Épisode 47 – Le retour des Outsiders
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Quatre jours.
Je suis proche de la paranoïa depuis près de quatre putains de jours. Le temps semble s’être ralenti jusqu’à en devenir interminable. C’est presque insoutenable. Ma santé s’aggrave, ainsi que mon état mental demeurant émotionnellement instable.
Un insignifiant bruit. Et mon cœur tambourine violemment contre ma cage thoracique, tandis que je m’imagine les pires scénarios. Je déteste cette émotion d’angoisse, forte et intense qui me ronge considérablement de l’intérieur. Assise sur une chaise, dans la cuisine, je regarde attentivement les alentours avec méfiance. Le spray de lacrymogène de Levi se tient à ma portée. Bien que je
sais pertinemment que cela ne servirait à rien, si jamais les Outsiders ou les Night Warriors avaient le malheur de débarquer à l’improviste : ça me rassure un minimum.
Je suis parfaitement consciente que rester dans cette maison est comme attendre mon dernier souffle, mais je n’y peux rien. Partir d’ici : ce n’est pas envisageable. Je n’ai pas le courage, ni la volonté de mettre à exécution ma fuite. En effet, je suis une peureuse. Et je l’avoue, bien que j’aurai préféré ne pas l’être. Mon souhait depuis que j’ai mis un pied dans cette ville est toujours d’actualité… Je ne sais pas si vous vous en souvenez, mais il s’agissait d’être en mesure de me battre, de supporter la vue du sang, d’avoir des moments trépidants et d’arrêter d’être sentimentale ainsi que crédule. Or, ceci n’a pas vraiment été le cas.
Je suis toujours cette fille naïve qui s’est amusée à mémoriser les cartes de Google Earth par cœur à la place d’affronter la réalité du monde extérieur, même si cela suscite encore un bon nombre des réflexions. Parfois, je me demande quel serait mon destin si je n’avais pas écrasé Willow. Serais-je différente de maintenant ? Je veux dire… même si une part de moi est restée intacte depuis le début, une autre part de moi est complètement transformée. J’ai appris de mes erreurs. Et j’ai aimé une personne : chose que je n’ai jamais réellement faite auparavant. Je ressens l’étrange sentiment que ma vision du monde est dissemblable à celle d’avant. Dorénavant, je sais que la réalité est injuste.
Soudain, une vibration provenant de mon portable retentit. C’est un message de Levi.
« Alors, tu es prête ? 🙂 »
Étant donné que ma situation est critique, Levi a eu la gentillesse de m’inviter chez elle, ce week-end. Actuellement, nous sommes vendredi soir. Il serait donc temps que je me rende dans sa demeure se trouvant non loin d’ici. D’après elle, ce court séjour permettra de me sentir mieux puisque sa maison est beaucoup plus sécurisée que la mienne. Je pianote sur l’écran de mon portable pour répondre à son message.
« Oui ! Je ne vais pas tarder à y aller. »
Envoyé ! Un faible sourire se dessine de mes lèvres. Je range mon cellulaire dans la poche de mon jean, et m’avance vers le salon se tenant mon sac ayant le strict nécessaire. Avec des pensées plus ou moins positives, j’éteins les lumières et franchis un pas dans le seuil de la baraque. Et comme d’habitude : je ferme la porte à double tour. Un profond soupir s’échappe de mes lèvres. C’est alors qu’un vent glacial me balaye énergiquement. Cette froideur soudaine me rappelle que je ne suis pas sortie de chez moi pendant ces quatre derniers jours. Bref. Arrivée près de ma voiture, je range rapidement mon sac dans le coffre et m’oriente à pas assuré vers la portière du siège conducteur.
« Elle était sur le point d’entrer dans sa voiture quand nous sommes arrivés. »
Ce sont les paroles de Wayne. Pourquoi est-ce que je pense à cela mainte… ?
Et là, une personne tira sur le capot de ma voiture. OH MON DIEU. J’émis un cri aigu suivi d’un sursaut à la découverte de l’impact de balle sur mon véhicule. Par pur réflexe, je m’empresse immédiatement de regarder l’auteur de ce coup de feu. C’est là que les vois. Une dizaine d’hommes, avide de violence. Non. Ce ne sont pas les Night Warriors. J’en suis certaine. Ça ne peut être que les Outsiders ! Je savais qu’ils allaient venir, merde…
En vue de la gravité de la situation, je me dépêche de courir à toute vitesse. L’obscurité règne les alentours étant désertique.
« Il faisait nuit, à ce moment-là. Personne ne sortait de chez eux. »
— À l’AIDE ! S’IL VOUS PLAIT ! AIDEZ-MOI ! Crié-je inlassablement en n’osant pas me retourner.
« Mais malgré tout… elle criait. Encore et encore. »
Mon rythme cardiaque est à une vitesse plus que malsaine, tandis que je me fais violence de ne pas trébucher. Il ne faut pas que je flanche, surtout pas. Sinon, c’est la fin. Mes émotions sont complètement chamboulées. Bien que j’ai dû vivre des moments terrifiants au cours de ces deux mois passés ici, je n’ai jamais eu autant peur de toute ma vie. Je suis épouvantée. Entièrement. Des larmes menacent de brouiller ma vue, mais je me retiens aussi fort que je peux. Il ne faut pas que je cède à l’envie de pleurnicher. Ce n’est pas le moment !
Ma tête tourne furtivement : les Outsiders semblent plus que déterminer. Oh, non. Ça ne peut pas finir comme ça ! Non. Je ne veux pas. Non. Bon sang, ils sont beaucoup trop nombreux !
« On était une dizaine à la poursuivre. Alors, elle n’avait aucune chance. Pourtant, elle persistait à courir aussi vite qu’elle pouvait. »
Mon existence ne peut pas finir comme ça… Il existe tellement de choses que je regrette de ne pas avoir faites ! Je ne veux pas mourir ainsi.
— AU SECOURS ! AIDEZ-MOI. Je hurle en sanglotant légèrement.
Mes cris de détresse se multiplient. Alors c’est ça que Nevan Hood a ressenti : le sentiment d’abandon. Je suis piégée dans cette fatalité. Ma conscience est persuadée que ma vie s’apprête à s’achever. Mes jambes commencent sérieusement à s’affaiblir. Ce n’est plus question de temps : ça la toujours été. La future étape de mon destin est d’entamer mon dernier souffle : là, dans le deuxième arrondissement d’UnderGlade. Ma vie se terminera de la même manière que Nevan. Par ailleurs, elle et moi avons un point en commun : nous aimons toutes les deux la mauvaise personne, c’est-à-dire, un chef de gang.
— Je vous en prie… aidez-moi. Soufflé-je sans grande conviction.
« Carter l’a mis à terre. »
Cette fois-ci, il n’est pas question de Carter, mais d’un homme au crâne dépourvu de cheveux. Brutalement, mon corps heurte le trottoir. Un gémissement de douleur retentit de ma part. Oui. C’est officiel. Je vais mourir. Et plus les fractions de seconde passent, plus mon anxiété s’atténue. Ça peut paraître délirant, mais d’un côté, je suis sereine. Pourquoi me diriez-vous ? C’est simple. Je succomberai à l’agonie certes, mais désormais, je sais que Wayne connait mon identité en tant que The Wanted : ne plus dissimuler ce secret me libère d’un poids considérable. Et j’en suis soulagée. Mes pensées semblent insensées et illogiques. Mais, bon. Honnêtement, tout ça : je m’en fiche. Ils peuvent me tuer, là, maintenant. Je suis prête.
Sourire aux lèvres, l’homme me regarde étrangement.
— Qu’est-ce qui te fait rire ? Demande-t-il abasourdi. On va te tuer, tu t’en rends compte ?
— Tuez-moi, si vous voulez. Dis-je calmement. Je n’ai pas peur de vous.
— Mais t’es complètement malade, ma p’tite ! Tu sais pourquoi on veut ta mort, au moins ?
— En partie, oui. C’est parce que votre gang veut se venger de Wayne, non ? J’ajoute en les regardant tous, avec un air méprisant.
— Exactement ! Dit l’un d’eux. Et tu vas regretter d’avoir aimé cet enfoiré !
— Ressentir du regret pour ça ? Laisse-moi rire. Annoncé-je en roulant des yeux.
C’est comme si quelqu’un avait pris possession de moi-même. Jamais, je n’aurais cru pouvoir dire cela, et encore moins dans ce type de situation. Qu’est-ce qu’il m’arrive ? Je n’y comprends rien. Les battements de mon cœur deviennent réguliers. Et ma peur s’est intégralement estompée. Alors là, je suis perdue. Mon attitude a totalement changé en l’espace de quelques instants. Je suis sûre que la Early froussarde ne va pas tarder à refaire son retour, d’ici peu.
— Elle a osé… Grogne un blondinet. Nate ! Dit la phrase fatidique pour qu’on en finisse.
Ledit Nate s’avance vers moi, et avec hésitation, il prononce les mots suivants :
— « Ton destin est scellé. »
Un coup de feu retentit, puis un second.