The Wanted

Épisode 20 – Message de Wayne


Le feu de circulation passe au vert. De ce fait, j’enlève mon pied de la pédale de frein afin de reprendre la route en direction de chez moi. Au passage, je ne peux pas m’empêcher de jeter quelque coup d’œil sur le rétroviseur, pour pouvoir apercevoir la voiture qui m’est jugée suspecte. C’est sûr. Cette automobile me suit. Je m’arrête devant ma maison, près du gazon, et n’oublie pas de mettre le frein à main. Je tourne la tête pour m’assurer que le véhicule n’est plus présent. Aucune voiture ne se trouve dans ma ligne de mire. Je pousse un soupir de soulagement. Mon cœur reprend un rythme cardiaque approximativement correct. Je sors de mon véhicule, tout en examinant avec soin, les alentours déserts.

La paranoïa. C’est ce sentiment irrationnel que je ressens, à cet instant précis. Je souffle, exaspérée. Il se peut que cette mystérieuse automobile entreprenne le même chemin que moi par un simple hasard, et non pour m’espionner. Ceci est une éventualité que je dois prendre en compte. De toute manière, à quoi cela pourrait mener de me suivre ? Je viens d’emménager ici, depuis si peu de temps. Je doute que quelqu’un veuille s’amuser à observer ma vie étant d’une banalité affligeante, ugh. Je décide de rejoindre le seuil de la demeure familiale en essayant d’oublier ce qui vient de se passer, ainsi que de convaincre mon subconscient que personne ne me surveille. Je lâche vulgairement mon sac à dos, et m’avachis sur le canapé. Si mon père était au courant que je viens de manquer l’école pour une raison minable, je suis certaine qu’il sortirait de son lit d’hôpital pour me faire la morale en énonçant des arguments sur mon destin professionnel qui risque de tomber à l’eau, si je continue à rater des heures de cours. Il est très strict pour ce qui est de ma présence à l’école. C’est comme si, ce dernier détient une profonde haine contre les heures d’absences afficher sur mon bulletin. Un impertinent détail ayant le don de le mettre hors de lui, à mon plus grand malheur.

Je me lève brusquement du canapé, saisit mon sac à dos et m’oriente à l’étage avec la détermination de faire mes devoirs. Il est hors de question que j’obtienne à nouveau des heures supplémentaires pour mon manque de travail à la maison. Assise confortablement sur mon lit, quelques cahiers et d’innombrables feuilles sont disposés sur ma couverture. Je profite de ce moment pour lire mon livre de mathématique afin d’obtenir de l’avance sur mes camarades de classe. De la musique résonne provenant de mon portable, tandis que j’essaye de comprendre un minimum l’existence et le but de certaines formules algébriques. Quand soudain, sans que je m’y attende, mon téléphone émet une vibration. Je fronce les sourcils et pose délicatement mon livre sur mes jambes, avant de saisir mon cellulaire. Un nouveau message. Destinataire inconnu.

« Peu importe qui tu es. Crois-moi. Je te trouverai : et je te tuerai. Alors, je te conseille de te rendre. Peut-être que je changerai d’avis à l’égard de ton jugement – ou pas. C’est à toi de choisir.

– W. Perkins. »

Mon pouls s’affole à vitesse dont je suis sûre qu’elle n’est pas saine du tout. La lecture de ce message provoque un sentiment d’angoisse. Pendant une fraction de seconde, je me noie dans la terreur. Un flot de questions me tourmentent soudainement l’esprit : que vais-je faire ?

Et là, j’eus l’idée la plus stupide de ma vie : répondre à son message.

« C’était un accident. Je n’ai jamais voulu blesser ta petite-sœur ! Bien que je sache que de simples excuses ne changeront rien. Je suis désolée, vraiment désolée d’avoir fait du mal à Willow. Ce n’était pas mes intentions, crois-moi. Je n’ai pas fait attention à la route. Désolée, vraiment vraiment désolée… Pardonne-moi, je t’en prie.

– The Wanted. »

Envoyé !

Bizarrement, le simple fait de m’être excusée auprès de Wayne m’apaise. Je me sens bien, du moins, mieux qu’avant. L’état critique dans laquelle Willow est, à l’heure actuelle, me fait toujours autant culpabiliser. Et cela ne risque pas de changer aussitôt ! Je sursaute brusquement lorsque mon portable vibre entre mes mains. Un message. J’appréhende de le lire. Arrête de réfléchir et ouvre ce putain de message, Early !

« Avant de pardonner une personne, il faudrait connaître son identité, non ? Dis-moi qui es-tu.

– W. Perkins. »

Hors de question que je dise mon nom ! Si jamais, Wayne connaît malencontreusement qui je suis réellement, c’est sûr, il me tuera. Aucun accord ne sera attribué étant donné que dans un sens, j’ai nié ouvertement être The Wanted en évoquant des arguments faux.

« À toi de me trouver, Wayne. xx

– The Wanted. »

C’est officiel. Ça, c’était la pire idée de toute ma vie ! Nom de dieu. Je suis devenue plus que suicidaire. Mon message sonne comme un défi. À ce moment-là, c’est comme si je creuse ma propre tombe. Argh ! Il faut que je me calme, et vite. Je dois à tout prix convaincre mon père de partir de cette ville en utilisant un argument plus que valable. Après tout, c’est une question de vie ou de mort. Si je reste ici, Wayne me retrouvera. C’est certain.

« Très bien. Dans ce cas, que la chasse commence ! Tu vas morfler.

– W. Perkins. »

C’est une menace. Il veut à tout prix me retrouver pour me tuer, ou me massacrer. C’est sûr. Pourtant, bien que je sois consciente des conséquences que ces actes pourraient mener, j’essaye de me remémorer le numéro de chambre d’hôpital de Willow pour rendre visite à Wayne. Quelqu’un pourrait m’expliquer qu’est-ce qu’il m’arrive, bon sang ? Mes idées sont absurdes, suicidaires et insensées. Et je n’arrive pas à les contrôler, tout comme mes pulsions. Cette ville, autant glauque que dangereuse, déteint énormément sur moi. Je ne peux pas y remédier. C’est trop difficile. Sans me rendre compte, mon destin sombre dans l’obscurité.

✽✽✽

Cette éventualité me met en colère. Je n’arrive pas à croire que mon père ait refusé. Il ne veut pas partir d’ici malgré tous mes arguments. Comment ose-t-il me faire ça ? À moi. Sa propre fille. Je suis perdue dans l’angoisse de mourir et mon père ne trouve rien d’autre à faire que de m’ignorer. Ce crétin de paternel s’est permis de demander à un infirmier de m’emmener à l’extérieure de sa chambre d’hôpital. J’hallucine. C’est tellement égoïste de sa part de faire une telle chose ! Tout ce dont je souhaite est de vivre loin d’ici, est-ce trop demander ?

Je déambule dans les couloirs, à la recherche d’un ascenseur. Pourquoi a-t-il fallu que cet hôpital soit si grand ? Je balaye de façon aléatoire les alentours, hésitant de demander à certaines infirmières la position de l’ascenseur. Elles ont d’autres choses à faire que de m’orienter, de toute manière. Je tourne à gauche, puis à droite – une énième fois. Quand soudain, j’aperçois Wayne, se tenant face à un distributeur. Ces cheveux noirs sont ébouriffés donnant un air décontracté, tandis que ces yeux verts sont rivés sur la vitrine du distributeur proposant des boissons. Une main est enfouie dans les poches de son jogging gris. C’est alors que mon regard s’arrête sur ces bras dénudés grâce à son débardeur blanc, plusieurs tatouages se tiennent sur ses biceps. Cela le rend diablement attrayant. Mes yeux se dirigent à nouveau vers son visage, qui plus est, splendide. Qu’est-ce qu’il m’arrive ? Je suis perchée entre la peur à l’égard de ces intentions qui m’est malveillantes et de l’attirance totalement illogique et paradoxale. Je n’arrive plus à détacher mon regard de lui. C’est tout simplement : impossible. Je reste là, postée droit comme un piquet, le cœur battant la chamade.

Je le regarde attentivement – telle une psychopathe, d’ailleurs. Wayne prend sa canette de soda et tourne la tête. C’est à ce moment que mon sang afflue à un même point. Ces yeux croisent les miens et je me fige, complètement paralysée. Tu as probablement l’air d’une constipée, actuellement. Il ne t’a rien fait, bon sang ! C’est vrai ça. Pourquoi je suis dans tous mes états, sérieusement ? C’est juste Wayne, pas la peine d’en faire tout un plat, non plus. Je vais parfaitement bien. Il suffit que je reste calme et civilisée.

Et là, un sourire se dessine sur ces lèvres.

Bordel de merde ! Je ne vais vraiment pas bien. J’ai failli faire une crise cardiaque, putain. Mes émotions, nom de dieu.

 Oh, Early ! Justement, je voulais te voir. Dit-il en s’avançant vers moi. Tu pourrais m’accorder une faveur ?

Le monde s’écoule sur moi. Alors là, c’est vraiment inattendu. Bien que sa demande douteuse s’annonce tordue, j’acquiesce en signe d’approbation. Oui. Je suis suicidaire. Mais, bon. Ce n’est pas comme si, il va me demander d’infiltrer un bar rempli de personnes armées en étant sous l’identité d’une danseuse, non ?