Épisode 27 – La fête 2.0 [première partie]
Terence. Je présume que c’est lui qui a organisé le kidnapping d’Heather. Mais, il semble si sympathique et aimable. Décidément, les apparences sont parfois trompeuses. Ce dernier est vraisemblablement l’ami de Wayne, bien qu’ils soient actuellement en froid. C’est peut-être à cause de moi. Enfin, je veux dire, leur dispute est sûrement due au fait que j’ai révélé indirectement à Wayne que Terence s’est attaqué à Heather. Je ne peux pas en être sûre, mais cela semble être l’hypothèse la plus rationnelle. Je hoche positivement de la tête pour ne pas rester figée. Je dois garder une attitude approximativement naturelle afin qu’il ne se doute pas de ce qui se trame dans mon petit cerveau.
Je me mors la lèvre en essayant de soutenir le regard intimidant de Terence.
— T’es trop mignonne. Dit-il alors que mes joues sont littéralement en feu.
Décidément, il a de nombreux points communs avec Wayne tels que le fait de me pousser à bout. Je déteste rougir et voir les battements de mon cœur devenir anormalement rapides. Or, ces deux-là sont très forts pour provoquer cela. Ugh. Saleté de spécimens machiavéliquement beaux ! Le pire dans tout ça, c’est qu’ils connaissent leurs atouts et en profitent pour me rendre mal à l’aise. Par exemple, pour Terence, il s’agit de son regard charmeur, qui a certainement fait tomber plus d’une.
— TERENCE !
Un blond que j’ai déjà vu auparavant hurle. C’est un membre des Night Warriors, c’est tout ce dont je me souviens. Terence se tourne brièvement vers lui.
— Bon sur ce, j’vais me baigner ! Déclare le beau brun en souriant et ses yeux s’arrêtent sur moi. Viens avec moi, toi. Poursuit-il d’un ton amusé.
Attendez. Il s’adresse à moi ? Comme une idiote, je regarde à mes côtés si jamais il parlait de quelqu’un d’autre. En voyant ma réaction, il éclate de rire. Sans que je m’y attende, il prend ma main afin que mon corps se lève. Mes émotions sont mitigées : joie, stress, et enthousiasme. C’est troublant, mais agréable. Je ne montre aucun signe d’opposition.
— Ça ne te dérange pas, j’espère ? Interroge Terence à l’égard de Tyler.
— Moi, non. Mais, je connais quelqu’un qui le serait.
Qu’est-ce qu’il insinue en disant cela ? Terence se contente de hausser les épaules. Alors que je m’apprête à rétorquer, celui-ci m’en empêche en m’amenant vers la piscine.
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Et là, on saute dans l’eau pour sombrer dans les profondeurs de la piscine.
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Pour la première fois de ma vie, j’ai décidé de porter une robe. Une véritable robe, étant de couleur noire. En temps normal, mon père m’oblige toujours à en porter une, mais à chaque fois, je refuse. Je déteste ça. Je n’ai jamais aimé porter ce genre de vêtement, pour une raison qui m’est inconnue. Mes goûts vestimentaires sont plutôt ceux d’un garçon manqué, à vrai dire. Un jean déchiré, des couleurs sobres, un tissu confortable et des chaussures correspondant souvent à une paire de baskets. C’est ça que j’aime. Étant donné que je ne possède pas de ballerines, de sandales ou de chaussure à talons : j’ai opté pour une paire de converses. Cela fait un énorme contraste entre le chic de la robe et l’effet décontracté de mes converses. Parfait. Je me maquille, et enfile des colliers en guise d’accessoire ainsi que des collants noirs. Mes yeux sont rivés sur mon apparence reflétée sur le miroir. C’est tellement étrange. Le simple fait d’être vêtue d’une robe me donne l’air d’être si… féminine. Ceci est perturbant. Et c’est peu de le dire.
Je souffle profondément. 21:26. Je ne dois pas tarder à y aller. Je saisis mon sac à main contenant le strict minimum ainsi qu’un manteau de couleur taupe, et descends à toute allure : les escaliers. C’est à cet instant que je remarque une chaussette rose par terre appartenant à Heather. Elle l’a sûrement oublié en partant d’ici, hier soir. Je lui donnerai lundi prochain. Enfin, si jamais elle vient en cours. Bref. Je ne m’attarde pas davantage sur cet impertinent détail et m’oriente hors de la demeure familiale afin de rejoindre mon véhicule. Comme d’habitude, je ferme ma porte à double tour et éteins toutes les lumières. Pour l’énième fois, je remarque cette mystérieuse voiture noire avec des rayures blanches. Peu importe. Je n’ai pas le temps nécessaire pour me préoccuper de cela. Je démarre le moteur pour me rendre dans la fameuse fête qui risque d’être comme le dit si bien Ian : « la meilleure soirée de tous les temps. »
Je parviens à arriver à destination grâce aux coordonnées inscrite sur un bout de papier. À mon plus grand étonnement, la fête bat déjà à son plein. Certaines personnes sont ivres mortes sur la terrasse tandis que d’autres s’amusent à chanter des musiques farfelues. J’entre dans la maison, avec hésitation. J’essaye de me faufiler entre certaines personnes, constatant que le nombre de gens est bien plus important que la première fête à laquelle je me suis rendue. De plus, la maison est tout simplement somptueuse et gigantesque. Une chose est sûre : l’alcool coule à flots. Je tente de repérer des visages qui me sont familiers, en vain. Où sont-ils, bon sang ?
Je repère Jayce étant dans la cuisine. Génial ! Je me précipite vers lui, mais me retrouve soudainement soulevée par plusieurs personnes. Mon corps se déplace contre mon gré.
— Lâchez-moi ! J’ordonne avant d’être déposée au beau milieu d’un rassemblement.
Face à moi, se tient un garçon n’ayant pas vraiment été gâté par dame nature – je dois l’admettre. Ses cheveux blond platine sont en batailles ainsi que sale, ses yeux marron noisette sont similaires au mien – par contre, j’ai l’impression qu’il louche, son nez est retroussé, sa peau est sévèrement endommagée par l’acné, sa taille est inférieure à la mienne, l’odeur qu’il rejette est nauséabonde et ses lèvres sont charnues. Par ailleurs, je peux distinguer un filet de bave sur son menton.
— Oh, mais c’est la fille qui s’est attaquée à un gars. Entendis-je.
Qu’est-ce que je fiche ici ? C’est mauvais signe d’être entourée par autant de gens.
— UN BISOU ! UN BISOU ! UN BISOU ! Hurlent-ils tous en chœur.
Ils me demandent d’embrasser ce laideron ? Mais, bien sûr. Il est hors de question que je le fasse. Alors que je m’apprête à partir d’ici, tous les regards sont braqués sur la porte d’entrée. Je profite de ce moment pour me dissimuler dans la foule ahurissante d’étudiants. Quand j’arrive enfin à me frayer un chemin, je décide d’observer la porte d’entrée. Là où toutes les personnes, ici présentes, sont obnubilées. C’est alors que je les vois.
Ils demeurent sur le seuil de la porte. Eux, les Night Warriors.