CHAPITRE 9


Hein ?

Je l’interroge du regard pour lui faire comprendre mon incompréhension, bien que j’aie une petite idée du raisonnement de ses propos. Soudain, un second bruit retentit. Mes hypothèses se transforment en conviction. UNE PERSONNE EST À L’ÉTAGE, OH MON DIEU ! Étant donné que nous sommes dans la baraque d’une flic, ceci m’est totalement illogique. Sincèrement, quel con voudrait entrer par effraction chez une lieutenante de police ? Ça n’a aucun sens ! Et là, comme un déclic, je me souviens de la fois où Mme Hopkins m’a fait remarquer que des cambrioleurs viennent souvent chez elle. Alors, là ; ils ont été rapides ! Ça fait à peine cinq jours que je squatte ici. Je suppose que ce genre d’arrivée à l’improviste est fréquente dans la demeure des Hopkins, puisqu’en vue des circonstances de la situation, Pearl n’a pas l’air si effrayée… C’est louche tout ça.

— Tu sais te battre ? demande Pearl en chuchotant.

Elle n’est pas sérieuse là, si ? Non, mais franchement ; elle se fout ouvertement de ma gueule ! Je n’arrive pas à y croire. Bien sûr que oui : je sais me battre ! Bruh. Et je suis le meilleur dans cette discipline. Ce n’est pas pour rien qu’on me considère comme une légende urbaine ! Je suis carrément un dieu en ce qui concerne les sports de combat. Personne ne peut contredire cette vérité.

— À ton avis ? déclaré-je, avec lassitude, en retirant sa main de mon visage.

— Bref, peu importe ! Prends soin de Pacco, je vais me débarrasser des intrus. Et en aucun cas, tu montes à l’étage ! Je m’en occupe, dit-elle avec détermination.

Elle me donne la touffe de poils, avant de courir rapidement vers les escaliers. Pendant ce temps, je reste là ; debout, droit comme un piquet, à ne rien faire. Mes yeux s’abaissent un instant sur l’écureuil. Il dort paisiblement. Je le secoue légèrement dans la détermination de le faire chier. Et puis, catastrophe, un excrément s’échappe de son mini fessier. PUTAIN ! Je n’avais pas pensé à chier dans ce sens-là. Quel bâtard ! Il aime faire caca de partout ou ça s’passe comment ?

— Méchant Pacco, méchant ! grogné-je en le fusillant du regard. Si tu continues, au menu, ça sera soupe à l’écureuil, est-ce je suis suffisamment clair ?

Oh, bordel. Je parle à une bestiole à la con. Mon état mental commence sérieusement à dégénérer ces temps-ci. Faut vraiment que j’aille me faire soigner ! Hors de question que je devienne bizarre comme Pearl et Mme Hopkins – communément appelée, Elena.

— Viens, on va voir ta mère. Elle est sûrement en train de se faire laminer par un cambrioleur, dis-je calmement.

Alors que je m’apprête à monter les marches d’escalier, le sentiment d’être surveillé frissonne en moi. Je me retourne en mettant en élévation mon coude, de ce fait, cette partie de mon corps est parvenue à amocher le visage d’un homme cagoulé. Étant donné que Pacco se tient dans mes mains, je suis contraint de me battre avec mes jambes. Par conséquent, j’entreprends un coup de genou dans le ventre de l’individu suivi d’une frappe dans ses bijoux de famille. Cette attaque lui est presque fatale. Il se cambre, et brutalement, il s’écroule par terre.

Comme je vous le disais ; je suis le meilleur dans cette discipline qu’est le combat ! Rassurez-vous, mes chevilles vont parfaitement bien. La modestie fait partie intégrante de ma personnalité !

Assez bavarder. Je dois monter à l’étage pour refiler ce crétin de rongeur à Pearl. Et il faut que je me désinfecte mes mains. Une merde d’écureuil n’est pas des plus propres, hein. C’est vraiment moche. Un peu comme les pyjamas de Pearl, par ailleurs.

Bref.

Arrivé dans le couloir, j’émets directement un sursaut. Pourquoi ? Un corps vient d’être énergiquement projeté sur le mur. Je suis étonné. Ce n’est pas à cause de la violence, si c’est c’que vous pensez. En fait, je suis juste surpris que la personne en question ne soit pas Pearl. Je m’attendais à la voir en train d’agoniser, ou un truc dans le même style. Mais, ce n’est pas le cas, à mon plus grand étonnement. En parlant du loup… c’est là que je la vois. Elle s’avance vers la victime – qui n’est autre qu’un second cambrioleur – avec une dangerosité déconcertante. Son regard est sombre, presque noir. Ses petits muscles sont contractés, sa mâchoire est ferme, ses pas sont lents, sa respiration est ample et ses jointures sont pâles.

Elle ne semble pas m’avoir remarqué, puisqu’elle est beaucoup trop préoccupée par le gars se tenant face à elle. D’un geste brusque, cette dernière saisit le col de l’intrus afin qu’il se lève.

— C’est Blake qui t’envoie, n’est-ce pas ? dit-elle en faisant preuve d’un sérieux renversant.

— Ouais… Et tôt ou tard, tu seras à lui, répond-il doucement.

Bon, je pense qu’il est inutile d’ajouter que je suis complètement perdu. J’exige qu’une personne m’explique ! Je n’y comprends rien. Qui est Blake ? Ces deux-là auraient tout de même pu être plus précis ! Maintenant, il faut que je réfléchisse. Génial… Au bout de quelques secondes, j’abandonne. Ça ne sert à rien que je me torture le cerveau pour ça. Il suffit que je pose la question, non ?

— C’est qui Black ?

Instantanément, les deux paires d’yeux se braquent sur moi. Le cambrioleur semble être abasourdi en exprimant de la confusion et de la stupéfaction, tandis que Pearl semble vouloir me tuer – comme d’habitude, quoi.

— Tu veux dire… Blake ? fit l’homme étant vêtu intégralement en noir.

Ça doit être un gothique. Ouais, probablement. Je ne vois pas d’autres possibilités apparentes.

— Ouais, craché-je, agacé qu’il puisse me rectifier.

— Je t’avais dit de rester en bas ! crie Pearl, manifestement en rogne.

— Mais, Pacco a fait caca, affirmé-je en désignant l’écureuil.

Cette scène s’est déjà passée auparavant ! Mais, je ne m’en souviens plus quand… merde. C’est l’Alzheimer précoce ça. Bingo ! Je me rappelle ; c’était chez Thalia. Ma mémoire est de retour – pour vous jouer un mauvais tour. Putain, mais ferme-là conscience.

— J’n’en ai rien à fou–

Un raclement de gorge retentit. Il s’agit du cambrioleur. Mais, de quoi il se mêle celui-là ? Je m’approche davantage à leur égard, tout en observant l’homme avec mépris. Il est laid, horriblement et épouvantablement laid. Doux Jésus. Je pense qu’il est encore plus moche que l’agresseur de Pearl lorsque celle-ci a voulu me suivre en cachette. Beurk. Comment est-ce possible d’être ainsi ? Non, sérieusement. Il a une tête de cul, faut se l’avouer. Dame Nature s’est carrément éclatée à le créer en utilisant tous les défauts physiques qu’il puisse exister sur terre !

— Blake est le meilleur combattant du pays, et il– rétorque face de merde.

— Minute. Tu te goures totalement, mec. C’est moi le meilleur combattant, le coupé-je sèchement.

— Mais, attends. Tu ne serais pas le Bad Boy arrogant et irrespectueux dont tout le monde parle… Dave, c’est ça ? Non, Devon ! N’ai-je pas raison ? ajoute-t-il en me fixant longuement.

Je m’apprête à répondre, mais Pearl me devance.

— NON ! Ce n’est pas lui, dit-elle en perdant toute sa crédibilité. Maintenant, dégage, Tarek !

Sans aucune délicatesse, elle le pousse loin de nous. Ledit Tarek sourit brièvement en s’orientant vers l’escalier, mais avant ça, il se tourne pour dire :

— On se reverra, Devon.

À ses mots, il s’en va. Et ce fut quelques instants plus tard que j’entends le claquement de la porte d’entrée signalant vraisemblablement le départ des cambrioleurs. Instinctivement, je me tourne vers Pearl, avec la volonté de lui faire face. Il est évident qu’elle connaît les deux intrus s’étant infiltrés dans cette baraque.

— Tu pourrais m’expliquer là ? dis-je soudainement.

— Je n’ai rien à t’expliquer.

Malgré le fait que sa réponse me donne des envies meurtrières, je me dirige sereinement dans la salle de bains pour retirer tous les microbes provenant de Pacco – d’ailleurs, ce dernier est déposé sur un tas de linge sale. Après avoir correctement nettoyé les paumes de mes mains, je les sèche à l’aide d’une serviette et finis par lever les yeux vers le miroir. Pearl y est reflétée. Appuyée contre l’embrasure de la porte, elle me regarde attentivement avant de dire :

— Ne t’avise surtout pas de te renseigner, d’accord ? Ce ne sont pas tes affaires, Maxwell.

Je me fige à l’entente de mon nom de famille. Ça sonne comme une provocation venant d’elle. Et je n’aime pas ça, mais alors, pas du tout ! Je présume que son enquête sur moi n’a pas été si inutile. Désormais, elle doit certainement connaître mes sombres antécédents, non ? C’est sûr qu’après ça, je doute qu’elle me considère comme un colocataire fréquentable. Dans pratiquement tous les journaux de presse, je suis considéré comme étant dangereux, vraiment dangereux. Donc, si elle est approximativement normale, celle-ci devrait être effrayée par moi. Je me tourne vers elle en gardant une expression neutre. Mes pas s’avancent dans sa direction tandis qu’elle ne bouge pas – certainement pour montrer que je ne l’effraie pas.

— Regarde-moi dans les yeux, et dis-moi si je te fais peur, déclaré-je d’une voix rauque.

Ma demande est assez peu commune ; c’est pourquoi elle semble troublée. Mais, en dépit de ça, plusieurs fractions plus tard, elle rétorque avec conviction :

— Tu ne me fais pas peur, Devon.

Oh, merde. C’est pire que je le croyais. Ses gestes, son expression, sa consonance ; elle ne ment pas. Quel genre d’article a-t-elle pu lire pour ne pas ressentir de la crainte à mon insu ? Elle est sûrement tombée sur un journaliste incompétent. C’est la seule et unique théorie qui me traverse l’esprit.

— Et pourtant, tu devrais.

Bien que mes paroles pourraient ruiner mon plan de séduction, j’éprouvais le profond besoin de lui dire ça. Ne me demandez pas pourquoi ; je ne le sais pas.

✽✽✽

Six jours.

Cela fait exactement six jours que le programme de protection des témoins a été mis en place, et que j’ai été contraint d’habiter chez les Hopkins. Pour être honnête, ce cadre de sécurité ne sert strictement à rien. Que je sois sous la surveillance de l’officière Hopkins ou non ; je peux facilement m’éclipser de sa ligne de mire. Par exemple, maintenant. Actuellement au volant d’une vieille épave de voiture, je me dirige sereinement vers le hangar afin de procéder à un combat de boxe ainsi qu’à la récupération de ma moto.

Je m’arrête dans le parking. Et lorsque je m’apprête à sortir du véhicule, un son m’interpelle immédiatement.

— BOUH !

Ne me dites pas que… Putain, c’est ce que je pensais. Pearl est ici, sur le siège passager, avec un sourire narquois sur les lèvres. BORDEL DE MERDE, MAIS CETTE FILLE EST PARTOUT ! Pearl par ci, Pearl par là. J’en ai marre ! Trop, c’est trop. Ce n’est pas possible quand même. On ne fait qu’habiter dans la même baraque ; ceci n’est pas une raison pour que l’on soit toujours côte à côte. Malgré le fait que mon but est de gagner sa confiance et de passer du temps avec elle, je n’ai nullement envie de rester H24 en sa compagnie ! Je préfère garder mes distances, comme le font tous les Bad Boys qui se respectent. Ainsi, cela me permettra de préserver une part énigmatique dans ma personnalité.

— Qu’est-c’tu fous là ?

— Tu croyais vraiment que j’allais te laisser conduire ma voiture sans ma permission ? Dans ce cas, tu me connais très mal ! dit-elle en ouvrant la portière pour partir du véhicule.

À mon tour, je sors de la voiture, avant de la fusiller du regard.

— Putain, mais t’es chiante ! Tiens, et va-t’en avec ta caisse de merde, déclaré-je en lui lançant les clefs.

— Je ne compte pas m’en aller maintenant, affirme-t-elle en déclenchant la fermeture des portes. Une amie m’attend, donc à plus tard !

Et c’est là qu’elle s’éloigne jusqu’à disparaître entièrement dans la foule de passants. Je ne saurais dire si je suis en rogne qu’elle m’ait suivie, ou soulagée qu’elle ne soit pas à proximité de moi. Colère et apaisement ; deux sentiments complètement opposés. Décidément, je deviens étrange – mentalement, je précise.

Enfin, bon. Je devrais être content de profiter de ma soirée, sans elle, non ? J’attendais ça depuis six jours, génial ! À présent, je suis libre. Je peux oublier tous mes problèmes se résumant à ce programme de protection ! Que pourrai-je rêver de mieux ? C’est avec des pensées plus ou moins positif que je m’aventure dans l’enceinte du hangar. Comme d’habitude, j’accapare l’attention de tout le monde. Mon charisme ne passe pas inaperçu.

— Hey, Devon !

Je me tourne en voyant qu’il s’agit d’Aaron. Vous vous en souvenez ? Le mauvais blagueur de l’autre soir. Il m’avait dit que le tueur était ici, et pour la première fois de sa vie, il disait la vérité. Celui-ci se dirige vers moi ; et aussitôt, quand mon regard croise ses iris émeraude, il se met à sourire. Lorsqu’il arrive à une distance approximativement correcte de moi, je lui fais une poignée de main suivit d’une collision d’épaule.

— Je ne savais pas que tu venais ! rétorque-t-il avec enthousiasme. Tu veux que je te réserve le ring ?

— Ouais, faut vraiment que je me défoule, craché-je en retirant ma veste en cuir.

— D’accord, suis-moi ! dit-il en se dirigeant vers les limites de l’espace de combats.

Aaron discute rapidement avec l’arbitre, et le tour est joué ! Les deux boxeurs finissent leur match, et je monte sur le ring. Immédiatement, la lumière s’abat sur moi. Et forcément, le public devient hystérique. Plusieurs personnes se précipitent pour assister à mon combat de boxe. L’atmosphère devient pesante. Et le rituel commence, l’arbitre saisit son micro fétiche pour crier :

— DEVON EST DE RETOUR !

Suite à ça, je retire mon haut, et bien entendu, ceci provoque le gloussement de certaines – ou de certains. Ne voulant pas perdre de temps, je décide de ne pas porter un short. Je reste en jogging. De toute manière, je compte faire qu’un seul match de sorte à avoir suffisamment de temps pour faire des galipettes avec Kendall… Enfin, vous voyez c’que j’veux dire.

— LEQUEL D’ENTRE-VOUS À L’AUDACE DE DÉFIER LE CÉLÈBRE DEVON ? hurle l’arbitre tandis que je regarde attentivement la foule.

Parmi toutes les personnes ici présentes, je parviens à reconnaître une fille ; Krispy ou Chrissy. Je ne m’en souviens plus. Tout ce que je me rappelle, c’est qu’elle est amie avec la chieuse. Putain… Il faut que j’oublie Pearl – au moins jusqu’à la fin de cette soirée. J’en ai assez qu’elle soit toujours dans mes pensées. Franchement, c’est à la limite du harcèlement mental !

— MOI ! crie un homme, totalement ivre.

Sérieusement ? Ce dernier monte difficilement sur le ring, et de la manière suivante, c’est ainsi que je peux l’examiner de plus près. Hideux et grassouillet. C’est tout c’que j’ai à dire.

— Bien. Le combat commence dans deux minutes, annonce l’arbitre, pendant ce temps, je me dirige vers les cordes, là où se tiennent mes amis, Aaron et Chace.

L’un d’eux m’aide à enfiler mes gants, et au bout de quelques secondes, je suis prêt ; puisqu’il me reste plusieurs instants de liberté, je profite de ça pour dévisager mon adversaire. Ce manque de tact va certainement l’énerver, et qui sait… Peut-être que le combat sera plus amusant ? L’espoir fait vivre !

— Prépare-toi à perdre, grogne le gros lard.

Bah voyons ! Et les gens osent dire que je suis prétentieux. Mais, n’importe quoi ! Je suis scandalisé. Cet homme, aussi arrogant que répugnant, me sous-estime ouvertement. Il pense naïvement être apte à terminer vainqueur face à moi. Pff. Tellement pathétique. De plus, en vue des analyses que je me suis faites de lui en examinant scrupuleusement son physique ainsi que ses gestes ; il pratique la boxe depuis moins d’un an, pas plus. Avec ce peu d’expérience, il est évident que ces coups seront bancals et imprécis.

— Approche, sourié-je, en me mettant en position de défense.

Le match pourrait s’achever rapidement : mais, je suis d’une humeur joueuse. J’ai envie que sa souffrance se prolonge davantage. Sadique, non ? Oui, je l’avoue. Un bruit signale le début du combat, et sans plus tarder, mon adversaire se jette sur moi. Toutes les personnes incompétentes font ça. Cette attaque est vraiment prévisible. De ce fait, je me suis tranquillement décalé vers la droite. L’homme heurte brutalement les cordes. Et au même moment, un sourire mesquin honore mon visage. Oh, oui, ça va être amusant !

Je marche paisiblement le long du ring en attendant patiemment que mon ennemi se ressaisisse. Et rapidement, il bondit son poing vers moi. Je stoppe sa frappe, et cogne fortement au milieu de son abdomen ; précisément dans l’endroit où demeure une grande partie de sa graisse – d’ailleurs, son tatouage en forme d’aigle semble s’être déformé sous le coup de l’attaque. C’est dégoutant. Par la suite, je tiens sa main pour lui décrocher un violent crochet du droit. Somptueux. Le public s’extasie presque automatiquement.

Un pas en arrière. Et je reprends ma position de défense.

L’alcoolique se tord de douleur face à la brutalité hors norme de mes frappes. Il n’a quasiment plus de force alors que nous venons tout juste de commencer. À vrai dire, je le pensais plus robuste. Quel faible ! C’est assez décevant. Je pourrais facilement le mettre à terre en une seule raclée, mais je ne le fais pas. Je veux que ce combat continue. Pourquoi ? Tout simplement, car j’adore ça ! C’est carrément jouissif.

— Bats-toi, tocard. Ce n’est pas encore fini, affirmé-je, simplement, dans l’unique but d’attiser sa colère. T’es vraiment lamentable, même une petite fille se défend mieux que toi.

— Connard, lance-t-il en regardant le sol.

Ses mains sont sur ses genoux, et d’après ses longues respirations, il est essoufflé. Nan, sérieux, déjà ? Pour l’instant, ce n’est qu’un échauffement. Il va morfler après – ça, c’est sûr.

— Allez, du nerf ! ajouté-je en approchant ma tête vers lui.

Et paf, retournement de situation ; il me donne une baffe… Je vais l’enculer ce salopard ! Les spectateurs sont sans voix, face à la torgnole de l’enfoiré. Je me redresse en crachant un filet de sang. Rien de grave, ne vous inquiétez pas. Je ris machiavéliquement avant de prendre la parole :

— Bah voilà, tu m’écoutes ! C’est bien mon chien.

Il grogne, et se rue vers moi. Et c’est à cet instant que j’entoure mon bras autour de son cou pour le mettre sauvagement au sol. Il tombe à la renverse. Je me remets sur mes pieds, et lorsque l’arbitre s’apprête à faire un décompte, je lui fais signe de ne rien dire. Je veux que ce bâtard souffre. Or, si le combat est terminé, c’est moins marrant.

— Lève-toi, MAINTENANT ! ordonné-je.

Aussitôt dit, aussitôt le gros lard se lève avec difficulté. Il n’eut le temps d’avoir les idées claires que je lui inflige une multitude de coups. Son buste est complètement rougeâtre à cause de mes frappes ; du sang s’échappe de ses lèvres, et lorsque je heurte violemment sa tempe gauche, il s’effondre subitement au sol. Son corps est inerte. Mais ça, je n’en ai rien à foutre. Qu’il éprouve de l’affliction suite à ce match, ça m’est égal.

— DEVON EST LE GAGNANT ! dit l’arbitre en levant mon bras en signe de victoire.

Les applaudissements retentissent. Ainsi que des conversations à voix basse. J’ignore. Comme d’habitude. Je descends du ring en ne me souciant pas des personnes s’étant précipitées vers mon adversaire ainsi que des filles qui essayent d’obtenir mon attention. Alors que je me tiens près d’un espace vide destiné au fumeur, Kendall saute dans mes bras pour m’embrasser chastement. Ceci est devenu un rituel. À chaque fin de match, elle me prend par surprise pour déposer ses lèvres sur les miennes.

— Mon amour. Te voilà ! souffle-t-elle entre deux baisers.

Je ne dis rien, et continue d’entremêler nos langues dans un rythme endiablé. Rapidement, je pose mes mains sous ses fesses pour éviter qu’elle ne tombe, et m’avance dans une petite pièce isolée de tous. Elle maintient fermement mon cou, et quand je la pousse violemment contre le mur, un long gémissement de sa part retentit. L’atmosphère est bouillonnante.

C’est alors que tout bascule. Nos peaux deviennent dépourvues de vêtements. Nos respirations deviennent haletantes. Nos mouvements deviennent d’une ardeur déroutante. Et je présume que vous connaissez déjà la suite, non ?

Désormais, habillé ; je m’oriente vers l’extérieur du hangar en prendre la route 21. Je suis épuisé ! (toutes les pensées fanatiques et perverses sont recevables) L’air frais gonfle dans mes poumons. Et un vent glacial s’abat sur moi. Sereinement, je me dirige vers ma moto – qui, par ailleurs, m’avait profondément manqué. Toutefois, arrêté dans mon élan, quelques personnes attirent mon attention. Une bande de motards est située à côté de ma bécane. Une intuition me dit que ce sont des amis du gros lard avec qui je me suis battu tout à l’heure. Cette hypothèse est engendrée par la vue de leur logo figurant sur leurs vestes en cuir ; un aigle.

Oops. Dois-je en conclure que je suis dans la merde ? Probablement.