incompréhension de tous. Il faut que je m’en aille, et vite – avant qu’il ne soit trop tard. Désormais, ce n’est plus qu’une question de temps. — Où est-ce que tu vas ? me demande Pearl en se mettant face à moi pour que je ne puisse pas être en mesure de démarrer ma bécane pour me casser de là. — Chez ma tante. Décale-toi s’te plait, lâché-je avec impatience. Évidemment, elle remarque que mon comportement est louche ainsi qu’extrêmement suspect. À la base, on était supposés partir ensemble : du coup, ce changement brusque de plan lui paraît plutôt étrange. Avec instance, elle me regarde. De ce fait, je n’ai pas d’autre choix que de céder, car sinon, je ne pourrais pas me barrer d’ici avant un moment : — Mon salopard d’oncle est revenu en ville. Et, là maintenant, il est dans la baraque de Thalia. — Je viens avec toi, s’empresse-t-elle de dire en s’avançant à l’arrière de ma bécane pour s’y installer. — Nous aussi ! lance Chace avec l’approbation de Wade. — Non, vous restez là. Un point c’est tout, ordonné-je en faisant preuve d’un sérieux presque sidérant. Prends un casque, poursuivis-je en m’adressant à Pearl. Étant donné que je ne suis pas d’humeur à rire, Chace se contente de rouler des yeux à l’entente de mes mots, et finalement, il se rasseoir par terre afin de montrer qu’il ne compte pas déjouer mes interdictions. Tant mieux. J’allume le moteur de ma moto, sous l’angoisse de Pearl, et commence à m’aventurer vers les routes obscures légèrement éclairées par des lampadaires médiocres. — Accroche-toi, lui dis-je alors que la vitesse de mon véhicule dépasse largement le Code de la route. Ses bras ne s’attardent pas à entourer fermement mon torse. Au même moment, sa tête se pose contre mon dos. De toute évidence, elle n’apprécie pas les virés en moto – elle est littéralement en train de me griffer ! J’oublie son anxiété et augmente la vitesse : le vent s’abat sur nous. Et elle commence à frémir. Je tente de me concentrer : même si sur le coup, ça me semble impossible. Ma conscience me pousse à me focaliser sur les feux rouges, toutefois, ma raison est figée sur Caden, mon satané oncle. — Il faut que tu ralentisses, murmure-t-elle en continuant de me tenir de toutes ses forces. Je contracte ma mâchoire. Et ne réponds pas. Les ruelles défilent, les battements de mon cœur s’amplifient, et les murmures de Pearl se multiplient. Bien que j’ai pleinement conscience des risques, mon corps refuse de m’arrêter ou encore, de ralentir. Mes pulsions sont plus fortes que moi. Je ne contrôle plus rien. Seule la rage vis-à-vis de Caden parvient à me guider. Et c’est mauvais signe. — Devon ! vocifère-t-elle. DEVON ! Mes poings pressent tellement le guidon que mes jointures deviennent pâles, et lorsque je tourne à droite à cause du rond-point, pour la deuxième fois de la soirée, on frôle la mort. Putain. Je ne suis plus maître de moi-même. Le son des gyrophares retentit : cette mélodie que je connais un peu trop bien. Pearl perd son sang-froid et me demande de m’arrêter : cependant, je ne le fais pas. Je ne peux pas laisser Thalia face à Caden. C’est impensable. Je tente de fuir les flics en m’engageant dans des ruelles étroites. Et c’est seulement au bout d’une vingtaine de minutes que j’arrive définitivement à les semer. Pearl chuchote quelques mots, me serre, encore plus que précédemment, et je me ressaisis. Merde. Qu’est-ce que je fous ? — Je suis désolé… soufflé-je doucement en ralentissant. Tellement désolé. Je respire difficilement, et sans que je m’y attende, des larmes viennent s’étendre le long de mes joues. Néanmoins, je les essuie immédiatement lorsque je m’arrête au feu rouge. Quand on arrive à destination, Pearl descend brusquement du véhicule et me fixe avec un air de tristesse. Après tout, de ma faute, nous avons failli mourir. Et c’est que maintenant que je le réalise. Si cette virée avait dégénéré, c’est sûr que ma vie n’aurait plus aucun sens. Avant ce soir, je n’avais jamais songé à perdre Pearl. Pour toujours. Ça ne m’était jamais traversé la tête, pas même une fois. Et quand j’y pense, je me sens tellement pathétique. Cette fille est tout pour moi : et je l’ai mise en danger. Putain. C’est impardonnable, pas vrai ? Je suis un véritable connard. Et quoique que je fasse, quoi que je dise : je le suis toujours. Quand je suis avec elle, je n’ai pas l’impression d’agir comme l’enfoiré que je suis, mais comme un gars normal. Et il a fallu que je gâche tout. Comme d’habitude. Avec hésitation, je m’avance vers Pearl en redoutant sa réaction : — Mais, qu’est-ce que tu t’imaginais, bon sang ? T’es complètement malade de rouler comme ça ! me réprimande-t-elle en passant ses mains dans ses cheveux. — Je suis– commencé-je à dire, mais elle me coupe dans mon élan. — Arrête de t’excuser ! Elle s’approche de moi, et d’une manière inattendue, elle prend son visage entre ses mains et me sourit faiblement. J’écarquille les yeux. Qu’est-ce que… ? Je reste immobile. Je pensais réellement qu’elle serait énervée par mon manque de prudence, et pourtant, ce n’est pas le cas. D’un revers du pouce, elle essuie délicatement mes récents pleurs. — Promets-moi que ça n’arrivera plus, me dit-elle en plongeant son regard dans le mien. — Je te le promets. Alors que je m’apprête à l’embrasser, une voix masculine m’interrompt : — Oh, mais qui est-ce ? Devon, mon garçon ! Ça faisait longtemps. Mon sang afflux à un même point dès lors où le timbre de sa voix résonne dans ma tête. Il est là, au pas de la porte, avec un sourire narquois. Cette vision me rend vulnérable. Il n’a pas changé : il est toujours aussi grand, sûr de lui, et charismatique. Ses cheveux bruns

Chapitre 36

CHAPITRE 36 Lorsque ses yeux marron, presque noirs, se dirigent vers moi : instinctivement, je parviens à déceler une profonde haine mêlée à de la colère. Une chose est sûre : il veut me tuer. Toutefois, étant donné qu’il est actuellement escorté par un tas de mecs baraqués, ce salaud ne peut évidemment pas s’en prendre à moi. Et franchement, c’est purement magique ! Je peux lui faire un doigt d’honneur, là, maintenant, et il serait incapable de se défendre. Cet assaut de pouvoir m’amuse tellement ! Et puis– Oh, mince. Vous devez certainement vous demander qui est ce fameux tueur en série, pas vrai ? Eh bien, aussi étonnant soit-il : vous le connaissez ! Eh oui, vous m’avez correctement entendu. Ce putain d’enfoiré m’avait déjà rencontré, et vous étiez là… Enfin, vous n’étiez pas physiquement là, mais bon, peu importe. Vous m’avez compris ! Où en étais-je déjà ? Ah oui ! Le tueur. Alors, en fait, son nom est Dwayne – du moins, si mes souvenirs ne me font pas défaut. Et il était présent lorsque j’étais en taule pendant près de deux heures. Mais, si, vous devez sûrement vous en rappeler ! Lui et moi avions joué au jeu du regard… Ça y est ? Votre Alzheimer précoce s’est atténué ? Bien. Nous pouvons poursuivre dans ce cas. À l’aide de son mythique marteau, le magistrat tape trois fois contre une surface en bois et commence à parler. Dès lors où il ouvre sa bouche, mon ennuie apparaît. Avec sa voix monotone et excessivement terne, je ne peux pas m’empêcher de lâcher quelques soupirs déplacés et de rouler des yeux. Forcément, mon attitude ne plaît pas à tout le monde. Mais, ça, je m’en fiche. Maintenant que je sais qui est le coupable dans l’assassinat des dix boxeurs, dont mon cher Ashton, mon stress a soudainement disparu. Je m’attendais à une personne plus charismatique, plus terrifiante, et plus féroce… Cependant, il s’avère que je m’étais trompé sur toute la ligne. Il n’est qu’un misérable gars avec des idées de sociopathes. Enfin, bref. Je vous épargne tous les détails inutiles de ce procès pour vous téléporter directement à quelque chose de nettement plus intéressant et exaltant : mes combats de nuits. Désormais, les problèmes de meurtres ne sont plus qu’un lointain souvenir, puisqu’à présent, tout est entré dans l’ordre. Je passe la majeure partie de mon temps dans des matchs de boxe, dans des courses de voitures, ou encore dans des fêtes organisées par Chace : entre autres, rien n’a changé. Je suis toujours aussi cruel. Peut-être bien plus qu’avant. À vous d’en juger. — ET LE VAINQUEUR EST DEVON ! dit l’abrite en levant mon bras droit. Comme d’habitude, le public est euphorique. Les gens dansent, crient, et récoltent les dollars investis dans des paris clandestins. La musique augmente en tonalité jusqu’à en devenir assourdissante, de ce fait, je m’empresse de partir hors du ring. Il me faut de l’air, et vite. Toutefois, avant de me rendre à l’extérieur, je prends soin de m’orienter vers Jared afin de récupérer mon tee-shirt. Même si l’hiver est passé depuis plus de deux mois, ce n’est pas pour autant que je vais me promener torse nu à l’extérieur ! Oh, ça. Pas question ! Je tiens à rester en bonne santé : et à ne pas attirer les foudres de Thalia – si jamais elle découvre que je suis encore tombé malade. — Tu vas fumer une clope ? demande Wade en buvant tranquillement une gorgée de sa boisson. Je hoche négativement de la tête, et lui dit, doucement : — Non. J’ai arrêté. À l’entente de cette nouvelle, les gars sont tous sous le choc – à part Wade, bien entendu. Je me contente de les ignorer et d’enfiler tranquillement mon haut suivit de ma veste en cuir. Et c’est en négligeant les interpellations d’Aaron que je m’oriente à l’extérieur du hangar : là où je pourrais tranquillement me reposer. Par chance, je n’ai pas à user de ma force pour me frayer un chemin dans la foule. Les personnes s’écartent, me regardent attentivement, et contemplent ma beauté ensorcelante. Plusieurs filles gloussent à mon passage, et lorsque je me tiens près de la porte, l’une d’entre elles se décide à passer à l’action. En effet, elle se plante là, devant moi, avec un sourire enjôleur. — J’ai entendu dire que tu n’étais plus avec Kendall… lâche-t-elle en prenant une voix de connasse. — Et alors ? Elle s’approche de moi, sous le regard curieux de tous, et se met à la pointe des pieds pour atteindre mon oreille. Cette promiscuité est proche du harcèlement. Elle cherche à me séduire avec son souffle chaud contre mon cou, ses mains sur mes bras, ses hanches sur les miennes : néanmoins, l’effet est inexistant. En fin de compte, il se trouve que j’ai changé sur un point : un seul et unique. — Toujours à se faire draguer ! Mais, t’es un aimant à fille ou quoi ? s’exclame une personne que je reconnaîtrais entre milles. — À c’qu’il paraît, ouais, rié-je en poussant grossièrement la pétasse. Alors que je me dirige vers ma Pearl pour poser mon bras au-dessus de ses épaules, l’aguicheuse ouvre sa bouche : — C’est qui, elle ? — Ma petite-amie, répondis-je sereinement avant de remarquer que Mini-Hopkins est en train de la fusiller du regard. Et si tu ne dégages pas dans deux minutes, elle va te défoncer la gueule ! Rapidement, en voyant que mes menaces ne sont pas fondées sur des mensonges, la blondasse s’éloigne de nous, visiblement frustrée de s’être fait rejeter devant tout le monde. Je converge mon champ de vision sur la brunette en découvrant que ses traits sont toujours tirés par l’agacement. — Alors, ta sortie bowling avec ton père ? — Catastrophique, me dit-elle simplement lorsque l’on sort du hangar. Le vent glacial s’abat sur moi : mais, je n’y prends pas attention. À force, mon système immunitaire est parvenu à façonner une protection infaillible contre ce froid presque polaire.

Chapitre 35

CHAPITRE 35 J’étouffe, putain. Mes mains sont moites, ma gorge est sèche, et mon ventre commence à se nouer : voilà les effets secondaires du stress. Je hais ça. Un sentiment de peur, de crainte et d’angoisse me gagne tandis que je me mets à parcourir le couloir afin de diminuer ma nervosité. — Tu veux boire de l’eau, Devon ? me propose Elena en me tendant un gobelet rempli d’un liquide transparent. Rapidement, je saisis le verre en plastique de ses mains, incline ma tête en arrière et avale d’une traite ma boisson. L’eau fraîche hydrate immédiatement ma gorge, et aussitôt, je souffle de satisfaction. Wow. Je ne savais pas que j’avais autant soif ! Elena me regarde avec les yeux grands ouverts, alors que Pearl se contente simplement de faire ses lacets – bien entendu, elle est en train de galérer. — Bordel, c’est long ! craché-je, en m’asseyant sur le banc, entre Klaus et Pearl. Ça fait dix minutes qu’on attend comme des cons… ! — Arrête de te plaindre, grommelle la lieutenante Hopkins. — Jamais ! Elle roule des yeux, sous ma détermination sans faille, et décide de s’installer à côté de son mari. Cependant, en faisant ça, on est obligés de se serrer comme des sardines. Or, je ne supporte pas ça. Il me faut de l’espace, merde ! Je suis Devon Maxwell. Combien de fois dois-je le rappeler ? À force, ça en devient répétitif. Vous ne trouvez pas ? Enfin, bon. Peu importe. Quoiqu’il en soit, dès lors où Elena cherche à s’imposer dans le banc : je me lève aussitôt. Ça me fait chier d’être debout, mais ça n’est pas un problème majeur. À cet instant, il m’est fortement conseillé de songer à ce foutu procès et au témoignage que je dois dire. Et surtout, à mon ex-assassin. À cause de lui, je n’ai pas réussi à trouver le sommeil. À chaque fois que j’essayais de tomber dans les bras de Morphée, une question trottait continuellement dans ma tête : qui est-il ? Ensuite, je me demandais si je le connais, ou bien si c’était un inconnu. Puis, pourquoi il faisait ça. Et après, ça s’est empiré… J’ai passé ma nuit à me poser des questions stupides, mais importantes : et clairement, ça m’a bouffé toute mon énergie. Par chance, puisque je suis naturellement parfait, cette fatigue n’a aucun impact sur ma beauté. Je détiens toujours cet éclat de splendeur. Et étant donné que je suis vêtu d’un costard noir et blanc, à présent, vous pouvez ajouter « élégant » dans ma longue liste de qualités ! Oui, comme vous pouvez le constater, aujourd’hui, je suis d’humeur narcissique. Ça faisait si longtemps que ça ne m’était pas arrivé. J’ai eu presque peur que la modestie de Pearl m’ait atteint. Non, mais vous imaginez si, moi, le plus grand Bad Boy de tous les temps, est devenu humble ? Miséricorde ! Quel malheur ! Je ne peux même pas envisager cette possibilité, tant elle me semble absurde. Ça n’aurait aucun sens, pas vrai ? — Je pense que la séance va commencer dans cinq minutes, informe l’officière Hopkins en regardant brièvement sa montre. Ah, je n’aime pas attendre ! Je murmure des injures, croise mes bras contre mon torse, et m’adosse nonchalamment contre le mur. Les gens passent, et sans aucune gêne, je les dévisage méchamment. Concrètement, je déteste les endroits dans ce genre. À chaque coin se trouvent des flics : et comme vous le savez déjà, la police et moi, on n’est pas vraiment potes. D’ailleurs, en parlant d’eux, certains commencent à lancer des commérages en chuchotant et en me regardant étrangement. À c’que je vois, ma réputation de délinquant est restée intacte, même si ça fait un moment que je n’ai pas foutu la merde. Voici un point positif ! Ça me rassure. Alors qu’une femme, binoclarde et coincée, s’arrête à quelques mètres de moi pour me dévisager, je ne peux pas m’empêcher de prendre la parole : — Qu’est-c’tu veux, toi ? Baisse tes yeux et trace ta route ! Presque immédiatement, elle sursaute et se précipite vers l’ascenseur pour vraisemblablement me fuir. Forcément, en voyant mon manque de respect, Elena ne tarde pas à réprimander mon comportement. Et évidemment, ça m’est complètement égal. — Il est toujours comme ça ? demande Klaus en fronçant les sourcils, visiblement perdu. — Ouais. Malheureusement, fit Pearl en continuant de mêler ses lacets de manière aléatoire. — Oh, je vois… Son côté détestable doit certainement être dû à un passé difficile, ou à de mauvaises fréquentations. À moins que– — Hé, je vous entends tous les deux ! révélé-je, tandis qu’ils se mettent à rire à la vue de mon mécontentement. Je roule des yeux, signe de désinvolture, et continue de toiser les gens. Pendant ce temps, Klaus et Elena commencent une discussion inintéressante sur les actualités policières, et Pearl persiste à nouer ses lacets. Ses efforts sont détruits à néant, dès le moment où elle commence à enrouler le cordon autour de son doigt. Mais, elle est sérieuse là ? Ce n’est pourtant pas compliqué. Même un gamin écervelé pourrait le faire ! Je serre les dents, et décide de lui venir en aide, étant donné que c’est un cas désespéré. Lorsqu’elle me voit, devant elle, cette dernière émet un rapide tressaillement. Décidément, il en faut peu pour l’effrayer. — Tu ne t’en souviens plus de ce que je t’avais appris ? Déjà ? me raillé-je avec un air mesquin scotché sur le visage. — C’est ça, moque-toi. Un sourire narquois se dessine sur mes lèvres, et instinctivement, elle soupire bruyamment. Puisque nous savons tous les deux qu’elle n’arrivera jamais à faire ses lacets, Pearl pose son pied par terre et m’observe avec une certaine forme de haine. Par question de principe et de fierté, je sais qu’à ce moment précis, elle n’ose pas me demander de l’aide : en bref, aussi têtue qu’elle, tu meurs ! — Regarde et apprends, lui dis-je en posant un genou par terre. Je commence à

Chapitre 34

CHAPITRE 34 D’une façon presque immédiate, je déguerpis hors de la résidence, sous les interpellations de Thalia. Évidemment, elle ne comprend pas ma réaction étant plus ou moins étrange. Et honnêtement, sa confusion m’est complètement égale. Car, de toute manière, je sais que Thalia s’est habituée à mes sauts d’humeur, donc elle ne sera pas blessée par mon manque de tact. Et c’est pour ça que lorsque je suis monté sur ma bécane, elle a cessé d’insister. Elle se contente seulement de rester là, sur le pas de ma porte, à me regarder attentivement. Je finis par détacher mes yeux d’elle afin de m’engager dans les routes d’Atlanta, avec les pensées centrées sur le message de Pearl. Par ailleurs, dès que je l’ai reçue, j’ai directement tenté de la joindre : cependant, elle ne m’a pas répondu. Du coup, ça me fout un stress de malade. Bon sang, mais qu’est-ce qui peut être autant urgent pour qu’elle veuille que je vienne ? Il existe des tonnes d’hypothèses plus plausibles les unes que les autres ! Est-ce le retour de Tarek, ou encore, celui de Rators ? Je n’en sais rien, merde ! Le pire dans tout ça, c’est qu’entre la piaule de Thalia et Elena : je dois faire près d’une heure de route. De ce fait, ma putain d’angoisse ne s’arrange pas. Au contraire, même. Elle s’aggrave ! L’éventualité que les amis de Blake débarquent pour se venger commence sérieusement à me hanter l’esprit. Je déteste ça : être craintif. Pour la énième fois, la situation auquel est confrontée Pearl m’inquiète. Les battements de mon cœur se multiplient si vite que ma cage thoracique est sur le point d’exploser. Même si un vent glacial s’abat sur mon visage, je n’y prends pas attention, tant je suis contrarié par mes satanées réflexions. Quand j’arrive à destination, après avoir frôlé la mort une bonne dizaine de fois, je me précipite vers la porte d’entrée et pénètre dans la baraque, complètement perdue. J’entends des voix, ceux d’Elena, puis ceux d’un homme. Mes sourcils se froncent, et lorsque j’aperçois Mini-Hopkins s’avancer vers moi, mes traits s’adoucissent. Je ne peux pas m’empêcher de pousser un soupir de soulagement en découvrant qu’elle n’est pas blessée. Sans que je m’y attende, elle s’enfouit dans mes bras, sous mon incompréhension. Je réponds à son étreinte et pose un doux baiser sur le haut de sa tête. — Qu’est-ce qu’il y a ? lui demandé-je. — Il… Il est là. Sa voix se brise. Et je comprends instinctivement ses paroles. Mes légers doutes s’effacent lorsque je le vois. Ses cheveux sont d’un noir proche de l’ébène, ses yeux le sont également, et je peux distinctement constater son étonnement en me voyant. Ses pupilles me fixent intensément : mais, je ne flanche pas. Il est vêtu d’un costume intégralement noir, et en vue du regard qu’il lance à Elena, ce dernier est heureux de me voir. Je serre davantage mon emprise sur Pearl et recule d’un pas. Putain, mais qu’est-ce qu’il fout ici ? Je contracte ma mâchoire avant de reprendre mon souffle. Une chose est sûre : cet homme est le conducteur que j’ai vu, quelques heures plus tôt – et accessoirement, le père de Pearl. Bien que ces deux-là ne ressemblent absolument pas en termes de physionomie, leur lien de parenté me paraît évident. Ils dégagent le même charisme. — Tu dois être Devon, n’est-ce pas ? m’interroge-t-il en me désignant du doigt. — Ouais, dis-je sèchement. Je ne comprends toujours pas pourquoi il est là, alors que ça fait des années qu’il n’a pas donné de nouvelles à sa propre famille ! Mais, quel genre de connard peut faire un truc pareil ? En tous cas, pas moi. C’est carrément impardonnable ce qu’il a fait. — Hum… Devon. Je te présente Klaus. Mon mari, ainsi que le père de Pearl, déclare Elena avec une certaine forme de malaise. — Comment ça s’fait que ce salaud est là ? lâché-je, alors que ledit Klaus efface son sourire de ses lèvres à l’entente de mes mots. Pearl se détache de notre embrassade, manifestement mécontente de mes paroles. Bah, quoi ? C’est vrai ! Ce gars les a abandonnés, du jour au lendemain, et malgré tout, elles trouvent le moyen de le défendre en me fusillant du regard. — Eh bien, c’est que… rétorque Klaus, mais je le coupe. — Je ne m’adressais pas à toi. — Devon… grogne Elena en croisant les bras contre sa poitrine. Sois respectueux envers Klaus. Il est innocent. Alors, oublie tous les mauvais préjugés que tu t’es faits de lui. — Hein ? lancé-je, abasourdi. — Elle a raison… Il est innocent, valide Pearl en jouant négligemment avec ses bracelets. Dans le but de mettre les choses aux clairs, on s’oriente dans le salon pour discuter sur le comment du pourquoi. Et apparemment, Mini-Hopkins n’est pas à l’aise. Durant toute l’explication, elle n’avait pas osé affronter le regard de son père. À tous les coups, elle l’évitait en fixant le sol, ou bien en caressant nerveusement Pacco – celui-ci se tient dans ses mains, et pour la première fois, il n’est pas en train de chier comme un malpropre. Enfin bref. Klaus raconte les faits : et en effet, il est innocent. Je m’explique. Alors, en fait, lors d’une de ses missions, Klaus avait été porté disparu. Il s’était réfugié dans un chalet abandonné, au beau milieu d’une montagne, avec aucun moyen de contacter qui que ce soit. De plus, il était blessé suite aux coups de feu qu’ils lui ont été infligés, de ce fait, il était inapte à sortir de cette cabane délabrée. C’est alors, au bout de quelques jours de captivité, qu’il tombe dans un sommeil, avec des chances de survies presque inexistantes. Quand il s’est réveillé, Klaus était dans un hôpital. Et il venait de perdre plusieurs années de sa vie étant donné qu’il était placé dans un coma artificiel. Son partenaire était arrivé à temps pour le sauver. Elena, quant à elle, avait menti à Pearl en prétextant que

Chapitre 33

CHAPITRE 33 Curieusement, quand j’y repense, j’avais réussi à trouver le sommeil : et ce, d’une façon si rapide que j’en reste encore bouche bée. Pour certains/ou certaines, le fait de dormir paisiblement est ordinaire et extrêmement banale. Cependant, pour moi, c’était comme un phénomène rarissime. Ça faisait des lustres que je n’avais pas apprécié la douceur et la satisfaction engendrée par la réalisation d’un rêve agréable. D’habitude, mes rêves étaient vides, presque fades et dépourvus de dynamisme. Parfois même, je n’en avais tout simplement pas. Mes songes étaient quasi-inexistants. Alors, évidemment, quand je me rends compte de tout ça : pour la première fois de ma vie, je me réveille avec une certaine forme d’enthousiasme matinale. Les rayons du soleil traversent les rideaux translucides jusqu’à atterrir sur les plis de la couverture blanche. Et à vue d’œil, je dirais que nous sommes dans les alentours de midi, à tout casser. De ce fait, la faim commence à se faire sentir. Toutefois, elle est supportable. Par conséquent, je ne sors pas du lit pour me servir des nutriments comestibles. À vrai dire, ce n’est pas la flemmarderie qui me pousse à rester, mais plutôt, la présence de Pearl. Cette dernière est toujours endormie, et manifestement, elle ne compte pas se lever avant un moment. Tant mieux. Je préfère qu’elle ne prenne pas en flagrant délit en train de la regarder – ou devrais-je dire, contempler, ce terme convient assez bien. Elle avait l’air si innocente : que j’en oublierais presque sa force égalable à un malabar. Je place une de ses mèches rebelles derrière son oreille, avec discrétion bien entendu, et me retiens de pouffer de rire en voyant un filet de bave sur son menton. Tellement glamour, vous ne trouvez pas ? Ses cheveux sont attachés dans un chignon désordonné, son teint naturellement porcelaine est pâle, ses paupières sont légèrement gonflées à cause de ses précédents pleurs et sa bouche grande ouverte est dissimulé derrière sa main : voici Pearl dans toute sa splendeur. Et contrairement à ce que vous pourriez penser, son charme ne s’est pas volatilisé. Elle est toujours aussi resplendissante et superbe que d’habitude : et franchement, je ne suis vraiment pas le genre à complimenter les gens ! De ce fait, croyez-le ou non, cette fille est sincèrement sublime. Et un peu trop parfaite sur les bords. Pearl est l’exact opposé de Kendall. C’est pourquoi je me demande bien comment j’ai pu, ne serait-ce qu’un instant, être attiré par petite-amie n°1. Nan, mais sérieusement. C’est vrai, quoi. Décidément, ce mystère restera non-résolu pour le restant de mes jours ! Et– OUPS. Je viens d’écraser la tête de Mini-Hopkins en essayant d’attraper le réveil. J’y étais presque, putain ! Évidemment, elle ne tarde pas à se réveiller en me bousculant. Et comme vous le savez déjà, cette fille a beaucoup de force… Pris au dépourvu, je tombe du lit, tête la première, et gémis de douleur. Bordel ! Et dire que j’étais content de commencer cette journée. Il faut toujours qu’elle gâche tout. Je marmonne des injures et me lève, sous son regard confus. — Il est quelle heure ? me demande-t-elle en ignorant le fait qu’elle m’ait volontairement poussé hors du matelas. — J’essayais justement de le savoir, craché-je en désignant le réveil. Avant que tu ne m’attaques, bien sûr. Elle s’en fout royalement, et aussitôt, elle regarde les numéros affichés sur la petite horloge. Sans que je m’y attende, elle émet un sursaut et bondit à l’extérieur du lit. Je me contente de froncer les sourcils, en la fixant attentivement, et elle déclare rapidement : — Il est 12:45 ! me dit-elle en paniquant. — Et alors ? Pearl fonce dans la salle de bains et commence sa routine matinale, alors que je me décide simplement de l’observer. Brosse à dents dans la bouche et cheveux bruns en bataille, elle répond : — J’étais supposée me rendre à l’Agence pour les entraînements depuis plus de deux heures ! s’affole-t-elle alors que je demeure dans un état proche de l’ennui. — Relax… Tu peux leur dire que tu étais malade, proposé-je calmement et elle cesse tous ses gestes. — Hum… Tu as peut-être raison, rétorque-t-elle en finissant de se nettoyer sa dentition. Ça m’éviterait de me faire réprimander par M. Underwood et… Mais, attends, t’es vraiment sûr que c’est autorisé ? — Que ça soit autorisé ou non, tu crois vraiment que j’en ai quelque chose à foutre ? fis-je en commençant également à faire un détartrage des dents. Elle roule des yeux, tandis que je garde un air amusé. — Ah, oui. J’avais complètement oublié que je parlais à Devon Maxwell ! Je souris à l’entente de ses mots, et après avoir achevé ma routine matinale, je m’oriente dangereusement vers elle. Ses yeux bleus plantés dans les miens, nos souffles entremêlés dans l’air et mes mains appuyées sur les extrémités de ses hanches : je réalise pleinement de notre rapprochement engendré cette nuit. Contrairement aux fois précédentes, elle ne me repousse pas. On reste silencieux, presque muets, pendant qu’un flot de réflexion s’immisce dans ma tête. Je détaille attentivement la commissure de ses lèvres rosies, avant de poser délicatement ma main vers sa mâchoire, sous un calme sidérant. Elle frisonne à mon geste, certainement à cause du contraste entre la froideur de mes doigts et la chaleur, pratiquement brûlante, de sa peau porcelaine. Son regard se fait plus insistant, plus vif, et surtout, plus intense. Bordel, elle veut ma mort ? Si c’est le cas, elle s’y prend parfaitement en m’observant de la sorte. Et sans que je le fasse exprès, je me revois quelque temps plus tôt, lorsque ses iris bleus égalables à des saphirs s’étaient posés sur moi, pour la première fois. Ça m’avait considérablement troublé. Et encore aujourd’hui, cet effet-là continue de demeurer intact. — Tu comptes m’embrasser, ou bien– Sa phrase reste en suspens : étant donné que je viens de poser mes lèvres contre les siennes. À cet instant précis, je n’avais jamais été autant

Chapitre 32

CHAPITRE 32 Honnêtement, je pensais que ce jour n’allait jamais arriver : et que, ma vie au sein de la famille Hopkins serait définitif. Au fond, rester dans cet baraque ne me dérangeait pas tant que ça. En fait, cela me réjoussait – puisque clairement, j’aime vivre avec elles. En l’espace de quelques mois, Elena et Pearl ont su s’immiscer dans mon quotidien tumultueux, sans que je m’en rende compte. Et maintenant que je découvre véritablement leur importance dans ma vie, je m’étonne presque de m’être autant attaché à des personnes qui m’étaient autrefois inconnues. Des souvenirs de mon arrivée refont surface, provoquant ainsi l’apparition d’un sentiment de nostalgie. Même si je suis content de vivre à nouveau avec Thalia, je ne peux pas m’empêcher d’être morose à l’entente de mon retour dans mon ancienne demeure… Nous étions là. Pearl, Elena et moi. Autour de la table. Avec des réactions proches du vide absolu. À vrai dire, je ne sais pas vraiment comment réagir. Dois-je ressentir de la joie, de la tristesse vis-à-vis de mon départ ou de l’impatience à l’idée de découvrir la face de mon putain d’assassin ? Je n’en sais rien. Tout se bouscule. Je ne sais plus où en donner de la tête. Et ça m’exaspère. Beaucoup. — Étant donné que tous les indices mènent à lui et qu’il a avoué… L’enquête n’est plus d’actualité. Tu vas devoir témoigner à son procès se déroulant en fin de semaine, et après, le programme de protection de témoins s’achèvera… Tu pourras retourner chez ta tante. — Oh, je vois… dis-je doucement en me levant de ma chaise. J’enlève la serviette sur mes épaules, et aussitôt, je passe ma main dans mes cheveux étant légèrement humides. Putain, je n’arrive toujours pas à y croire. La police a réussi. Et ce, sans que j’aie besoin de leur venir en aide. Je souffle profondément, sous le regard attentif de Pearl. Depuis l’annonce, elle n’a pas cessé de me regarder avec cette étincelle. Ce n’est pas de la gaieté, non. C’est bien différent. Je dirais que ça ressemble à de la peine combinée à de la désespérance. À cet instant, elle doit sûrement se dire que je vais partir pour toujours. Car, après tout, c’est ce que je suis supposé faire depuis le début. Cependant, quand je conçois tout ce qu’il se passe : une chose m’interpelle. Je ne peux pas renoncer à Pearl. Jamais. Et c’est en me remémorant mon ancienne vie que je réalise ça. Concrètement, sans elle, je ne suis que l’ombre de moi-même. Ce jeune délinquant accro à la boxe et au danger qui s’en suive, complètement ingrat et narcissique, et surtout, au tempérament digne d’un pur connard. Lorsque je suis près d’elle, je n’ai pas l’impression d’être un simple boxeur prétentieux et superficiel. Mais seulement, moi, Devon Maxwell. Un mec indécis à la recherche d’un minimum de bon sens. Je soutiens son regard, et au passage, tente de sourire brièvement pour la rassurer. J’aurai envie de lui dire que tout va bien se passer, que je serais toujours là, qu’elle n’a pas à s’en faire et que ce programme m’est totalement égal, car je continuerais à venir chez elle. Toutefois, aucun son ne sort de ma bouche. Je me contente de l’observer avec une certaine forme de bienveillance. — Hum, Devon, est-ce qu’on pourrait se parler en privé ? Il faut que je te dise quelque chose d’autre, me dit Elena en s’orientant vers moi. — Qu’est-ce que c’est ? demande Pearl, presque immédiatement. — C’est rien. Tu n’as rien à craindre. C’est seulement des formalités qui sont réservées à Devon, fit Elena et sa fille se contente d’acquiescer vigoureusement de la tête. Suite à ses mots, on s’oriente dans la cuisine, et la lieutenante Hopkins prend soin de fermer correctement la porte. Je m’assois sur une chaise, soupire bruyamment, et contracte inlassablement ma mâchoire. Afin d’atténuer mon état d’anxiété extrême, du bout des doigts, je pianote contre la table face à moi, tandis qu’Elena s’avance à mon égard. — C’est quoi tous ces regards douteux avec Pearl, hein ? m’interroge-t-elle à voix basse pour que je sois le seul à être apte à l’entendre. — T’es sérieuse, là ? — Shht ! dit-elle brutalement en plaçant son index sur ses lèvres. Elle va nous entendre ! — J’en ai rien à foutre. Si elle découvre que tu joues les fouineuses, alors tant mieux. Ça ne me concerne pas, lâché-je en dissimulant mon soulagement en découvrant qu’elle ne comptait pas dire des trucs particulièrement graves. — Toi alors… grogne-t-elle avant de reprendre la parole. Réponds à ma question ! Qu’est-ce qu’il s’est passé entre vous ? — Ce ne sont pas tes affaires. Évidemment, quand elle voit mon manque considérable de politesse et mes actes volontaires de désinvoltures, Elena frappe contre la table et me fixe avec énervement. Croyez-le ou non, si un regard pouvait tuer, à l’heure actuelle, je serais déjà six pieds sous terre ! Elle m’observe d’une manière si menaçante que mon sang se glace pendant un millième de seconde. Pas mal comme technique de corruption ! Je suis presque effrayé. — J’espère que ce n’est pas toi qui as tout foiré, parce que là… commence-t-elle en soupirant. D’un revers de la main, elle balance ses mèches de cheveux à l’arrière et détourne ses pas pour s’orienter vers l’un des placards. D’un geste assuré et rapide, elle saisit une bouteille de vin dissimulée derrière un tas de cochonneries sucrées. Alors que la confusion me submerge progressivement, Elena se sert un verre et bois le liquide d’une traite. C’est bel et bien la première fois que je la vois consommer de l’alcool sous mes yeux… Quel merveilleux exemple, vous ne trouvez pas ? — Qu’est-ce que t’insinues, au juste ? la questionné-je quand elle s’assoit sur le comptoir avec son verre à moitié vide entre les mains. — Mais, t’es aveugle ou quoi ? C’est évident qu’entre Pearl et toi, ça ne va pas. Elle était vraiment mal pendant mes explications, ça en crève les

Chapitre 31

CHAPITRE 31 « Quelqu’un que je ne suis pas. » Shit. Que s’est-il passé après ça ? Bonne question. Je ne sais pas – enfin, pour l’instant. Croyez-le ou non, mon taux de curiosité est à son summum. Mais, genre, vraiment ! Là, maintenant : j’ai impérativement besoin de réponses à mes foutues interrogations – étant, actuellement, en suspens. Satané gueule de bois. Clairement, je n’aurais jamais dû boire autant de bière à cette stupide fête. Avec une lenteur époustouflante, je me redresse du lit dans lequel j’étais allongé. Et aussitôt, je me rends compte que ce n’est pas ma chambre. Il s’agit de celle de Pearl. D’ailleurs, je m’abstiens de sursauter lorsque cette dernière se retourne – par chance, elle est toujours endormie. Sans plus tarder, je me mets à analyser chaque détail s’offrant à ma vue. Ses cheveux bruns sont étalés sur l’oreiller, tandis que sa position n’est pas des plus glamours. Un léger filet de bave s’écoule le long de son menton, et quand je fixe davantage sa bouche, la douceur de ses lèvres me revient en mémoire. Nous nous sommes embrassés. Et pour la première fois, c’est elle qui s’est lancée. Je me souviens parfaitement de mon état de stupéfaction et de son attitude audacieuse. Contrairement à elle, je n’avais pas osé le faire. Étant donné que je ne souhaitais pas remettre en question mes convictions. Vous savez… Même si je me répète : Pearl mérite d’avoir quelqu’un de bien. Et malgré le fait que c’est un véritable supplice de l’avouer, j’dois admettre que Keegan serait le petit-ami parfait pour elle. Ils se connaissent depuis longtemps, et il est évident qu’un jour ou l’autre, ces deux-là tomberont amoureux pour finir par pondre des gosses. Pendant ce temps, je vivrais ma vie de solitaire se résumant à la violence et à la fuite d’un passé lointain. Ce n’est pas si mal comme programme, non ? Encore une fois, Pearl gigote sous la chaleur des rayons du soleil. Je décide de me lever du lit et de me barrer. De la manière suivante, je ne serais pas victime de son interrogatoire improvisé. C’est sûr que si elle se réveille, cette chieuse va s’imaginer des tonnes de scénarios en réalisant que nous avons dormi ensemble, et que nous avons également passé la nuit à… TOUT DOUX, BANDE DE PERVERS(ES) ! Si c’est le cas, enlevez tout de suite vos hypothèses malsaines de la tête ! Et qu’ça saute ! Nous avons seulement discuté de trucs complètement dérisoires ! Il ne faut pas oublier que lorsque Mini-Hopkins est sous l’influence de l’alcool, celle-ci a tendance à être excessivement bavarde. Pas que ça me dérange, hein ! À vrai dire, c’était plutôt cool. J’ai appris beaucoup de choses sur elle. Notamment sur son père. Ce dernier était un agent secret, brave et intelligent, dont elle admirait énormément jusqu’à ce qu’il ne parte lorsqu’elle était encore jeune. C’est aux fils des années, après son départ, que la relation avec sa mère s’est dégradée. Elena était souvent absente à cause de son travail, et restait constamment distante auprès de sa fille. Leur entente est définitivement tombée en ruine dès lors où Pearl s’est engagée à devenir agente secrète. Depuis, cette dernière a l’impression de n’être jamais à la hauteur. Au début, lorsque j’ai débarqué ici : je ne me doutais absolument pas de tout ça. Elena avait l’air d’être vraiment attentionnée à l’égard de sa fille. Cependant, c’était nettement plus compliqué que ça. Au cours de mon séjour, il m’était rare de voir ces deux-là en train de discuter. Leur rapport était froid, presque glacial, et je n’avais vu que du feu. Et c’est là que je me rends à quel point j’ai été inattentif. Elles avaient un réel problème de communication – pour y remédier, une idée faramineuse commençait à germer au sein de mon cerveau. Retrouver M. Hopkins me paraît être une solution sympatoche, vous ne trouvez pas ? À présent, je suis dans la salle de bains pour engager ma routine matinale. AH ! J’avais complètement zappé de vous dire quelque chose en ce qui concerne les événements de la veille ! Pearl m’a vomi dessus. C’est pourquoi je ressens le profond besoin de prendre une douche ! Je n’attends pas une seconde de plus et sors pour chercher un boxer – sachez que je fais un effort surhumain pour ne pas sortir ma bonne vieille blague du boxeur dans un boxer ! Vous vous en souvenez ? Ah, le bon vieux temps ! Oops, je m’égare. Où en étais-je déjà ? Ah, je sais ! Lorsque je suis équipé de mon sous-vêtement, je me dirige à nouveau vers la salle de bains. Tout ça en moins de quelques minutes ! J’entre dans la cabine de douche intégralement en verre, et commence à faire couler l’eau. Je varie le mitigeur jusqu’à obtenir une température approximativement chaude. Enfin, bon. Je pense qu’il est inutile de préciser la suite. Pourquoi ? Parce que ça ne sert à rien. Quand mon moment de décrassage s’achève, je sors de la douche et m’empare rapidement d’une serviette blanche afin de diminuer l’abondance d’eau dans mes cheveux – qui, désormais, sont ébouriffés. Alors que tout se passe normalement, Pearl vient tout gâcher en débarquant. Bien entendu, elle lâche un cri de stupeur. Franchement, quand on a la gueule de bois, ce type d’action donne des envies meurtrières. Je grogne des jurons, tandis que Pearl se contente de se retourner et de cacher ses yeux. Chose, qui plus est, inutile ! Je roule des yeux et entoure la serviette autour de ma taille. — Oh, ça va. Arrête de dramatiser, dis-je lorsqu’elle se recroqueville sur elle-même en faisant mine d’être traumatisée à vie. C’est la première fois que tu vois un mec nu, ou quoi ? — Bien sûr que non ! s’exclame-t-elle, et je serre fermement le poing. Putain, mais pourquoi t’as pas fermé la porte ? C’est à cause de toi… — Hé, ne jette pas la faute sur moi, hein ! D’habitude,