BONUS
PEARL
— Merde, merde, merde !
J’étais pourtant sûre qu’elle était tombée sous le lit… ! Mince, mais où est-elle ? Un énième juron s’échappe de mes lèvres au même moment où je m’assois par terre, complètement épuisée.
Bordel. J’ai cherché dans toute la maison : du sous-sol au grenier : et résultat des comptes ? Cette bague est introuvable. Du jour au lendemain, elle a disparu. Et heureusement, Devon n’est pas au courant de cette perte !
Voyez-vous, il ne s’agit pas seulement d’un bel anneau. Cette bague appartient à sa mère, et s’il savait que ce précieux bijou s’est volatilisé, c’est sûr qu’il serait effondré ! Alors, pour éviter le drame, il faut à tout prix que je retrouve cette bague avant qu’il ne se rende compte de son absence. Je d–
La sonnerie de mon portable retentit. Jared me propose un facetime. J’accepte sa demande, et place mon téléphone face à moi, en essayant de dissimuler mon amertume.
— Alors, toujours en train de chercher ? me demande-t-il.
D’un geste sans grande conviction, je secoue verticalement de la tête, avant de souffler profondément. Mon moral est complètement plombé, car me connaissant, je sais que je n’arriverais jamais à trouver cette bague dont Devon tient tant.
— Oh, tu parles à qui ? entendis-je.
Jared tourne sa tête. Pendant ce temps, je continue à réfléchir sur le moment exact où j’ai égaré l’anneau – bien évidemment, ceci ne porte pas ses fruits.
— À Pearl.
Jared se déplace, et à présent, derrière lui, je parviens à voir ses amis. Autrement dit, Chace, Aaron et Wade. Rapidement, je les salue. Et sans étonnement, ils m’interrogent sur l’avancement de ma quête.
Le simple fait de dire à voir haute que je sois incapable de trouver cet anneau me rend plus morose que je ne le suis déjà.
Par conséquent, je décide de changer de sujet : la fête d’anniversaire surprise de Devon.
✽ ✽ ✽
Depuis que l’on se connaît, Devon n’a jamais voulu célébrer son anniversaire. Pourquoi ? Eh bien, tout simplement, car ce crétin trouve que c’est inutile et que ça n’en vaut pas la peine. Néanmoins, bien que je sache qu’il déteste ça, il est inconcevable que je puisse négliger ses vingt et un ans. Mon bébé arrogant et narcissique est sur le point de devenir majeur, et clairement, je ne peux pas laisser passer ça.
De plus, ce dernier vient tout juste d’avoir une mission de type S, et donc raison de plus pour faire une fête ! Il a travaillé extrêmement dur pour devenir agent secret et Favori, notamment parce que ses tests d’entrée ont été catastrophiques…
Vous connaissez déjà l’esprit tordu de Devon, non ?
Alors, je pense que si vous disais qu’il a tabassé son examinateur, car il ne supporte pas qu’on lui donne des ordres : ça ne doit pas vraiment vous étonner.
En tous cas, pour ma part, j’étais certaine à 100% qu’il allait se faire recaler. Mais, que finalement, les fondateurs allaient découvrir son véritable potentiel.
S’il y a bien une chose qu’on ne peut pas contester à propos de Devon, c’est à coup sûr ses talents pour le combat. Après la fin du programme de protection des témoins, Devon s’est perfectionné dans le maniement des armes à feu, et des fléchettes, en bossant quasiment tous les jours. Depuis, Thalia est devenue sa fan numéro un. Elle est tellement fière du nouveau boulot de son neveu qu’elle ne peut pas s’empêcher de le crier à haute voix – si bien que parfois, nous sommes obligés d’intervenir dans son voisinage en inventant des excuses bidon pour que notre secret ne soit pas révélé.
— Au fait, tu as retrouvé ta bague ? interroge Chrissy à travers le combiné.
— Non, pa–
Je n’eus le temps de continuer ma phrase que je m’empresse de courir vers la salle de bains. Comme d’habitude, je suis en train de dégueuler. Saleté de nausée. Étant donné que j’ai la sensation que je vais, une fois de plus, dégueuler, je décide de m’asseoir près de la cuvette.
Quand tout à coup, je sens un frottement sur mon dos. Je suis tellement renfrognée sur moi-même que je ne prends même pas le temps de lever ma tête. À tous les coups, c’est Devon. À part lui, personne ne voudrait caresser mon dos avec un balai afin d’être le plus loin possible du vomi.
— Ça va aller… Je suis là, me dit-il simplement.
Entre deux profondes respirations pour stabiliser mes troubles de l’estomac, je commence à dire :
— Joyeu–
Et là, ce sont les chutes du Niagara qui jaillissent de ma bouche. Beurk. C’est dégoûtant. Je vais encore gerber si ça continue ! Manifestement, Devon ne se sent pas bien non plus, puisqu’à son tour, il régurgite son repas du midi dans le lavabo.
Apparemment, il y’en a pas un pour rattraper l’autre. De mieux en mieux, dites donc. Après plusieurs instants de récupération, je me sens à nouveau légère comme une plume. Par contre, ce n’est pas le cas de Devon. Ce dernier déteste vomir.
— Tu vas survivre, t’inquiètes ! dis-je en me brossant les dents pour enlever cette mauvaise haleine.
— J’ai l’impression que ça remonte, avoue-t-il en grimaçant.
Je ris discrètement en voyant que son visage exprime une répugnance extrême, avant de jeter un coup d’œil vers l’horloge : il est presque dix-neuf heures : et donc, les invités ne vont pas tarder à arriver. J’ai tellement hâte de voir la réaction de Devon ! Sera-t-il heureux ou en rogne ? Honnêtement, je n’en sais rien. Il a toujours été le genre à maudire les surprises, mais peut-être qu’avec un peu de chance, il fera office d’exception.
Pendant que Devon s’acharne sur son lavage de sa bouche pour retirer tout résidu, mon regard s’arrête brusquement vers mon gant troué. Je soupire, une énième fois. Il est temps que je le change… Et avant tout, il est temps que je retrouve cette bague. Il m’est impensable que je la perde ainsi. Elle est trop précieuse et trop importante pour j’abandonne mes recherches.
Même si Thalia n’arrête pas de me conseiller d’arrêter, étrangement, j’en suis incapable. Le fait de chercher me donne de l’espoir.
— Tu as entendu ?
Devon me sort de mes pensées. Je fronce les sourcils, et lentement, je détache mes yeux de ma main. Il me fixe, avec un air étrange, comme s’il tentait de sonder mon âme.
— Entendu quoi ? demandé-je en ravalant ma salive.
— La sonnette.
Ah, les voilà ! Automatiquement, je me rue vers les escaliers en embarquant Devon avec moi. Quand je commence à descendre les dernières marches, je sens un anneau se glisser dans mon doigt. Sous la rapidité des événements, je ne réalise pas directement son geste, et reste simplement muette.
— Elle était dans les chiottes, me chuchote Devon, et aussitôt, une vague de soulagement me gagne.
— Désolée, marmonné-je lorsque l’on se tient vers le bas de l’escalier.
Il se contente de sourire, et de tourner la tête vers le salon – là où tout le monde est déjà arrivé. Des confettis volent en éclat, des cris résonnent dans toute la maison, et une magnifique banderole est située sur la cheminée. Le cœur battant la chamade, les doigts tremblants de joie, et les frissons sur chaque parcelle de ma peau : l’effet de surprise est totalement réussi. Heureusement que ma mère s’est occupée de l’organisation !
Un sourire radieux est gravé sur tous les visages. Nous sommes au complet. Tout le monde est là – même Chrissy et Luke, qui actuellement, n’habitent plus à Atlanta, mais à plusieurs kilomètres d’ici.
Mes pupilles convergent vers Devon. Et c’est avec une certaine forme de crainte que je redoute sa réaction. Il est complètement paralysé, avec le regard perdu sur nos proches, et quand j’aperçois cette étincelle, mon appréhension s’efface. Bien qu’il ne le montre pas forcément, Devon est véritablement ému. Il se tourne vers moi, me sourit, et au bord des larmes, il me murmure doucement :
— Merci.